New York trilogie, Intégrale

L’auteur est d’abord connu pour sa création du Spirit (un justicier masqué qui combat le crime), il est né le 6 mars 1917 à Brooklyn et mort le 3 janvier 2005. Après avoir abandonné les aventures du Spirit  au début des années 1950, il se met une vingtaine d’années plus tard à raconter la vie à New York, y compris celle du Bronx, en n’épargnant d’ailleurs pas la violence existante comme ici aux pages 20-21 où une ménagère se fait voler le contenu de son sac à main, sous la menace d’un homme armé d’un couteau.  Certains considèrent que Will Eisner est en 1978, avec A contract with God, le premier Américain à avoir produit un roman graphique.     

Les trois volumes réunis ici sont La ville, L’immeuble et Les gens ; aux USA ils sont parus respectivement en 1986, 1987 et 1989. On est en présence d’histoires courtes, généralement de deux à douze pages. Une partie des récits relèvent de la BD muette, ce qui ne manque pas d’intérêt pour des enseignants du primaire qui souhaiteraient donner, pour leurs élèves, un support motivant à l’expression écrite. On pense particulièrement aux pages 235 à 238, qui en seize vignettes reconstituent, pour le même coin de rue, ce qui se passe entre quatre heures du matin un jour et six heures du matin le lendemain.

L’action se déroule dans des années imprécises, relevant de l’époque des Trente glorieuses. Le milieu social décrit est très populaire, mais avec une très grande variété d’occupations et de destins. Will Eisner sait mettre son lecteur en position de fin observateur et renouvelle bien souvent sa mise en page pour l’adapter à l’action ou aux qualités du personnage, comme avec les vingt cases de la page 116 autour d’un parcours périlleux d’une fourmi. On est dans le noir, gris et blanc.