Avis de Adam Craponne : "Et les francs-maçons dans tout ça ? Ils marquent des points ?"
Le premier député noir de la IIIe République s'appelait Hégésippe Légitimus, fondateur du Parti socialiste guadeloupéen, nous est-il bon de préciser. Il devient député de cette île en 1898 et mis-à-part une courte interruption (de 1902 à 1906) le resta jusqu’en 1914. Hégésippe Légitimus, comme Blaise Diagne, est franc-maçon et on est surpris que l’ouvrage qui raconte tant de points évènementiels, traités en deux ou trois pages, n’en propose pas un sur l’aide que les frères trois points (sic) apportèrent à Blaise Diagne à cette occasion.
Nulle dénonciation dans ce propos de leur action, mais faire l’impasse sur cette réalité n’aide pas à comprendre les rapports de force sur place et par ailleurs le fait que l’élection de Blaise Diagne, malgré nombre d’arguments pour s’y opposer, soit validée à Paris. On connaît des cas (entre 1871 et 1958) où l’Assemblée nationale refusa pour des raisons complexes, et pas toujours bien exemptes d’esprit partisan, de reconnaître la validité d’une élection législative locale (pas de Conseil constitutionnel à l'époque). En 1914 est d’ailleurs également élu député aux Antilles, ajouterons-nous personnellement, Henry Lémery (un métis) qui est en 1917 le premier Martiniquais à devenir membre d’un gouvernement français.
La vie de Blaise Diagne (jusqu’en 1914) et en particulier ses origines familiales sont passées au peigne fin car bien qu’il soit fonctionnaire des douanes françaises, ses adversaires politiques lui contestent le droit de se présenter à la députation.
Blaise Diagne prend des positions assimilationnistes, aussi ses idées apparaîtront comme totalement dépassées par les élites sénégalaises après la Seconde Guerre mondiale.
Le président du Conseil Clemenceau le nomme commissaire général chargé du recrutement indigène en Afrique et à ce titre, comme à celui de pourfendeur de l’emploi des troupes noires lors de l’Offensive Nivelle (par un froid extraordinaire pour les tirailleurs sénégalais). On rencontre entre 1914 et 1934 Blaise Diagne (navigant entre des groupes politiques où Aristide Briand et Mandel ont de l’influence, ainsi que parmi les socialistes de l’Union sacrée) dans l’histoire politique française en général et celle de l’Afrique occidentale française. Il est fort utile d’en apprendre plus sur lui grâce à ce livre et sur les conditions de son entrée dans la vie politique.
Faute de situer son importance, l’auteur ne facilite pas l’intérêt de lecteurs potentiels. Par ailleurs, nulle trace n’est fournie de ce qui sera développé dans le second tome, parlera-t-on de syndicalisme, de conscription ou de d’autre chose radicalement différent…
Pour connaisseurs Peu d'illustrations Plan chronologique