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Lettres à Élise

Lettres à Élise
Pierre de Taillac423 pages
1 critique de lecteur

Avis de Alexandre : "Le premier épisode de la Guerre de cent ans entre la France et l’Allemagne"

L’ouvrage est sous-titré Une histoire de la guerre de 1870-1871 à travers la correspondance de soldats prussiens. Le niveau de scolarisation des Allemands en 1870 était bien supérieur à celui des Français et l’occupation de certaines régions françaises fut longue ( par exemple jusqu’en septembre 1873 pour trois départements, à savoir la Meuse, la Meurthe -et- Moselle ainsi que le Territoire de Belfort), aussi ne sera-t-on pas étonné que le volume de courriers échangé entre les combattants allemands et leur famille fut considérable. Ce conflit ayant été victorieux, une récolte de lettres fut même lancée au début du XXe siècle ; toutefois, pour des raisons administratives, seule une minorité, de ce qui apparut à cette occasion, fut conservée.

Les auteurs ont travaillé sur des courriers de Rhénans, de l’ordre de 250 (tous traduits) et marginalement sur des lettres de Français (pour des remerciements ou d’appui pour des demandes d’indemnités de guerre). On apprécie d’avoir des textes de juillet 1870 permettant d’appréhender dans quel état d’esprit les Allemands entrent en guerre. Ces lettres se trouvent dans un premier chapitre intitulé "En route pour la France !". Se succèdent ensuite les chapitres suivants : "Les premières victoires en Alsace et en Lorraine", "La guerre navale n’aura pas lieu", "O Straβburg !", "Metz, l’imprenable, vaincue", "De siège en siège", "Contre les troupes de la république", "Contre l’armée du Nord", "Paris ville à prendre", "Belfort, l’irréductible", "WieGott in Frankreich !?" ("Vivre comme Dieu en France", comprendre ici que certains soldats germaniques ont ou n’ont pas apprécié leur séjour outre-Rhin), "Par centaines de milliers" (au sujet des prisonniers français),  "Le retour dans la Heimat", "Post-scriptum : Lettres à l’ami prussien".

Pour illustrer l’intérêt de chaque chapitre, nous choisirons d’approcher le contenu de l’un d’entre eux. On a près de vingt lettres en rapport avec le siège de la ville défendue par le colonel Denfert-Rochereau. Un courrier fort intéressant mentionne la présence de francs-tireurs  harcelant les troupes allemandes assiégeant Belfort (page 290), un autre explique certains aspects pris par l’offensive destinée à la mi-janvier à dégager la cité du lion (page 292) et un troisième fait la description de la ville juste après la fin du siège.  Cet ouvrage joue un rôle primordial dans une relecture possible d’un conflit de première importance dans l’histoire française, alors que les évènements prévus pour commémorer la Guerre de 1870 se sont raréfiés, même si peut-être, de juillet à novembre, on pourra voir justement à Belfort une exposition intitulée La revanche de 1870 : fièvre ou comédie ?.

On apprécie le choix de la reproduction d'un tableau allemand réalisé en 1872 pour la couverture et un index des noms de lieux cités, heureusement classés par département. Le département le plus présent est celui de la Moselle. Le titre n’est pas seulement une allusion à une œuvre musicale de Beethoven, composée d’ailleurs alors que les Français viennent d’occuper la capitale autrichienne où réside l’artiste. En effet, on trouve, dans ce livre, vingt-sept courriers de Peter Grebel, dont un daté du 5 novembre 1870 et rédigé à Saint-Cyr:

« Ma chère Elise,


(…) Pour nous, ça s'est plutôt bien passé depuis que nous sommes ici, à part les pénuries ou les restrictions qu'il y a eu pratiquement en tout. Mais, ma foi, on finit par s'habituer à tout ! Il y a juste eu une fois où nous avons été mis en alerte et nous avons dû sortir mais nous sommes revenus sur nos pas comme nous étions partis. de toute façon, il n'y a absolument pas de comparaison avec Strasbourg ; il arrive qu'on ait l'impression de vivre en pleine paix et de se trouver dans une ville de garnison en Prusse. On laisse tranquillement les Parisiens avoir faim, sans leur tirer dessus ; il peut arriver qu'ils tentent une sortie, mais alors ils se font taper sur le nez et on les repousse » (page 244).

 

Pour connaisseurs Aucune illustration

Alexandre

Note globale :

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