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Fortifications 14-18

Fortifications 14-18
ATB 14-18 216 pages
1 critique de lecteur

Avis de Octave : "A soldier is both a fighter and a worker. He only uses his gun occasionally, but uses his tool every day"

Notre titre est là pour souligner que cet ouvrage est bilingue, il propose une version française traduite intégralement en anglais ; il est d’un prix assez modique à savoir 20 euros. Le livre n’a été tiré qu’à 500 exemplaires, aussi il est prudent de ne pas trop attendre pour se le procurer en contactant l’association si on n’habite pas la région.

Cet ouvrage est édité par l’association Allœu Terre de Batailles 1914-1918 qui s’est donnée comme mission de retracer l’histoire d’un territoire qui rassemble les communes de Laventie, Fleurbaix et Sailly-sur-la-Lys dans le Pas-de-Calais, et celle de La Gorgue dans le Nord. C’est le sixième ouvrage qu’elle fait paraître et l’exposition Confrontations 14-18 qu’elle avait proposée dans son intégralité à Estaires fin 2015 peut-être vu par parties dans diverses communes. Sur la quinzaine de thèmes, on relève  on relève "L’occupant allemand", "Le combat", "L’ennemi captif", "La séparation des familles"…     

Fortifications 14-18 a pour sous-titre : "Contribution à l’étude des abris en béton de la Grande Guerre en Flandre française". Une carte géographique page 14 montre que c’est  le front au sud de la ville quasi frontelière belge d’Ypres (qui compte d’ailleurs un très beau musée autour de la Première Guerre mondiale) qui va être étudié. Bien que ce secteur soit resté célèbre pour quatre batailles, le front y évolue peu d’octobre 1914 au printemps 1918.

La première bataille se déroule d’octobre à décembre 1914 et en inondant le secteur (par ouverture des vannes des digues) les Belges contiennent l’avancée des Allemands dans les rangs desquels se trouve Hitler. Ce dernier sera d’ailleurs cantonné à Fournes, commune du Nord située entre Lille et Béthune fin 1915 et début 1916. 

La seconde bataille d’Ypres a lieu en avril et mai 1915 et c’est à cette occasion que les forces germaniques utilisent pour la première fois les gaz de combat, ce qui donnera naissance au néologisme de l’"ypérite". La troisième bataille est datée de juillet à novembre 1917, elle est aussi connue comme la bataille de de Passchendaele et les Canadiens y jouent un rôle capital.

La bataille de la Lys est l’autre nom de la dernière bataille d’Ypres, elle fait partie de l'ensemble des dernières offensives allemandes et a lieu tout le mois d’avril 1918. On y note du côté allié la présence d’un contingent portugais commandé par  Manuel de Oliveira Gomes da Costa qui sera pendant dix jours en 1926 le second président de la république pour la période de la dictature. On a d’ailleurs une photographie d’une tranchée portugaise, après sa prise par les Allemands, page 66. Sur le sujet, on se reportera à l’ouvrage paru chez L’Harmattan Première Guerre mondiale (Centenaire 1914-2014) : les soldats portugais dans les tranchées et la main d'œuvre portugaise à la demande de l'État français (aussi imparfait qu’i soit globalement). De l’autre côté, en ce printemps 1918, il y a un nombre non négligeable de soldats revenus du front de l’est, du fait de la signature de la paix de Brest-Litovsk.   

L’ouvrage est extrêmement illustré, on peut considérer que les photographies occupent plus des deux tiers de la surface de l’ouvrage (il y a parfois des plans). Une bonne moitié des documents sont d’époque et ont été pris par des Allemands. Outre le fait que l’on est dans une zone inondable, ce qui pousse les Allemands à construire en béton est le fait qu’ils entendent conserver le terrain conquis en vue d’une négociation avantageuse de la paix. Côté allié le front est perçu comme une réalité temporaire, le but étant la reconquête ; on est dans un autre état d’esprit (contribution personnelle aux hypothèses fournies page 169). Toutefois les Anglais ont construit également, mais dans un petit nombre, des abris en béton mais plus tardivement (seulement en 1917) et certains d’entre eux n’étaient pas finis lorsque l’Allemagne lança son offensive du printemps 1918.

Au regard du contenu de l’ouvrage, on mesure sa richesse. Le premier chapitre s’intitule "Fortification de campagne", il évoque les points suivants : la guerre de position, les tranchées, les abris, la défense en profondeur, la rupture du front. Au second chapitre, on trouve un développement sur l’édifice extrêmement bien camouflé de la crête d’Aubers dont les Anglais s’emparent début octobre 1918, la technique, les fournitures, les abris pour les hommes, les abris pour le matériel, les abris pour le secours, les abris pour le commandement, les abris pour l’infanterie, les abris pour les mitrailleuses.

Le troisième et dernier chapitre s’intéresse dans un premier temps aux travaux anglais et aux usines qui dans la zone des armées leur fournissent des blocs de béton (comme à Aire-sur-la-Lys) et dans un second mouvement aux conditions de démantèlement de ces ouvrages dans l’année 1919. On a mention de soldats polonais dans armées du Reich et de Népalais du côté allié. Par ailleurs les photographies de civils sont présentes. On se doute qu’ils figurent en particulier sur des clichés de destruction de ces blockhaus. Par ailleurs, en voyant des soldats allemands restés prisonniers en avril 1919 en train de déconstruire des tranchées alliées à l’emplacement de l’abbaye de La Boutillerie (totalement détruite durant la conflit) sur la commune de Fleurbaix, on se dit que dans le lot des Allemands qui détruisirent un de ces blockhaus l’ironie de l’Histoire fait qu’il se trouvait peut-être un de ceux qui avait aidé à sa construction.       

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Octave

Note globale :

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