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Maudire la ville

Maudire la ville
Septentrion282 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Du pain sur la planche pour modifier l’image caricaturale de Marseille"

L’ouvrage est sous-titré Socio-histoire comparée des dénonciations de la corruption urbaine ; il est composé de huit contributions (d’auteurs différents) dont la moitié évoque Marseille. La cité phocéenne voit ainsi son histoire revisitée, sous des angles particuliers, des années 1880 (où d’ailleurs les républicains prennent tous les leviers de l’action gouvernementale au niveau national) au début des années 2010.

Nicola Maisetti et Cesare Mattina assurent la direction de l’ouvrage, proposent chacun un texte et rédigent ensemble l’introduction. Dans cette dernière, ils pointent le rôle important pris récemment par les médias en ligne pour dénoncer la corruption urbaine mais aussi la stigmatisation territoriale et les politiques de communication des communautés territoriales.

Le premier chapitre revient sur le passage progressif, sous la IIIe République, d’une dénonciation de la corruption de fonctionnaires ou d’élus marseillais vers une dénonciation de Marseille comme cité de la friponnerie. Rappelons toutefois la roublardise avec laquelle les échevins Estelle, Dieudé et Audimar, ont décidé d’user pour contrevenir aux règles strictes de la prévention sanitaire en 1719 qui amena la peste à frapper à Marseille et dans une bonne part de la Provence.  Par ailleurs l’ouvrage ouvrait sur une citation de la militante socialiste Flora Tristan (née le 7 avril 1803 à Paris et morte le 14 novembre 1844 à Bordeaux) qui écrivait, dans Le Tour de France, très peu de temps avant sa mort que  Marseille est un lieu où se rassemblent des gens malhonnêtes issus d’un milieu cosmopolite.  Marseille souffrait alors du fait que des stéréotypes négatifs étaient portés tant sur les gens du midi (rappelons-nous qu’en 1914 des régiments du sud de la France furent accusés de couardise face à l’ennemi) que sur la population des ports.

Le troisième chapitre rappelle que Marseille, dans l’Entre-deux-guerres, était comparée au Chicago d’Al Capone miné par les trafics en tout genre.  Ceci amène immanquablement à évoquer l’homme politique Simon Sabiani lié aux malfrats Carbone et Spirito ainsi que l’incurie des sapeurs-pompiers municipaux lors de l’incendie en 1938 des Nouvelles Galeries et la mise sous tutelle de la ville. Cette dernière avait vu auparavant se perpétrer sur son sol un attentat contre le roi de Yougoslavie qui avait coûté d’autre part en 1934 la mort de Louis Barthou qui fut de nombreuses fois ministre de la République.  

Le chapitre cinq évoque un scandale immobilier qui éclate à Marseille au milieu des années 1960, son ampleur semble bien minime par rapport à d’autres faits ayant eu lieu dans d’autres grandes villes à la même époque. Des fonctionnaires municipaux ou départementaux sont mis en accusation pour avoir perçu des pots de vin afin de couvrir ces pratiques. L’enquête refuse d’aller voir du côté des élus et le maire de l’époque (Gaston Deferre) insiste sur l’intégrité de la municipalité. Cette affaire est largement répercutée par les médias régionaux et nationaux et nuit à l’image de la cité phocéenne.

L’avant-dernier chapitre porte sur la condamnation en 2013 de Sylvie Andrieux, député socialiste et fille d’un sénateur  qui avait adhéré à la SFIO dans les années trente. Sylvie Andrieux a été impliquée dans une affaire de détournements de subventions du Conseil régional vers des associations dont l’objectif était de faciliter sa réélection. Dans cette contribution, on parle également de la stigmatisation de populations immigrées vivant dans la cité phocéenne et plus largement des acteurs et du discours actuels dénonçant Marseille comme une ville maudite.  Malheureusement durant cette année 2021 en particulier, l’actualité a montré que la capitale de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (ou région Sud Provence-Alpes-Côte-d'Azur) était en proie à bien de problèmes liés à un contexte maffieux et à l’incurie de municipalités précédentes où des questions notamment de détournement de fonds publics entraînent la mise en examen de Jean-Claude Gaudin.

Les autres communications portent sur la question de moralité des élus dans l’univers anglo-saxon à la Belle Époque, l’évolution négative de la ville écossaise de Glasgow dans l’Entre-deux-guerres, de l’action de Jean Drapeau à Montréal (dans le milieu des années cinquante et entre 1960 et 1986) afin de modifier l’image de la ville (qu’il qualifie de potentiel Gomorrhe de l’Amérique du nord dans la campagne électorale de 1960, l’image de Naples à travers l’action de la Camorra.

Pour connaisseurs Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

Par - 465 avis déposés - lecteur régulier

465 critiques
19/09/21
La démolition du quartier du vieux port https://www.youtube.com/watch?v=3_za2Ebl7F4
https://www.youtube.com/watch?v=IRxpHj7lsOA
465 critiques
01/10/21
« Marseille, ville maudite, c’est deux pôles, le rejet et l’attraction » https://www.20minutes.fr/marseille/3136951-20211001-marseille-ville-maudite-deux-poles-rejet-attraction-explique-sociologue
318 critiques
22/11/21
L’exposition “La vie HLM” est ouverte du 16 octobre 2021 au 30 juin 2022, à la cité Émile-Dubois, Aubervilliers
https://www.huffingtonpost.fr/entry/a-aubervilliers-un-projet-de-musee-du-logement-populaire-pour-redonner-des-visages-a-cette-masse_fr_61978245e4b07fe2010a1db6
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