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Les rencontres de la laïcité: refonder la démocratie pour le bien public ?

Les rencontres de la laïcité: refonder la démocratie pour le bien public ?
Privat100 pages
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Avis de Benjamin : "Nous ne pouvons pas faire la République si nous restons dans une terrible ignorance les uns des autres (Michelet)"

Les rencontres de la laïcité du département de la Haute-Garonne ont donné lieu à publication depuis la première de celle-ci qui s’était tenu le 9 décembre 2015. L’intervention de Pierre Rosanvallon du 9 décembre 2017 est précédée par une prise de parole par Georges Méric, alors président du Conseil départemental de Haute-Garonne. Il rappelle qu’au milieu du XIXe siècle si les ouvriers reconnaissent l’égalité de droit, ils réclament l’égalité sociale.

Pierre Rosanvallon, historien et sociologue, développa une dimension libérale du concept de l’autogestion pour la CFDT (devenue des responsabilités accrues des salariés dans la marche de l’entreprise) permettant à ce syndicat de passer du radicalisme autogestionnaire au réformisme gestionnaire.  Il fut, en tant que permanent syndical, rédacteur en chef de la revue La CFDT aujourd'hui.

Il réclame que les trois grandes fonctions historiques de l’élection sont la représentation, la légitimité et la souveraineté. La question de la durée du mandat et de la représentation proportionnelle du mandat et de la représentation proportionnelle ont été régulièrement posées. Ce n’est plus la société qui s’exprime du bas vers le haut, la société qui s’exprime du bas vers le haut, mais à une présendialisation en particulier depuis 2017. « Une Assemblée doit être l’image réduite de la société, représenter chacune de ses composantes, c’est cela l’idéal représentatif, un leader n’est pas représentatif, il est seulement celui qui appelle à l’identification avec lui » (page 29).

Il est permis d’élire ou de battre un homme politique mais on ne donne pas la capacité de contrôler l’action entreprise par l’élu. De plus les discussions préalables peuvent déboucher sur des mesures rejetées par un grand nombre de citoyens.  Les programmes sont le fruit d’accommodements pour une société qui n’a plus son mot à dire dans l’interprétation qui en a été faite.

Le populisme prend du ressort et limite les espaces démocratiques tout en sanctifiant les résultats des électeurs (non sans exercer des pressions pour éviter de les perdre. « On peut dire que l’élection donne un permis de gouverner, mais celui-ci, contrairement au permis de conduire, n’est pas assorti d’un code de gouvernement et n’est un permis à point » (pages 34-35). « La grande idée du populisme est d’affirmer que l’on vit dans des sociétés divisées mais l’on peut retrouver une unité, contre un petit nombre de personnes. Le peuple peut alors être uni contre les étrangers, contre les immigrés, contre certaines populations, contre des élites, contre des oligarchies. C’est une unité négative alors que faire vivre la démocratie, j’y reviendrai plus loin, c’est justement faire en sorte que la société fasse du commun en ayant conscience de ses divisions réelles, qu’elle affronte les problèmes et qu’elle ne retrouvera pas une définition illusoire l’identité » (page 37).

Pierre Rosanvallon pointe le fait que les individus se sentent de moins en moins impliqués dans la vie de la société. Il reprend l’idée d’Éric Maurin dans Le Ghetto français selon que « le ghetto français n’est pas le lieu d’un affrontement entre les inclus en général et les exclus de façon vague, mais le théâtre sur lequel chaque groupe s’évertue à fuir ou à contourner le groupe immédiat inférieur dans l’échelle des difficultés » (page 42).    

Pierre Rosanvallon poursuit cette fois de sa plume : « C’est ainsi une petite trahison quotidienne des idéaux que l’on peut pratiquer. On peut défendre un idéal républicain et cependant tout faire pour que ses enfants n’aillent pas à l’école républicaine au coin de la rue en les transposant très loin. S’il y a donc un vrai problème de sécession des riches, il y a aussi tout ce phénomène de ghettoïsation, de séparatisme, de distanciation qui traverse la société en profondeur et qui est destructeur du monde social » (page 42).

Ce sont des évènements tragiques comme la Première Guerre mondiale ou les attentas de Charlie Hebdo et au magasin Hyper Cacher pour créer une émotion collective. Ajoutons que certaines victoires sportives ou la mort d’un artiste peuvent consolider le sentiment d’appartenir tous à un État-Nation. Michelet dès 1848 déclarait : « Nous ne pouvons pas faire la République si nous restons dans une terrible ignorance les uns des autres » (page 46). Pierre Rosanvallon ajoute qu’ une  société dans laquelle il y a pas de confiance, et le manque de confiance entraîne le détachement des citoyens les uns vis-à-vis des autres. La fabrication d’un monde commun n’est possible que si l’on fait reculer cette incompréhension, cette méconnaissance, car une société ne peut fonctionner qu’avec ce qu’on appelle les « institutions invisibles, qui sont en nombre de trois : la confiance, la légitimité et l’autorité. La légitimité, je l’ai dit plus haut, est ce qui donne de la solidité au pouvoir, de l’engagement dans le temps à un pouvoir. L’autorité est le fait de pouvoir décider des choses en apparaissant suffisamment crédible pour ne pas avoir à justifier sans fin. Et la confiance est dans le temps. Aujourd’hui la légitimité est affaiblie comme valeur démocratique et la confiance comme valeur sociétale : il faut évidemment remédier à cela » (pages 51-52).

Parmi ces derniers propos, on relèvera qu’il relativise l’apport de la laïcité pour résoudre les problèmes sociaux. Celle-ci doit se conjuguer avec des objectifs d’égalité, de fraternité et de démocratie. Les échanges entre le public et l’orateur comblent trente-neuf pages. Elles portent sur les inégalités, la démocratie participative, l’apport des outils numériques bien controversé pour faire avancer l’idéal démocratique, la protection sociale, l’absentéisme aux élections.

 

 

 

 

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Benjamin

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