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Histoire de la maison des Baux

Histoire de la maison des Baux
Hachette229 pages
1 critique de lecteur

Avis de Kingsale : "pour les amateurs d'histoire de la Provence et de l'Italie du sud"

Saluons d'abord l'effort accompli par tous les éditeurs, grands ou petits, qui nous livrent des reprints d'ouvrages depuis longtemps épuisés mais incontournables. A l'heure de la numérisation à tout va, Gallica leur livre une rude concurrence mais il existe encore beaucoup de gens pour qui rien ne remplacera le livre.

Gustave Noblemaire fait partie de ces érudits du XIXe siècle qui souvent étaient des autodidactes. C'était un ingénieur des mines, et un des découvreurs de la bauxite en compagnie du grand savant Sainte-Claire Deville. C'est ainsi qu'il a été amené à s'intéresser à l'histoire de la région des Baux et à la famille princière qui y a régné du Xe au XVe siècles. Il a entrepris une recherche très difficile car la généalogie des princes des Baux n'était pas clairement établie et ils ont essaimé dans une partie de  l'Europe : Italie du sud à la suite de Charles d'Anjou, mais aussi Serbie, Monténégro et Roumanie. Les porteurs du nom ont disparu de Provence mais subsistent en Italie (del Balzo), dotés de nombreux titres de princes ou ducs, et en Roumanie (Balz). Les rois de Serbie et les princes Bibesco descendent de cette branche roumaine.

A l'origine, donc, une famille princière établie dans le nid d'aigle des Baux-de-Provence. Elle a joué sur une légende qui la faisait descendre d'un des trois rois mages, Balthazar, pour s'attribuer comme blason une étoile à seize branches et comme devise Au hasard, Balthazar. On remarquera au passage que d'autres grandes familles ont utilisé le même procédé, qui rajoute à l'aura de la famille : ainsi les Lusignan, fiers de descendre de la fée Mélusine ! Les tombes subsistantes de la famille sont à l'abbaye de Silvacane, fondée par elle. Ils sont alliés aux comtes de Provence, ce qui renforce encore leur pouvoir. Leur cour est brillante et ils font appel aux plus célèbres troubadours pour animer les fêtes et distraire les dames (p. 123 à 137). La poésie provençale s'épanouit aux Baux et connaît un âge d'or.

Au XIIe siècle, la famille se divise en trois branches, celle de Marseille (alliée aux vicomtes de Marseille), qui partira majoritairement un siècle plus tard vers l'Italie, celle de Berre, qui suivra le même chemin, et celle des princes d'Orange, restée largement en Provence. En effet, quand Charles d'Anjou, frère de Saint Louis et comte de Provence par mariage, est choisi par le pape pour prendre le trône de Sicile à la place des Hohenstaufen honnis et massacrés, il fait appel aux grands seigneurs de la région pour l'accompagner et les deux branches de Marseille et de Berre répondent à l'appel. Elles en seront récompensées par de nombreux fiefs, des postes importants (grand justicier, grand amiral), des alliances flatteuses avec les Anjou-Sicile et de grandes familles italiennes (Orsini, Sanseverino, Aquino). La branche de Marseille sera titrée comtes d'Avellino et celle de Berre ducs d'Andria. A ce propos, on notera l'ironie qui fait descendre les del Balzo d'Andria de l'ennemi juré dont il fallait effacer le souvenir, Frédéric II, par sa fille Marguerite de Souabe, les Aquino, Stendardo et Alneto (ou d'Aquin, L'Estendart et d'Aulnay). Il subsiste de nombreux châteaux de la famille en Italie, des monastères fondés par elle et, dans l'église de Santa Chiara à Naples où repose une partie de la famille d'Anjou, les del Balzo disposent d'une chapelle où plusieurs d'entre eux sont enterrés (p. 117-122). Parmi les branches qui en descendent, on peut citer les ducs de Presenzano et ceux de Caprigliano.

En 1426, Alix des Baux, dernière comtesse d'Avellino, meurt après avoir désigné comme héritier Guillaume, deuxième duc d'Andria. Dans l'héritage figure le château des Baux, mais les Anjou s'en sont emparés par la force et ne le rendront pas (p. 43-45). Après la mort de Charles V d'Anjou, Louis XI se saisit de la Provence. Les Baux seront administrés par un gouverneur ayant le titre de baron des Baux et un capitaine-viguier pour la place forte. En 1642, Louis XIII donne le fief aux Grimaldi, dont le fils aîné portera dorénavant le titre de marquis des Baux. Quant à l'imposante forteresse, son sort a été des plus tristes. Comme beaucoup de combats avaient lieu autour d'elle, liés en particulier à une communauté protestante qui résistait, les habitants du village ont demandé au roi la permission de la démolir et Richelieu s'est empressé d'accepter (p. 161-163). Il est faux de dire que ce sont les troupes du cardinal qui l'ont démantelée, comme l'ont fait certains historiens locaux qui voulaient se dédouaner. Pire, on a assisté à un pillage généralisé des éléments d'architecture. La chapelle Sainte-Catherine fut ainsi éventrée pour en récupérer fenêtres et voûtes gothiques. Les habitants des Baux vivent maintenant grassement en louant à prix d'or toutes les maisons pouvant servir de boutiques. On attend encore qu'ils fassent un effort pour relever les ruines.

Pour connaisseurs Quelques illustrations Plan chronologique

Note globale :

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