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Les sciences de l’Empire du milieu

Les sciences de l’Empire du milieu
Belin. 224 pages
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Avis de Xirong : "La Chine a beaucoup donné au patrimoine scientifique"

Avec un large format et de très nombreuses illustrations, cet ouvrage permet non seulement de découvrir des sciences et techniques de l’Empire du milieu mais également d’approcher la civilisation de la Chine classique puis d’aborder les progrès scientifique sous la Chine populaire.

Les thèmes abordés sont successivement : la soie, le papier, l’imprimerie, la poudre, la boussole, l’acupuncture, l’astronomie, la pensée scientifique, et pour terminer les technologies de la Chine contemporaine. 

L’auteur, astrophysicien, rappelle dans son introduction, toutes les découvertes chinoises de techniques, qui seront développées par la suite. Il mentionne le fait que Serica, tiré du mot grec désignant la soie, désigne la Chine sous l’Antiquité (en fait c’était plutôt les confins de la Chine et le Tibet dont il s’agit).  Les premières productions de soie remontent au néolithique, et la première mondialisation se fait à partir de la création de la Route de la soie. La légende de l’impératrice qui vit tomber dans son thé un cocon et le déroula est rapportée. Des métiers à tisser la soie ont été retrouvés en 2013 dans une tombe située au Sichuan, ils datent de la dynastie Han, à la frontière des premier et deuxième siècles avant Jésus-Christ. 

À la bataille de Carrhes (inspirant une tragédie à Corneille) au carrefour de l’Arménie et de l’Empire parthe, à l’époque de la conquête de la Gaule,  les légions romaines sont éblouies par les bannières en soie des armées parthes et succombent sous les flèches de ces dernières.  Toutefois les Romains reprirent plus tard les hostilités et l’usage des vêtements en soie se popularisa à cette époque. Cependant ils s’avèrent incapables d’en produire et notre auteur pense que c’est, au milieu du Ve siècle après Jésus-Christ, qu’une princesse chinoise en épousant un roi du Khotan  (pays parlant une langue iranienne et se situant dans le bassin du Tarim) apporta, cachés dans sa chevelure vers à soie et graines de mûrie (elle portait un bonnet). On voit à travers ces quelques exemples combien le discours de Jean-Marc Bonnet-Bidaud est chargé de diverses dimensions culturelles.

Ce serait un fonctionnaire des Han postérieurs qui aurait inventé le papier en 105 après Jésus-Christ et c’est dans l’oasis de Dunhuang (dans le Gansu) que furent découverts  dans les premières années du XXe siècle, les plus anciens papiers chinois datant du Ier siècle de notre ère. Une nouvelle fois une bataille va jouer un rôle dans l’arrivée du papier dans des régions limitrophes de l’Empire du milieu, avant de se propager en Europe. Il s’agit de la bataille de Talas qui voit en 751 les Abbasides inaugurer leur règne par une victoire sur les armées chinoises.

En prolongement le chapitre suivant traite de l’imprimerie ; cette invention connut deux étapes, celle de la reproduction en plusieurs exemplaires d’un même texte (au VIe siècle), puis celle de l’introduction des caractères mobiles au milieu du XIe siècle. Le plus ancien texte conservé est un des classiques du bouddhisme et il date de 702. C’est la diffusion du bouddhisme qui a été à l’origine le moteur du développement de l’imprimerie.

On sait que la poudre entraîna en Occident le passage à de nouvelles situations : chute de Constantinople, victoire des Français sur les Anglais à Castillon en 1453, fin de l’invincibilité des murailles des châteaux-forts. Instrument de mort, la poudre trouve paradoxalement ses origines dans la recherche d’un élixir de vie     éternelle. En effet depuis le premier empereur Qin Shihuangdi, une alchimie chinoise s’est largement développée dans cet objectif d’offrir aux empereurs une prolongation de leur vie, c’est grâce à une fine connaissance des propriétés chimiques que vers 850 la poudre naît de l’association du souffre, du charbon de bois et du salpêtre.

Le chapitre sur la boussole, dont l’invention date de 1044, est l’occasion d’évoquer l’incroyable armada de l’amiral Zheng He qui permet à des navires chinois atteignent Zanzibar. C’est le prolongement des études divinatoires qui a permis de déboucher sur la création de la boussole.

L’acupuncture n’est qu’un volet de la médecine chinoise ; la première est basée sur les méridiens dont on connaît les résultats significatifs sans en posséder les véritables raisons. On retourne à Dunhuang avec la découverte d’un atlas céleste d’environ 650 de notre ère, document découvert avec les plus anciens papiers chinois vers 1900. Pour l’auteur, la science chinoise est conçu en lien avec la nature. L’ouvrage se termine par notamment l’évocation de chercheurs chinois dont la physicienne He Zehui et le physicien Qian Xuesen. Le programme spatial chinois est exposé assez largement. Certains scientifiques américains d’origine chinoise étaient rentrés dans l’Empire du milieu, suite à des problèmes judiciaires qu’avaient connus d’autres soupçonnés d’espionnage au profit de la Chine. 

Pour connaisseurs

Xirong

Note globale :

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