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C’est la Révolution qui continue ! La Restauration 1814-1830

C’est la Révolution qui continue ! La Restauration 1814-1830
Tallandier 450 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Tout est venu de la politique et réciproquement"

Voici un ouvrage qui va dans le sens de ce que disait Marcel Gauchet en 1996 ponctuellement dans une émission de France-culture intitulée "Lieux de mémoire : la gauche et la droite 1/2" (d’ailleurs toujours podcastable), lors de la réunion de la Chambre introuvable en 1815 les ultras largement majoritaires choisissent de siéger à droite et institutionnalisent par là un dessin des assemblées parlementaires esquissé sous la Révolution et mis en impasse sous l’Empire.

Il y a certes la vision dithyrambique que donne Chateaubriand de la période de la Restauration :

« Les quinze années  de la Restauration, sous un régime constitutionnel, avaient fait naître parmi nous cet esprit d’humanité, de légalité et de justice que vingt-cinq années de l’esprit révolutionnaire n’avaient pu produire.  » (page 16)

Il y a aussi celle, ajouterons-nous personnellement, de la promotion d’anciens émigrés à des postes de responsabilité bien au delà de leurs compétences. Ceci transpire  à travers le tragique épisode de naufrage de La Médude où on vit Hugues Duroy de Chamareys,  se voir confier le commandement de ce bateau en 1815. Lui qui n’avait plus mis les pieds sur un bateau depuis sa traversée de la Manche en 1804 pour revenir d’exil et qui n’avait exercé aucun rôle actif dans la navigation depuis vingt-cinq ans, se vit récompenser là de sa participation à la tragique expédition de l’île de Quiberon et du fait que son grand-oncle Louis Guillouet, comte d'Orvilliers fut amiral au début du règne de Louis XVI. Il y eut aussi en 1825 la "Loi concernant l'indemnité à accorder aux anciens propriétaires de biens-fonds confisqués et vendus au profit de l'État en vertu des lois sur les émigrés, les condamnés et les déportés" qui coûta près d’un milliard. Cinquante mille personnes furent concernées.

Emmanuel de Waresquel cite aussi Guizot :

« Sous la Révolution on se battait ; sous l’Empire, on se taisait ; la Restauration avait jeté la liberté au sein de la paix. Dans l’inexpérience et la susceptibilité générale, le mouvement et le bruit de la liberté, c’était la guerre civile près de recommencer ». (page 38)

Il rapporte aussi une phrase d’Auguste fils de Mme de Staël à sa mère, prise dans un courrier de septembre 1815 :

« Les haines des nobles et des roturiers sont plus violentes qu’en 1788. » (page 37)

Dans son introduction, Emmanuel de Waresquel écrit :

« (…) tout en restant ferme sur la question de sa souveraineté et de ses pouvoirs, Louis, pragmatique et très politique, prend en compte les acquis de la Révolution et accorde une large place dans sa Chartre au "droit public des Français", l’égalité devant la loi, les libertés, les biens nationaux. C’est cela l’ambivalence de la Chartre. À côté des pouvoirs du roi, les droits de la nation. »  

En deux grandes parties, notre auteur va nous dresser tout d’abord le portrait des acteurs de toute cette période en suivant un ordre chronologique puis dans un second temps chercher à pointer quelles idées firent alors débat et du point de vu des institutions lesquelles sont conservées de l’Empire ou lesquelles sont créées et comment elles vont disparaître ou au contraire prédurer en s’adaptant quelque peu.

L’auteur nous rappelle entre autre que c’est à propos du bannissement des régicides que fut prononcé le célèbre mot du comte de Béthisy « Vive le roi quand même ! », devenu la devise de l’ultraroyalisme ; ce dernier réclamant le droit d’être plus sévère que le roi (page 107). Il est d’ailleurs paradoxal de voir que l’attitude parlementariste de la majorité ultra, sortie des urnes en 1815, est destinée à faire passer un programme visant à épurer l’administration, à favoriser symboliquement et financièrement l’Église (en retirant par exemple l’état-civil aux maires pour le redonner aux curés) et des mesures en faveur de la grande propriété. Là encore Chateaubriand est cité, car en 1820 il écrit :

« (…) les vertus politiques tiennent au sol et elles croulent si le sol tremble sous les pieds des grands propriétaires. » (page 114)

Le livre propose d’ailleurs un florilège de citations de Chateaubriand, on retiendra qu’au sujet du meurtre du duc de Berry (fils du futur Charles X), il écrit:

«  La main qui a porté le coup n’est pas la plus coupable. Ceux qui ont assassiné monseigneur le duc de Berry sont ceux qui depuis quatre ans établissent dans la monarchie des lois démocratiques ; ceux qui ont banni la religion de ces lois ; ceux qui ont entendu agiter avec indifférence à la tribune la question du régicide ; ceux qui ont laissé prêcher dans les journaux la souveraineté du peuple, l’insurrection et le meurtre… Voilà les véritables meurtriers de monseigneur le duc de Berry. » (page 186)      

   

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Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

734 critiques
25/02/17
L’éternelle polémique sur le retour des cendres de Charles X en France

http://www.rfi.fr/hebdo/20170224-retour-cendres-charles-x-france-eternelle-polemique-slovenie-histoire
734 critiques
22/12/22
En quoi la Charte de 1814 a-t-elle marqué l'histoire de France ? https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/epoque-contemporaine-charte-1814-t-elle-marque-histoire-france-17745/?utm_source=nl_qr&nl_optin=optin_qr_histoire&utm_content=20221222&utm_campaign=histoire&utm_medium=+email&xtor=EPR-72-QR-20221222&uid=fc5232cd66980026c294cd993d2da9eb
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