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La cuisine est un langage

La cuisine est un langage
L’Harmattan132 pages
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Avis de Benjamin : "Quand il est converti, un cannibale, le vendredi, ne mange que des pêcheurs (Emily Lotney)"

Michel Perret a réuni là une douzaine de textes regroupés en deux parties : Interdits et exclusions,  Échanges et partages. Spécialiste de l’histoire de l'Éthiopie moderne et contemporaine, il avait déjà dirigé un ouvrage sur les cuisines de l’Orient, sorti pour le bicentenaire de l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO).

Un texte de la première partie traite d’ailleurs de l’interdit alimentaire en Éthiopie de mettre à la même table pour un plat de viande un musulman et un chrétien. Ce qui est étonnant dans la mesure où le porc est interdit dans les deux cultes et que seule la viande de dromadaire fait l’objet d’une différence entre les deux cultes. C’est la question de la consécration, au nom d’Allah ou de la Trinité, lors de l’abattage qui fait la différence.

Si la population musulmane a sensiblement baissé depuis que l’Érythrée est indépendante, elle reste d’un tiers dans les frontières actuelles de l’Éthiopie et elle est présente dans quasiment toutes les régions avec des degrés différents. Avec la guerre civile cet interdit a été symboliquement levé chez les Oromos qui représentent un tiers des Éthiopiens et sont équitablement répartis entre les deux religions qui nous intéressent. Ceci a permis de dynamiser une unité chez les Oromos.   

Un second texte traite d’ailleurs des interdits alimentaires chez les chrétiens orthodoxes éthiopiens. Le mercredi et le vendredi sont jours de jeune et après la fête de Pâques il y environ deux mois où les jeunes hebdomadaires sont suspendus. Le contenu de ce jeûne est décrit ainsi que les parties des animaux (variant selon l’animal) qui sont interdites de consommation ; l’influence du judaïsme reflète ces prescriptions.

Un autre texte évoque les interdits alimentaires chez les Kurdes yézidis qui suivent une religion qui a assimilé des composantes chrétiennes, juives, musulmanes et zoroastriennes. Ceux-ci sont souvent expliqués par une courte légende parfois étonnante comme pour la laitue liée selon certains au turban de Mahomet. Un article nous fait découvrir les interdits alimentaires chez un peuple de pasteur les Bèri qui vivent au Tchad et au Soudan. En fait chaque clan a quasiment un animal totem et il ne doit pas mander de celui-ci, ainsi la viande de l’autruche ou de la gazelle peut être prohibée dans une partie de la tribu.

Parmi les autres textes qui ne sont pas de Michel Perret, on a une étude sur les traditions cuisinières des peuples finno-ougriens et baltes avant leur christianisation qui se fit vers le XIe siècle, toutefois c’est le passage au protestantisme qui entraîna l’éradication du contenu de ces festins païens.  

On sait que le prétendu cannibalisme de peuples africains fut prétexte à des missions d'évangélisation ; on retrouve en particulier cet argument chez Mgr Audouard. Michel Perret donne la moitié des textes, à savoir : Le cannibalisme : l’absolu interdit, le fantasme extrême, Les interdits alimentaires : les signes forts d’une identité collective, Carême charnage : le gras et maigre, La cuisine locale : une entrée privilégiée en terre étrangère, Des histoires de recettes, une petite entrée dans la grande Histoire (c’est l’occasion de parler de quatre voyageurs européens dans l’Éthiopie des XVIe, XVIIe et du début du XIXe siècle), Plantes et plats migrateurs (avec en particulier l’évocation du riz, du maïs, du chocolat et de la pomme de terre). L’iconographie n’est pas très riche mais est assez passionnante.   

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Benjamin

Note globale :

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