Avis de Benjamin : "Un regard perspicace sur l’État islamique iranien"
Ce livre a pour sous-titre Le livre noir de la République islamique d’Iran. L’auteur est né à Clamecy mais porte un nom qui est d’origine iranienne, une province de ce pays s’appelant d’ailleurs le Khorassan-e Razavi. Cette origine perse sera indiquée dans ce volume et un autre livre de l’auteur, à savoir Les Exilés où il avance que son grand-père était colonel lorsque la Conférence de Téhéran se tient en 1943 en présence de Roosevelt, Churchill et Roosevelt.
L’ouvrage commence heureusement par une carte géographique de l’Iran et une chronologie, concernant ce pays, allant de l’hiver 1978-1979 à la fin 2023. De plus d’autres documents sont offerts en milieu d’ouvrages (une dizaine de photographies) et à la fin de ce livre (des organigrammes et une carte du Proche-Orient montrant le trajet de la drogue passant de l’Iran à la Syrie).
Dès la première page, l’auteur annonce la couleur en écrivant : « L’Iran des mollahs est en réalité un État islamique qui tient du régime nazi et de la famille Corleone » (page 15). Après avoir situé dans quel aveuglement certains intellectuels français (dont Sartre et Foucault) ont salué l’arrivée au pouvoir de Khomeiny, notre auteur évoque le climat de pénurie (y compris d’eau et de nourriture) dans lequel est plongé l’Iran de nos jours.
Il estime les Gardiens de la Révolution à environ 150 000, ces pasdarans suivent les ordres du Guide de la Révolution qui n’est autre qu’Ali Khameni. Quoique sunnites, les Frères musulmans ont largement les idées et actions des chefs religieux porteurs de la Révolution islamique. Un intellectuel égyptien Seyed Qutb antimoderniste, antioccidental et antisémite, cadre dirigeant des Frères musulmans en Égypte, entre en contact en 1953 avec l’Iranien Navvab Savafi fondateur des Fedayin de l'Islam. Ce dernier fréquente Rouhollah Moussavi Khomeiny dès 1943. Pour ces trois personnages, l'islam doit apporter une solution complète à tous les problèmes, politiques, économiques, sociaux. Non seulement les Fedayin de l'Islam s’inspirent de l’idéologie des Frères musulmans mais comme eux ils ont une partie de leur organisation clandestine et pratiquent l’assassinat. Dès l’année de leur fondation en 1946, ils tuent l’écrivain anticlérical et réformateur Ahmad Kasravi.
« Pour asseoir son pouvoir, mais aussi parce qu’il se méfie de l’armée, Khomeini approuve le 5 mai 1979 la création d’une milice armée : le Corps des Gardiens de la Révolution » (page 70). Par ailleurs conscient que les opposants iraniens au Shah présents outremer ont joué un rôle non négligeable dans la chute de ce dernier, Khomeini va faire mener des tentatives d’assassinat à l’étranger contre des ressortissants de son pays. Ces actions terroristes vient aussi Français et Américains pour des raisons qui sont rappelées dans cet ouvrage.
Le troisième chapitre traite des Kurdes (descendants lointains des Mèdes), donc des antagonistes entre eux et le pouvoir chiite à Téhéran. Cette partie du livre est l’occasion de raconter également le contenu des échanges entre notre auteur et le fils du Shah déchu par la Révolution islamique qui prône en particulier la laïcité pour le prochain régime politique de l’Iran. L'accession future de ce dernier au trône du paon n'est pas exclue dans ce livre. Les seuls opposants actuels qui n’ont pas souhaité rencontrer Emmanuel Razavi sont les Moudjahidines du peuple iranien situés à l’extrême-gauche. Le parti Tudeh à l’idéologie communiste, dirigé par Mohammad Omidvar, n’est pas mentionné du fait qu’il est moribond, suite à la répression qui s’est abattue sur lui à partir de 1982.
Le chapitre suivant décrit le système mafieux tournant autour des élites islamiques du pays ; vente d’armes (dont des drones à la Russie) et de drogue sont les deux mamelles principales des trafics internationaux. Dans cette partie, on trouve l’interview de Mohsen Segara l’un des cofondateurs des Gardiens de la Révolution, ultérieurement emprisonné par le régime islamiste et vivant en exil aux USA depuis une vingtaine d’années. Selon lui le mouvement en question a été créé pour se prévenir d’un coup d’État fomenté par les USA.
Il déclare qu’aujourd’hui après avoir en particulier investi dans les jeux de hasard à Macao, Chypre et Turquie, le Corps des Gardiens de la révolution est devenu « un dragon à sept têtes : la première est militaire, la deuxième répressive, la troisième mafieuse, la quatrième terroriste, la cinquième financière, la sixième est liée aux affaires de missiles et au nucléaire, et la septième est connectée à la mafia russe » (page 139). Dans cette partie d’ouvrage est expliquée la façon par laquelle l’Iran a les moyens de financer le Hezbollah, les revenus du trafic du captagon, une drogue qui inonde les pays arabes. De plus héroïne et haschich sont aussi des objets d’écoulement à côté des amphétamines.
Le dernier chapitre traite en particulier du trafic de femmes iraniennes (et notamment venues de l’Azerbaïdjan iranien) pour en faire à l’étranger des prostituées, des mariées de force ou des esclaves domestiques. On parle là également du soutien financier de Téhéran pour le Hamas. L’auteur craint également voir « chez nous en Europe, des groupes islamistes, activés par Téhéran et ses alliés, faire tout ce qu’ils pourront pour déclencher le chaos et fracturer nos sociétés » (page 208).
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