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Le catholicisme social en France (1830-1870)

Le catholicisme social en France (1830-1870)
Artège174 pages
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Avis de Ernest : "Des catholiques s’intéressent au sort de la classe ouvrière dès l’époque de la Monarchie de Juillet"

Si le développement industriel en France coupa une partie des ouvriers de l’univers religieux, certaines figures catholiques s’intéressèrent au sort matériel et spirituel de la classe ouvrière sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire.

 

Aimé Richardt nous propose  tout d’abord de réfléchir sur ce qu’était la condition ouvrière au milieu du XIXe siècle. Le prolétaire dépensait la moitié de ses revenus pour son alimentation et celle des sa famille, très largement basé sur le pain (dont il faisait une énorme consommanrion). Il est d’ailleurs bon de rappeler ici que les industriels protestants de Mulhouse offraient des conditions de salaire très précaires à leurs ouvriers, alors que certaines légendes vantent le paternalisme éclairé des milieux bourgeois calvinistes français.

 

On suit l’action des acteurs catholiques du christianisme social en particulier à travers la presse qu’ils animent. Ainsi Lamennais écrit dans les années 1820 dans Le Drapeau blanc et crée en 1830 L’Avenir.  Dans ce dernier journal, on trouve également comme rédacteur Charles de Coux ; il réfléchit autour des causes de la misère ouvrière.  Vu que ce périodique réclamait la complète séparation de l’Église et de l’État, ce qui impliquait la fin de la fonctionnarisation du clergé, il fut déconseiller à la lecture par les évêques et ne dépassa guère une durée d’un an. L’auteur fait l’impasse sur le fait qu’en condamnant leurs idées libérales et toutes les libertés réclamées, par l’encyclique Mirari vos, le pape Grégoire XVI porte un coup fatal au journal.

 

Le médecin Buchez avait été saint-simonien et il se réclamait d’un socialisme chrétien recommandant l’association entre ouvriers et patrons. Est évoqué ensuite Charles Fourier qui n’était pas vraiment chrétien mais certains catholiques se référèrent à ses idées utopiques. De longs développements concernent Ozanam fondateur de la société saint Vincent de Paul. Ce dernier évoque le conflit entre les possédants qui veulent s’enrichir de plus en plus et ceux qui n’ont rien.

 

On poursuit avec Albert de Mun qui ne reçut guère le soutien que de deux évêques  dans sa volonté de promouvoir des lois        sociales et qui prônait le retour en force des corporations. L’abbé Ledreuille est celui qui les Sociétés de Saint-François-Xavier en société de secours mutuels et s’éleva avec force contre le régime électoral censitaire.

 

La question de l’attitude des catholiques face au régime de la Seconde République est complexe et méritait en effet d’être expliquée longuement ; on sait que les catholiques acceptèrent le Second Empire qui soutint leurs actions sociales. Montalembert  est toutefois déçu par l'absolutisme du nouveau régime dès 1852 et une idée du contenu de son discours de Malines nous est livrée. Pour lui, l’Église Église doit être « dégagée de toute solidarité compromettante, de tout engagement de parti ou de dynastie, apparaîtra au milieu des flots vacillants et agités de la démocratie, seule immobile, seule inébranlable, seule sûre d'elle-même et de Dieu, ouvrant ses bras maternels à tout ce qu’il y a de légitime, de souffrant, d'innocent, de repentant, dans tous les camps, dans tous les pays ».

 

Augustin Cochin était administrateur de la compagnie du Chemin de fer d’Orléans et il y montre sa volonté d’amélioration des conditions de travail. Dans la conclusion, Aimé Richardt rappelle que ce catholicisme social, issu de milieux cultivés, se conçoit comme un guide pour la classe ouvrière et qu’il ne reçoit pas de relais en son sein.

 

Condamné par la hiérarchie catholique, il est largement ignoré par la masse des fidèles de l’époque. Toutefois il donne des racines à une démocratie chrétienne qui en France ne réussira son bref épanouissement que sous la IVe République  avant d’être laminée d’abord par le gaullisme (auquel se rallient diverses figures du MRP) et voir les chrétiens de gauche affluer timidement vers le PSU puis largement vers le PS.

Pour tous publics Aucune illustration

Ernest

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