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Le juge : La république assassinée, 1 Chicago-sur-Rhône

Le juge : La république assassinée, 1 Chicago-sur-Rhône
Dargaud60 pages
1 critique de lecteur

Avis de Xirong : "L’affaire est dans le SAC"

Il y a quarante ans le 3 juillet 1975 le juge lyonnais François Renaud était assassiné et un quasi consensus s’est fait pour y voir une action téléguidée par le SAC (Service d’action civique). Il s’agit d’une association, à la fois service d’ordre, police parallèle (au départ en particulier contre les activistes de l’OAS) et collectrice de fonds au profit des gaullistes. Rapidement elle lia des relations avec les gens du milieu. Elle fut active de 1959 à 1982 où suite à la Tuerie d'Auriol, l’organisation fut dissoute. Une demi-page, dans la partie documentaire de l’album, en apprend plus au lecteur.

L’action de l’album "Le juge : La république assassinée, 1"  démarre en 1967 en mettant en scène la rivalité entre deux truands lyonnais à savoir le patron du milieu d’alors Jean Augé dit ("Le bouc") et un potentiel rival Jean Schnaebelé, présenté ici comme Jean Schnable. Pour ce dernier, on a modifié légèrement les lettres du nom du véritable personnage en question, d’autres ont vu une modification aussi peu importante de leur nom mais dans un autre esprit, ainsi Guy Reynaud est devenu Guy Naurey. Jean Schnable et le juge Renaud ont un passé d’authentiques résistants, ce qui nous vaut quelques pages avec un feed-back sur l’été 1944 en Haute-Saône. Jean Augé est présenté (page 33) à tort comme le patron du SAC lyonnais ce qui a en plus pour conséquence de brouiller les pistes chez le lecteur car au moment de l’assassinat du juge il est décédé. Il a en effet rendu des services au SAC, en est peut-être membre mais il est évident que les responsables du SAC présentaient une vitrine honorable. Celle de Jean Schnable, qui a une entreprise et qui est un ancien résistant, l’est bien plus et c’est lui qui rencontre dans ce récit Pierre Debizet et Jacques Foccart, croqués pages 57 et 58 sans mention de leur nom.  

Des petites distorsions de faits existent comme au sujet du commissaire de police accusé de corruption, mais cela permet de rappeler le rôle phare du juge Renaud dans les débuts du Syndicat de la magistrature. Le récit entend bien nous donner des informations sur la personnalité de tous les personnages en rapport avec la vie professionnelle du juge, ceci se traduit en particulier par la mise en scène d’épisodes où apparaissent des personnages que ne fréquenta pas le juge. Ainsi ce barman (personnage totalement fictif à notre avis) envoyé comme indicateur par Jean Augé apparaît, de façon discontinue aux pages 22, 40 et 44, pour nous montrer comment Le bouc comptait sur la police pour le débarrasser de truands, en l’occurrence  Guy Naurey et sa bande, qui ne le reconnaissaient pas comme leur patron. La lecture de cet album demande donc un certain effort à la hauteur de celui des auteurs qui ont décidé d’exposer en trois tomes une histoire fort complexe. On est en effet dans univers où une grande dominante de perversité (dans tous le sens du terme) règne. Il est à noter que la non-élucidation de l’affaire ne fut peut-être pas pour rien dans le meurtre à Marseille du juge Michel six ans plus tard.    

Le décor permet de découvrir ou redécouvrir Lyon, il est particulièrement soigné et les couleurs sont choisies fort à propos pour découvrir ou (re)découvrir Lyon. On remarque que l’éditeur Futuropolis annonce pour l’automne 2015 l’adaptation en un tome par Etienne Davodeau et Benoît Collombat de ce fait sous le titre "Crime d’état : la mort d’un juge".      

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

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