Avis de Adam Craponne : "Les racines culturelles de l’Europe ne sont pas que chrétiennes"
Voici un titre très copieux et largement illustré par des cartes de géographie historique ou des photographies la plupart de temps ayant un format entre une demi-page et une double-page (avec de larges dimensions, à savoir 18,9 cm × 25,4 cm). Violaine Sebillotte Cuchet Violaine Sebillotte Cuchet s’est entourée de quatre collaborateurs et pour cette série sur l’histoire de l’Europe il est prévu trois autres tomes, avec des directeurs différents (le prochain sur le Moyen Âge est confié à Xavier Hélary).
Ce livre comprend quatorze chapitres dans trois parties. Celles-ci s’intitulent : Échos de l’Antiquité, Cités, empires, royaumes et Legs. Les chapitres se nomment successivement : Une histoire déjà écrite ?, L’Antiquité, Un espace souple, Origines, La vie en cité et le phénomène étatique, Les empires antiques, L’Europe "barbare", de l’âge de bronze à la chute de Rome, Communiquer avec le divin, La république, la démocratie et la politique, L’économie antique, Dominations sociales : la part des femmes, L’alphabet et la culture du livre, Un certain art de vivre, Eurèka : inventions, arts et techniques.
Dans la première partie, on découvre notamment que l’homme de Néandertal est propre à l’espace de l’Europe et celui du Proche-Orient mais aussi qu’il a su résister à diverses périodes, espacées entre elles, de grand froid. L’Europe de l’Antiquité a des contours bien différents de celles d’aujourd’hui, elle comprend d’abord tous les rivages de la Grèce, puis les Romains l’espace méditerranéen septentrional plus les côtes du Maghreb actuel. Les limites de l’Antiquité européenne ont peu de commun avec celle par exemple concernant Chine et Japon.
Dans le troisième volet, on a ponctuellement des focalisations très intéressantes sur un sujet précis. La première évoque le fait qu’au Ve siècle avant Jésus-Christ le philosophe grec Protagoras « substitue l’homme à la déesse, qui était l’unique source de connaissance et la seule garante de la vérité dans L’Illiade ». Les auteurs de notre ouvrage voient là les prémisses de la laïcité (page 324). La seconde mise en exergue touche la notion de "meson" annoncée par Maiandrios (régent de Samos à la fin du VIe siècle avant Jésus-Christ), celle-ci bannit le retour des tyrans pour instituer « le peuple, en son entier, comme maître légitime et unique des affaires communes » (page 350).
La seconde partie expose en particulier les ressources financières que l’Empire romain tire de ses provinces et les outils que ce dernier se donne pour évaluer le montant des impôts à prélever (cadastre et recensement). On se questionne sur les caractéristiques des Celtes, ce qui amène à comprendre que leurs zones géographiques de présence étaient parfois discontinues en Europe.
La troisième perspective porte sur la défense du pouvoir oligarchique en s’appuyant sur le texte Constitution des Athéniens, peut-être dû à Critias, un des dirigeants athéniens du régime des Trente Tyrans. Le quatrième centrage informe que pour être citoyen à Athènes, il faut que ses deux parents l’aient été. On se centre ensuite sur un livre Économiques qui, composé juste après la mort d’Alexandre le Grand, montre la complexité des relations commerciales. L’encadré suivant montre que la notion de races est inconnue sous l’Antiquité. On a encore une demi-douzaine de focalisations à découvrir. Notons par ailleurs un tableau comparatif de l’écriture de lettres dans neuf alphabet, du plus ancien le phénicien au plus récent le latin.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations