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La série chinoise

La série chinoise
Rouergue1168 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Entourée de Chinoises, la diablesse d'étrangère se met bien mieux en valeur"

La série chinoise de Peter May propose trois tomes à savoir Meurtres à Pékin, Le quatrième sacrifice, Les disparues de Shanghai. Ces trois titres étaient déjà parus en 2005 et 2006 au Rouergue et en Angleterre de 1999 à 2001. L’auteur est né en Écosse mais vit dans le Lot depuis une dizaine d’années, il se rend régulièrement en Chine où il reprend contact avec des policiers chinois qui lui racontent des faits dont il s’inspire pour ces romans.   

Les affaires criminelles à résoudre vont par trois,  avec Meurtres à Pékin, Peter May se place dans le sillage de Van Gulik qui pour ces aventures du juge Ti posaient toujours trois situations qui apparemment distinctes pouvaient éventuellement se retrouver lier par la suite. Van Gulik rendait ainsi hommage au  狄公案 Dee Gong An (Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti) un roman chinois du XIII° siècle, dont le héros était le juge Ti.   

Le commissaire Li Yan vient de prendre ses fonctions quand le même jour en trois endroits différents de la capitale chinoise, on retrouve à chaque un corps avec à son côté un mégot de même facture qui semble servir de signature. Avec l’aide d’une Américaine médecin légiste, qui se trouve à Pékin pour donner des cours, il va mener l’enquête. Là, comme dans les deux autres récits, la relation d’amour et d’incompréhension entre ces deux personnages constitue un des resort de l’intrigue. Dans le lot des décédés un généticien végétal alcoolique, ce qui conduit à un riz OGM qui semble intéresser beaucoup de monde.

«  Le chauffeur se serra sur la droite en approchant du centre ville. Au loin, Margaret aperçut la porte de la Cité interdite ornée du portrait géant de Mao contemplant la place Tiananmen. La porte de la Paix céleste, toile de fond de tous les reportages CNN en direct de Pékin. Un cliché géant de la Chine. Margaret se souvenait des images, à la télé, du portrait de Mao barbouillé de peinture rouge par les manifestants démocrates de 1989. Elle aussi était étudiante à l’époque, à la faculté de médecine. Elle avait été choquée et scandalisée par les événements sanglants de ce printemps. Et voilà qu’elle y était à son tour, dix ans plus tard.

Elle se demanda à quel point les choses avaient changé ».

 

 « - Vous n'avez jamais entendu parler des 3 P ?
Elle secoua la tête.
- Et bien sans les 3 P on ne peut pas survivre dans ce pays. Patience, Patience et Patience. Les Chinois ont leur propre façon de faire. Je ne dis pas qu'elle est moins bien que la nôtre, ni mieux. Simplement différente. Et leur vision du monde n'est pas du tout la même ».   

Cette belle approche de la société chinoise d’aujourd’hui, celle du traumatisme d’hier (celui de la Révolution culturelle) et celle des temps reculés (comme celle du premier empereur Qin Shi Huangdi) se poursuit avec les deux autres tomes. Le nombre de morts y croît de façon certaine puisque de 3 on passe à 4 puis à 18. Dans le second volume les cadavres ont tous été décapités.

« Des mains rudes le forcent à se mettre à genoux.  On lui passe une corde autour du cou.  Il perçoit l'éclat rouge des caractères quand la pancarte tombe devant ses yeux.  On lui tire les mains dans le dos.  Il sent le contact doux et familier de la soie autour de ses poignets, puis une brûlure quand le cordon se resserre brutalement.  Il aurait été moins brutal.  Malgré la drogue, la peur refait surface et lui étreint la gorge.  Un éclair de lumière brille sur le Métal sombre et terne.  Une main l'oblige à baisser la tête.  Inutile de résister.  Inutile d'avoir des regrets ».

« C'est ça, l'archéologie. Décortiquer, enlever des couches pour découvrir la preuve, tous les petits indices que nous a laissés l'Histoire, et qui finiront par dévoiler la vérité au grand jour. Et la vérité peut être extraordinaire. Fascinante, émouvante, pleine des mêmes passions, faiblesses et ténèbres qui motivent les crimes sur lesquels vous enquêtez. Pourquoi ne raconterais-je pas ces histoires aux gens ? Ce sont de belles histoires. Une belle histoire vaut toujours la peine d'être racontée ».

De la jalousie féminine vient pimenter la troisième aventure qui s’appuie sur la question du trafic d'organe.

« Une profonde déprime s'était abattue sur elle. Li représentait sa seule raison de rester en Chine. La seule raison pour laquelle elle était revenue. Elle ne voulait même pas se demander ce qu'elle ferait si elle le perdait. Elle n'avait pas de "chez elle". Ni en Chine, ni aux Etats-Unis. Elle n'avait pas d'autre choix que de se laisser porter par le courant. Dieu sait sur quel rivage elle échouerait ».  

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

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