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Charles X, le dernier Bourbon

Charles X, le dernier Bourbon
Perrin 566 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "J’aime mieux monter à cheval qu’en charrette (Charles X). Même qu'avec Charette, dirons-nous..."

De ce roi, Jean-Paul Clément dit en particulier :

« sa grande obsession était de ne pas finir comme Louis XVI, sur une charrette. Et cruellement, Chateaubriand ajouta qu’en ne voulant pas reculer d’un pas, il recula d’un royaume. » (page 336)

L’ouvrage "Charles X, le dernier Bourbon" a un titre qui tient plus de l’allusif (fin de la monarchie absolue, portée par les Bourbons) que de la réalité historique (Louis-Philippe était quand même autant un Bourbon que Charles X, même s’il descendait d’un régicide). Charles X est par contre le dernier Roi de France à avoir reçu le Sacre de Reims.

C’est toute la vie du dernier monarque de la Restauration qui nous est dévoilée. Ceci se fait en quinze chapitres, les deux à dimension plus militaire, à savoir sur les Cent-Jours et sur l’expédition d’Alger en 1830 sont de la plume de Daniel de Montplaisir et les treize autres sont dus à Jean-Paul Clément. Ceux qui chercheraient à en savoir un peu plus sur ce que les Vendéens appellent la lâcheté (le mot est repris par Émile Gabory) du comte d’Artois en septembre  1795 lorsqu’il se contente de mettre le pied à l’île d’Yeu, resteront vraisemblablement sur leur faim. Sans aucune note renvoyant à une référence (mais nous savons qu'il a pris cela chez Émile Gabory), venant à point pour excuser les conséquences dramatiques du non-débarquement sur le continent du futur Charles X sur la drastique diminution des forces entourant le Roi de la Vendée, ils seront très surpris de lire :

« la marquise de Gréco, maîtresse de Hoche (…) livra par la suite Charette à Hoche, en 1796. » (page 90)    

Surtout que cette épouse d'Amphermet de Pontbellanger n'était pas marquise, ne s'appelait pas "de Gréco" mais "du Grégo" et dans l'ouvrage "François-Athanase Charette de la Contrie" de Lionel Dumarcet, il est écrit que l'on n'a pas de preuve de sa présence en Vendée. Ceci permet de ne pas conclure qu'elle ait trahi Charette et surtout pas fait cela en toute intelligence avec Hoche.

Nous n’aborderons ici par la suite que les questions en rapport avec la fin, d’ailleurs pas si tragique, de ce souverain.  

De la conclusion, on pourra retenir deux choses au sujet de sa chute avec lesquelles on n’est pas obligé d’être entièrement d’accord ; dans un premier cas parce que le dynamisme de reconquête de la noblesse et de l’Église qui hérissent les Français (page 459) et ensuite parce que dans certaines circonstances le choix de ne pas faire appel à la force pour réprimer une révolution ne tient peut-être pas de la bienveillance (page 456) mais plutôt comme en 1830 d’une intelligence à enfin peser la plus brisure entre un gouvernement et son peuple. Ce refus de faire tirer plus longtemps sur la foule, au cours de combats il y eût tout de même environ 200 morts chez les soldats et près de 800 chez les insurgés, permit d'ailleurs à Charles X de partir en exil sans être inquiété et donc tout risque de charrette.

À propos de l’influence supposée de l’Église durant le règne de Charles X, Jean-Paul Clément note qu’à la théorie du complot franc-maçon qui propulse la Révolution en France, naît alors a contrario le complot des jésuites qui entend empêcher la marche du progrès :

« le mythe jésuite est riche de prolongements. Il nous permet de mieux comprendre le monde moderne, qui nait à l’aube du XXe siècle ; ce monde moderne qui va nourrir l’illusion, le fantasme de la toute-puissance du politique, calquée sur une religion sans transcendance. » (page 297)

Les ultras pratiquent le jeu parlementaire avec une rare habileté et au sujet par exemple d’un projet qui tend à revenir sur l’égalité en héritage des enfants (sans retourner pour autant vers le droit d’aînesse), on peut même voir le chef de la frange la plus conservatrice de la chambre écrire :

« On ne peut pas refaire tout ce que la Révolution a détruit. Conformez-vous au temps : c’est la maxime du sage. » (page 304)

Le ministre ultra Villèle reçut aux élections de 1827 l’hostilité à la fois d’une opposition  ultramontaine menée par Chateaubriand mais aussi influencée par Lamennais et des libéraux, l’homme de lettres breton fait d’ailleurs le lien entre ces deux groupes afin qu’il se coalise sur de nombreux sujets.  

Villèle se retire de la vie politique et de Martignac lui succède avec des options un tout petit peu plus libérales. Bertier de Sauvigny parle du ministère Martignac, comme un sous-produit du ministère Villèle. Charles X n’approuve pas pleinement sa politique aussi, face à la coalition des extrêmes qui mine son action, il appelle le Prince de Polignac.  

Nommé en août 1829, Jules de Polignac est un partisan d'une restauration intégrale de la monarchie et de l'Ancien Régime. Le journal "Le globe" titre ainsi à propos du nouveau ministère :

« Son avènement sépare la France en deux : la Cour d'un côté, de l'autre la Nation. »

D’ailleurs comme ministre de la Guerre, on trouve le général de Bourmont, connu comme "le traître de Waterloo" (il passe du camp français au camp allié juste avant le déclenchement de la bataille en question) et "l’assassin de Ney" (lors du procès de e dernier, il livre un terrible témoignage à charge). Comme les députés refusent d‘accorder leur confiance à Polignac Charles X procède à la dissolution de la Chambre des députés le 16 mai 1830 et de nouvelles élections sont prévues pour les 23 juin et 3 juillet. La majorité libérale revient nettement renforcée.

Le comte Apponyi avait déclaré au futur Louis-Philipe dès le 31 mai 1830 :

« Voilà, Monseigneur, une fête toute napolitaine : nous dansons sur un volcan ! »

Polignac promulgue ensuite des ordonnances « nécessaires pour l’exécution des lois et la sûreté de l’État », qui limitent drastiquement la liberté de la presse, dissolvent la Chambre et fixent à septembre de nouvelles élections avec deux niveaux successifs où ne pourront plus être électeurs nombre de bourgeois. Fin juillet c’est la Révolution des Trois glorieuses. Si l’enjeu de la Restauration tourne autour de la réconciliation entre deux France, celle de la tradition et celle issue de 1789, on peut dire que Charles X a saboté toute concorde entre les deux.  

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

465 critiques
26/09/16
Et si les cendres du roi Charles X étaient transférées à la basilique Saint-Denis ?
(elles sont en Slovénie)
http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/et-si-les-cendres-du-roi-charles-x-etaient-transferees-a-la-basilique-saint-denis-25-09-2016-6149095.php
318 critiques
27/10/16
Débat autour du devenir des cendres du roi Charles X entre deux royalistes

Remonter à la page 10, date du lundi 18 mai 2015 après être allé ici

http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire

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