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Le petit livre de la bande dessinée

Le petit livre de la bande dessinée
Dargaud 200 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Un nuage comic produit par des réactions en chaîne"

Il s'agit en fait d'un livre qui nous conte l'histoire la bande dessinée, il aurait 200 pages mais l'éditeur a dû considérer que pour les ignares qui lisent de la BD avec toutes les dates contenues dans ce livre, mettre en plus le numéro des pages allaient conduire certains lecteurs à la surcharge intellectuelle. Plaisanterie mis à part, si la table des matières ne se relevait pas indispensable ici par contre la pagination n'est jamais un luxe quel que soit l'ouvrage. Enfin un livre comme cela sans index des noms d'auteurs, de héros, d'albums et journaux cités, cela diminue considérablement son intérêt.

La présentation est chronologique et on démarre par une page intitulée "Avant la bande dessinée" où sont proposées entre autres choses la Tapisserie de Bayeux et les images d'Épinal. Pourquoi au XIXe siècle avec Hokusai, Töpffer, Gustave Doré, Frost, Christophe, Napoléon, sa femme et son cochon (plaisanterie faisant allusion à une comptine) appartiennent eux au monde de la BD et pas les autres, on aimerait bien le savoir …

Bref après une page générale sur le XIXe siècle, on arrive aux années 1894 et 1896 où on mélange allègrement ce qui relève de l'usage des bulles et des symboles dessinés comme les "Katzenjammerkids" avec ce qui n'appartient pas à ce genre comme "Max et Moritz". Quand aux commentaires, certains me semblent plus que douteux, le Tintin-Lutin de Rabier allant à Moscou est une affirmation très fantaisiste...

Quand à dire que le personnage du petit nègre apparaît pour la première fois dans les "Pieds Nickelés" en 1915, ça c'est du comique à défaut du comics. D'abord parce que "Les Pieds Nickelés" c'est de l'histoire en images jusqu'à la fin des années 1930 (pas de bulles, à de très rares exceptions) et qu'ensuite il faut n'avoir jamais ouvert le moindre journal pour enfants autour de 1900 pour penser que l'on a eu besoin de l'imagination de Forton pour créer un prétendu petit nègre. Ce dernier est en fait est un tirailleur sénégalais (et pas un enfant) et qui est le frère d'un personnage noir comme l'ébène apparu dans ces mêmes "Pieds Nickelés" quelques années auparavant et les auteurs n'ont même pas relu la page où apparaît ce tirailleur sénégalais car on nous explique là cette filiation. Ensuite parce que la première BD française à utiliser uniquement des bulles "Sam et Sap" paru dans le journal "Saint-Nicolas" en 1908 présente justement un petit nègre en héros. Bref pour ce qui n’est pas encore la BD et toujours les histoires en images, les auteurs manquent sérieusement de connaissances.

Rien à dire sur le côté relativement exhaustif des personnages présents (on n'a pas affaire à une encyclopédie), ils sont pris aussi bien dans l'univers anglo-saxon, que francophone et japonais (des impasses sur l'univers hispanique, italien et scandinave, mais aucun d'eux n'est totalement négligé). Par contre on demande "Popol, le joyeux pompier" de Bill Homan pour mettre un peu plus de loufoquerie dans ce méli-mélo...

Ainsi pour 1979 on nous montre une rencontre entre Hergé et Andy Warhol, Marjane Satrapi (à 10 ans) nous parle de barbus à Téhéran, on évoque Gébé de manière globale, un récit paru dans "Métal Hurlant", l'album de l'année 1979 qui est "Ici même" pour Hervé Bourhis et Terreur graphique, le fait que le mouvement culturel "La Movida" qui couvre pour partie 1979 est le prolongement d'années de dictature franquiste décrites par Carlos Gimenez dans "Paracuellos" et s'ajoutent les naissance et les morts d'auteurs de BD...

Tous les héros de BD sont redessinés, quand c'est pour introduire un gag on peut apprécier, sinon quel intérêt ? Ainsi ce qui intéresse à mon avis le lecteur ce sont les couvertures originales des albums de l'année pas leur adaptation sous le crayon d'un autre, à moins qu’il s’agisse de leur donner toutes une approche satirique.

Visiblement le dessinateur s'est fait plaisir et il a fait un boulot monstre. On nous dit que cet ouvrage veut montrer que la BD a une histoire, depuis la mort de Paul Guth et autres académiciens (qui considéraient que les albums de BD étaient pour des illettrés), plus personne n'en doutait. Par contre cette histoire est différente de celle revue et corrigée par les auteurs, à partir du moment où ils modifient les physionomies des personnages, les couleurs (seul l'album de l'année est proposé en couleurs et celles-ci sont systématiquement changées par rapport à l'original), les décors...

Bref il ne faut pas confondre érudition raisonnée et accumulation d'informations classées dans un fourre-tout. En tout cas voilà un ouvrage bien plus pour ceux qui en savent beaucoup sur la BD que pour ceux qui désirent connaître l'essentiel sur le sujet.

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations Plan chronologique

Benjamin

Note globale :

Par - 465 avis déposés - lecteur régulier

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