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L’affaire Abel

L’affaire Abel
L'Archipel330 pages
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Avis de Adam Craponne : "Pour rentrer aux USA il se fait passer pour un enfant de Kaunass"

Le 10 février 1962 se passe pour la première fois un évènement singulier sur le pont qui relie les deux rives du cours d’eau Havel et servait de ligne de frontière entre  Berlin-ouest îlot du monde occidental dans la mer de l’Allemagne de l’est au régime communiste. On a affaire là au premier échange entre un espion soviétique et un espion américain en ce lieu, d’autres suivront. L’avocat de l’Allemagne de l’Est Wolfgang Vogel a participé entre 1962 et 1989 à la libération de 150 agents provenant de 23 pays différents.

Un échange d'espions sans précédent depuis la fin de la guerre froide a eu d’ailleurs eut lieu le vendredi 9 juillet 2010 à l'aéroport de Vienne, entre dix espions expulsés des Etats-Unis et quatre agents venus de Moscou.

Si Gary Powers le pilote américain de l’avion de reconnaissance U2 (abattu au-dessus de l’Oural le 1er mai 1960) est resté dans le vestibule de l’histoire, par contre Rudolf Abel qui se révéla plus tard se nommer  William Fischer est entré discrètement dans le salon de l’histoire en 1938 en transmettant de Londres à Moscou des informations qui lui viennent du groupe des Cinq de Cambridge. Il s’y est installé confortablement dans le canapé à partir de la fin 1948, moment où il arrive aux USA pour réorganiser le réseau d'espions au service de l’URSS aux États-Unis et l'établir en conséquence un système autonome de radiocommunications avec Moscou.

Fischer approche et recrute des scientifiques américains travaillant dans le nucléaire. Les époux Cohen le secondent, ils réapparaissent en 1954 à Londres sous les fausses identités de Peter et Helen Kroger et seront eux arrêtés pour espionnage en Grande-Bretagne en 1961 puis seront eux aussi l’objet d’un échange en 1969. William Fischer tombe dans les mains du FBI le 22 juin 1957 ; Fischer-Abel est condamné à 30 ans de prison.

L’auteur de Strangers on a bridge : the case of Colonel Abel traduit en français par L’Affaire Abel est James B. Donovan l’avocat de William Fischer. L’ouvrage paru aux USA en 1964 et en France en 1965 est réédité en 2015 dans les deux pays en raison de la sortie au cinéma le 2 décembre 2015 du film Le Pont des espions.

James B. Donovan commence par rappeler que « les services soviétiques appellent illégal, l’agent de renseignement qui vit et opère d’une manière entièrement clandestine sans couverture diplomatique » (page 15).  William Fischer appartenait à cette catégorie et il était entré aux USA depuis le Canada sous la fausse identité d’Andrew Kayotis un authentique Américain mort en URSS en 1947 alors qu’il était retourné en visite dans sa ville d’origine Kaunas, située en Lituanie. Le livre raconte donc ce que l’on savait de cette affaire d’espionnage dans les années 1960 et dans une postface pour la réédition de 2015 Jason Matthews, un officier à la retraite de la Direction des opérations de la CIA qui écrit des romans d’espionnage, apporte quelques éclaircissements supplémentaires. James B. Donovan est un acteur engagé et il ne cache pas les sentiments de sympathie qu’il a vu progressivement naître en lui en étant l’avocat de William Fischer. Il porta ce projet d'échange d'espions et joua un rôle très important dans des négociations un peu de ce type entre Cuba et les USA.

Pour tous publics Quelques illustrations

Adam Craponne

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