Avis de Patricia : "L’Arménie pays du Caucase mais pas pays de Cocagne"
L’ouvrage est sous-titré Essai sur une déroute politique, militaire, morale. Comme la Pologne, le sort de l’Arménie fut soumis à l’emprise de trois pays : l’Empire ottoman, la Perse et la Russie. Après que les Soviets aient signé la paix avec la Turquie, en lui cédant notamment le Mont Ararat (symbole de la culture arménienne), Staline mi-ossète mi-géorgien fait de l’Arménie soviétique un réduit au profit notamment de la Géorgie. De plus il place la région largement arménienne du Haut-Karabakh comme partie prenante de l’Azerbaïdjan.
Il s’en suit des tensions qui apparaissent au grand jour lors de l’éclatement de l’URSS. Appuyée par la Russie, l’armée arménienne occupe peu après le Haut-Karabakh (à l’exception de la ville de Chaoumian) et des lieux voisins de la région du Haut-Karabakh.
L’Azerbaïdjan, fort notamment de ses revenus pétroliers, passe à l’offensive en 2020, Israël a aidé à sa consolidation militaire. La Russie tarde volontairement à intervenir et finit par imposer un cessez-le-feu qui permet à l’Azerbaïdjan de retrouver la majeure partie de son territoire occupé par les Arméniens, y compris un tiers de Haut-Karabakh. Trois ans plus tard, l’Azerbaïdjan s’empare de la partie restante du Haut-Karabakh. Les Arméniens de ce dernier espace fuient en grand nombre spontanément face au nettoyage ethnique promis et mené par l’Azerbaïdjan.
Aujourd’hui l’Azerbaïdjan persiste sur des revendications qui débouchent sur un contrôle du sud de l’Arménie afin de posséder une voie qui relierait le gros de son territoire à son exclave du Nachitschewan. La conséquence en serait la possibilité de passer par la route d’Ankara à Bakou (la capitale de l’Azerbaïdjan). Trump, visant le prix Nobel de la paix, s’en mêle et propose de confier en location, à un organisme contrôlé par les Américains, un corridor (d’une taille à définir) qui répondrait aux souhaits de Bakou en matière de lien entre les deux parties de son territoire.
Gérald Guerguerian explique comment l’Arménie, par la faute de l’imprévoyance ainsi que de la vanité de ses dirigeants et de la corruption, est tombée en situation de double vassalité d’abord principalement vis-à-vis de son belliqueux voisin et secondairement des USA. L’Europe est bien absente pour défendre les intérêts des Arméniens et l’Iran bien décidé à le faire (pour des raisons de géopolitiques) manque cruellement de moyens pour y parvenir. L’auteur clôt l’écriture de son ouvrage au début septembre 2025, aussi ne peut-il guère développer autour de la récente brouille entre Bakou et Moscou. Cependant Poutine détestant les dirigeants gouvernementaux actuels de l’Arménie et ayant ses préoccupations majeures en Ukraine, l’avenir ne s’éclaircit guère pour l’Arménie.
On est fort satisfait de trouver quinze cartes de géographie historique permettant de voir combien le problème des frontières est complexe dans le Caucase du sud. Le texte de divers traités est également reproduit dans les annexes.
Pour connaisseurs Quelques illustrations
