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Lacordaire, le prédicateur, le religieux

Lacordaire, le prédicateur, le religieux
FRANCOIS-XAVIER DE GUIBERT240 pages
2 critiques de lecteurs

Avis de Grégoire : "sa vie, son oeuvre ... mais surtout sa vie"

Biographie de Jean-Baptiste-Henri Lacordaire, prêtre du début du XIXème siècle ayant connu un succès notable dans ses prêches en plein contexte post-révolutionnaire. L’Eglise est alors affaiblie par ses conflits internes (“assermentés” contre réfractaires, libéraux contre royalistes, etc) et extérieurs (main-mise du pouvoir royaliste sur la nomination de la hiérarchie cléricale, interdication des ordres religieux, etc).

Ce contexte fait l’objet d’un premier chapitre très utile et très concis.
La suite est un ensemble de témoignages sur les faits et idées de Lacordaire, dont un grand nombre provient de ses propres mémoires.

D’abord destiné à être avocat, Lacordaire se découvre vite une vocation mais semble peu épanoui par le séminaire et par les premières années de sa prêtrise. C’est en rencontrant Lamennais qu’il se lance dans le journalisme, avec la publication en 1830 de “L’avenir” dans laquelle les deux hommes, accompagnés encore par Montalembert, développent leurs idées libérales et pro-romaines. Leurs principaux combats sont la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ayant pour ambition que l’Eglise s’affranchisse des directives étatiques et gagne une véritable indépendance, et la liberté de la presse (pour laquelle le Pape Grégoire XVI émettra des doutes, et qui sera l’un des désaccords opposants Lamennais et Lacordaire). Les critiques violentes de l’Eglise dans son mode de fonctionnement en France leur attirent de nombreux ennemis.

Après un premier voyage à Rome, l’équipe se dissout et “l’avenir” disparaît. Lacordaire se consacre à des prêches en public, d’abord au lycée Stanislas puis à Notre-Dame de Paris.

Ces conférence seront un succès, grâce aux talents d’orateur de Lacordaire et à la vigueur de ses propos. Il fusionne l’idée de société organisée et humaine, proche des idéaux révolutionnaires, avec la foi chrétienne qu’il juge indispensable au développement de la nation. Dans un contexte de méfiance extrême envers la religion, il prêche au contraire un renforcement des libertés et de droits civiques au nom du christianisme.

En 1837, le nouveau combat de Lacordaire consiste à rétablir en France l’ordre des dominicains. Il se rend pour cela à Rome, où il effectue son noviciat puis revient en habit monastique, bravant ainsi la loi et allant même jusqu’à se faire élire député. Il fondera, avec quelques poignées de compagnons, les premiers monastères dominicains en France depuis un demi-siècle.

Ce personnage fascinant sut conjuguer les idéaux du XIXe siècle avec une réflexion théologique approfondie. Romantique aussi cultivé que brillant, il est sans doute à placer dans les figures du “génie du christianisme” écrit trente ans plus tôt par Chateaubriand.

Ses idées sur l’indépendance de l’Eglise, sur la construction d’une Nation reposant sur la foi chrétienne, sur les libertés à conquérir au nom même des religions, n’est pas sans rappeler les polémiques de notre époque. Son combat pour le rétablissement d’une foi participant pleinement à la construction de l’Etat, et ses polémiques sur les rapports entre politique et religieux, trouveront sans doute un écho dans le monde d’aujourd’hui.

On pourra regretter que l’ouvrage se consacre presque exclusivement à la vie de Lacordaire, au détriment de son oeuvre. On trouvera néanmoins quelques éléments de sa réflexion, notamment en fin d’ouvrage, où sont donnés quelques extraits des deux écrits de Lacordaire, portant sur la vie de St Dominique d’une part, sur Marie-Madeleine (“leg du Christ à la France”) d’autre part.

 

Pour connaisseurs Aucune illustration Plan chronologique

Grégoire

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Avis de Ernest : "Si l'enfer fait des damnés, il fait aussi des hommes et des saints, au lieu que la censure n'eût peuplé le monde que d'idiots immortels"

L’ordre des dominicains est fondé en 1214 par saint Dominique à Toulouse. Henri Lacordaire est né en 1802 ;  avocat de formation, il devient un religieux dominicain (restaurateur en France de son ordre) ; il est considéré comme un précurseur du catholicisme moderne et aussi de la démocratie chrétienne. Dans le quotidien catholique L'Avenir (dont le rédacteur en chef est officiellement Lamennais), il prône à la fois un certain ultramontanisme, la liberté religieuse, la liberté de l'enseignement et la séparation de l'Église et de l'État. Henri Lacordaire employait un ton virulent contre le gouvernement de Louis-Philippe et certains évêques qui nommés par le gouvernement (selon le Concordat) faisaient preuve d’un grand conservatisme social ou trop gallicans. Henri Lacordaire s’interroge également à la question de justice sociale dans un siècle qui voit la croissance spectaculaire du monde ouvrier.  

 Il accepte en 1832 la  condamnation par le pape de son journal ; en effet Rome n’approuve pas la liberté de conscience et la liberté de la presse réclamées dans les colonnes de L'Avenir. Lamennais en 1834 publie Paroles d'un croyant, ce qui entraîne sa rupture définitive avec Rome.

En 1828, il est nommé aumônier-adjoint au Collège Henri IV, il en tire la conclusion suivante:

« Rien n’est plus à plaindre qu’un aumônier de collège (officiel). En butte à la méfiance des maîtres laïques, inconnu des enfants qui ne l’aperçoivent qu’à l’autel ; sans lien avec qui que ce soit, mais environné d’un respect froid et contraint, il erre comme une ombre triste dans une maison d’étrangers. Ce n’est ni un père, ni un professeur, ni un domestique, ni un prêtre parlant à des hommes avec l’indépendance de la foi, c’est quelque chose qui n’a pas de nom (...) »

Aussi Lacordaire posa-t-il la question de la création de collèges dominicains pour instruire les jeunes (en insistant sur la nécessité d’une formation scientifique plus conséquente), ce qui donna naissance à un tiers ordre dominicain. La série de lois de laïcité pour les années 1901 à 1905, à l'interdiction de l’enseignement aux dominicains. En 1957 le pape met fin à ce type de tâches pour les dominicains.

Aimé Richardt propose seize chapitres qui servent à introduire de larges extraits d’écrits d’Henri Lacordaire. Ces chapitres évoquent l’état de l’Église en France dans la première partie du XIXe siècle, la jeunesse de Lacordaire, les années de séminaire et la rencontre avec Lamennais, la fondation du journal L'Avenir, la rupture avec Lamennais, les premières conférences et publications, le second voyage à Rome et le choix de devenir dominicain, le premier couvent et les grandes conférences, la création d’un couvent à Grenoble et l’entrée en politique… On voit un catholicisme surmonter des crises et on se demande si aujourd'hui le pape François Ier, saura plus que les papes de l'époque, s'appuyer sur des personnalités qui se dégageraient pour souhaiter des réformes.

En annexe sont proposées une courte biographie d’Henri Lacordaire ramenée à une trentaine de dates, quelques repères biographiques, de courtes biographies, les titres des soixante-treize conférences dites par Lacordaire à Notre-Dame de Paris. Notre titre est une citation d'une phrase de notre personnage.       

Pour connaisseurs Aucune illustration

Ernest

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