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Héloïse, ouille !

Héloïse, ouille !
Julliard332 pages
1 critique de lecteur

Avis de MGFrib : "Obscène et maladroit"

On connait tous – au moins dans les grandes lignes – l’histoire des amours contrariées d'Abélard et Héloïse : passion amoureuse, double enlèvement, conception d’un fils, mariage secret, mutilation génitale... Monastère pour l’un, couvent pour l’autre, suite et fin des amoureux qui ne seront réunis qu’après la mort en un même tombeau. Jean Teulé revisite dans Héloïse, ouille ! le destin tumultueux de ce couple aussi historique que mythique en cherchant à conjuguer écriture documentée, prose travaillée et fulgurances profondément grossières – d’inspiration rabelaisienne sans doute. Le charme n’opère pas et on frise à plusieurs reprises le ridicule d’abord, puis l’écœurement lassé.

L’auteur manifeste dès les premières pages sa volonté de placer le bas corporel au centre des préoccupations en rythmant sans grande subtilité son texte de précisions salaces que le lecteur reçoit comme autant de gifles. Jean Teulé s’appesantit lourdement sur les pratiques sexuelles du couple, faisant d’Abélard un satyre brutal et incontrôlable ; d’Héloïse une dévergondée obéissante et goulue, si bien que l’émasculation du précepteur arrive comme un soulagement pour le lecteur – à qui l’on n’épargnera tout de même pas les blagues graveleuses que la situation inspire à l’auteur dans la suite de l’histoire.

La deuxième partie du roman, nécessairement plus sage pour les personnages principaux, reste ponctuée de passages scabreux plus ou moins gratuits, mais peut-être moins fréquents et lourdingues – à moins qu’il ne s’agisse que d’un effet d’accoutumance... L’espoir d’une trajectoire ascendante du livre effleure alors l’esprit du lecteur que l’utilisation d’extraits de lettres échangées par le couple, véritables bouffées d’air frais, semble confirmer. Jean Teulé ne résiste cependant pas à une dernière fioriture obscène pour son roman se voulant irrévérencieux et croustillant, mais qui n’est finalement que paillard et un peu maladroit : structure en diptyque autour de la castration d’Abélard, parti-pris de réécriture rabelaisienne intéressant a priori mais curieusement exécuté... On peut regretter de ce roman, rigoureusement fidèle aux faits historiques, qu’il n’évoque pas la pensée et l’héritage philosophique de ses protagonistes avec autant de précision que leurs parties de jambes en l’air.

Pour tous publics Quelques illustrations Plan chronologique

Note globale :

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