Avis de Xirong : "Et le Mont Saint-Michel devint breton… pour quelques dizaines d’années"
L’action démarre en mars 851, mois et année de la mort du "premier roi de Bretagne" à savoir Nominoë ; en fait il ne fut jamais que duc des Bretons, un titre que lui attribua le roi Charles le Chauve et que reconnut le pape Léon IV. Ceci n’enlève en rien au fait qu’il unifia la Bretagne. En vérité, c’est son successeur Érispoë qui se voit reconnaître en août 851 le titre se souverain de la Bretagne par Charles le Chauve après la bataille de Jengland. Est mise en scène une action où Érispoë tient au roi des Francs des propos anachroniques, qui calquent l’attitude de Rollon face à Charles le Simple en 911, mais on aura compris que le scénario est conçu pour faire passer un message plus panégyrique qu’historique.
Toutefois le contenu permet de suivre effectivement les évènements qui secouèrent la Bretagne à la fin du IXe siècle. Le principal souci est le fait que les Vikings continuent leurs raids ; pour s’en protéger Érispoë se rapproche des Francs et il est prévu le mariage de Louis le Bègue (alors fils du roi des Francs) et d’une fille d’ Érispoë, ce qui est un prétexte pour son cousin Salomon pour assassiner le roi des Bretons en 857.
Charles le Chauve a des intentions toujours aussi belliqueuses mais il ne revient pas en Bretagne, s’arrêtant à ses marches. Après avoir mise en scène au début de l’album la couardise de Charles le Chauve, voilà maintenant prétexte à présenter le caractère falot de Louis le Bègue (toujours fils de roi) pour une première fois, car il est bon d’y revenir pour le plaisir de certains lecteurs. On évoque les problèmes religieux, toujours sous l’angle de l’antagonisme entre Francs et Bretons.
Si les Carolingiens sont présentés négativement, ce n’est pas le cas d’un ancêtre des Capétiens, à savoir Robert le Fort, tué en 866 à la bataille de Brissarthe où Bretons et Francs s’unirent contre les Vikings. C’est sous le règne de Salomon que l’espace aux mains d’un chef breton s’étendit au maximum couvrant, en plus de surface des cinq départements actuels, les territoires de l’actuel département de la Manche et une partie de ceux de la Mayenne et du Maine-et-Loire.
Le volume de texte est toujours copieux mais le discours est plus fluide que précédemment. Le savant choix de découpages des pages, un graphisme réaliste et l’emploi d’encres lumineuses donnent un côté très esthétique à cette BD. Le décor est bien plus fouillé que dans les deux albums précédents.
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