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Irma Grese et le procès de Belsen

Irma Grese et le procès de Belsen
L’Harmattan225 pages
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Avis de Adam Craponne : "L’ange blond, qui rêvait de soigner les gens, se révéla démon"

Irma Grese obtint les surnoms de  "la hyène d'Auschwitz" ou "la bête de Belsen". Irma Ida Ilse Grese a vu le jour le 7 octobre 1923 à Wrechen à la limite des lands actuels de Mecklenburg -Poméranie et du Brandebourg et est décédée par pendaison le 13 décembre 1945 dans la prison de Hameln (ville connue dans les contes comme Hamelin, avec un récit bien connu autour des rats). Irma Grese fut la plus jeune femme à être condamnée à mort parmi ceux qui commirent des crimes dans l’Allemagne nazie.

Elle déclara que : « C'était notre devoir d'exterminer les éléments antisociaux afin d'assurer l'avenir de l'Allemagne ». Toutefois elle ne reconnut pas les actes individuels de violence qu’on lui reprochait. Elle a été une garde SS dans les sections féminines ou maculines  des camps de concentration nazis de Ravensbrück,  Auschwitz et de Bergen-Belsen. Le procès de Belsen s’est tenu de la mi-septembre à la mi-novembre 1945 près du camp de Bergen-Belsen en Basse-Saxe (au sud d’Hambourg), où moururent Ann Franck, Georges Valois  ainsi que deux députés socialistes Claude Jordery et Augustin Malroux décédés à côté de René Paty du même réseau composé d’enseignants ou anciens instituteurs pour l’essentiel.

La mère d’Irma Grese se suicide en 1936 car elle ne supporte plus les infidélités de son mari. C’est l’année où devient obligatoire l’appartenance aux jeunesses hitlériennes  toutefois l’auteur n’indique pas à partir de quel âge cela était, car il y avait une organisation pour les 10-13 ans et une pour les 14-18 ans. En 1939 un texte prévoit des sanctions pour ceux qui ne sont pas membres de 10 à 18 ans de ces deux organisations. Il est à noter que, bien plus tard, son père lui interdit de le revoir lorsqu’il apprit les responsabilités qu’elle exerçait dans les camps.

Dans le cadre du Service du travail, et même un peu après, notre personnage travailla dans des fermes. Elle devient ensuite aide-soignante au sanatorium Hohenlychen dans la région actuelle du Brandenbourg, un des médecins qui y officiait Karl Gebhardt fut d’ailleurs condamné à mort à Nuremberg, ceci notamment pour ses expériences médicales sur détenus. Elle désire devenir élève- infirmière mais sa demande est rejetée. Après un bref retour à la case agriculture, elle apprit que des salaires attrayants étaient offerts pour les postes de surveillantes SS qui ne demandaient pas de qualification. Son revenu était près de deux fois et demie celui d’une ouvrière dans le textile.

Irma Grese en compagnie de Josef Kramer ancien commandant du camp du Struthof (illustration non présente dans le livre)

Elle commence sa formation à dix-huit ans-et-demie et elle se lia rapidement avec Dorothea Binz de trois ans son aînée qui était réputée comme cruelle et dépravée. Même si on risquait de tomber dans le voyeurisme, il fallait aborder la question de la sexualité du personnage qui nous intéresse ici, c’est fait pages 115 et 116.       

Les camps de concentration sont toujours dirigés par un homme mais il est évident que les gardiennes sont en rapport direct avec les détenues. Ces surveillantes ne procédaient pas aux opérations de gazage ou de fusillade, par contre elles sélectionnaient les futures victimes. On estime à près de 37 000 les surveillants SS et à un peu moins de 4 000 les surveillantes en janvier 1945.

L’auteur informe que tout acte de violence, sauf en cas de tentative d’évasion, était formellement interdit par Heinrich Himmler en personne. Toutefois il s’avéra vite que, dans des conditions d’impunité totale, pour assurer son autorité sur les détenus et recevoir du respect des autres surveillantes et de la hiérarchie, on bascula dans l’horreur. D’ailleurs de mai à décembre 1944, elle fut responsable de 30 000 déportées, essentiellement des juives polonaises et hongroises.  Il est à noter qu’elle était présente à Bergen-Belsen (et n’avait donc pas fui) lorsque le camp fut libéré le 17 avril 1945. Toute son attention et protection dans ce camp-là se porta sur les fleurs et plantes qui entouraient la cuisine… (page 120)

Ce parcours de vie fait partie de la troisième partie. La première traite de l’univers concentrationnaire nazi en général, le deuxième évoque le procès de Belsen et la quatrième présente toutes les dépositions faites par Irma Grese à son procès.  Le contenu des annexes porte sur : une lettre d’un inspecteur des camps sur l’état de celui de Bergen-Belsen fin février 1945, le calendrier du procès de Belsen, une liste non-exhaustive du personnel d’Auschwitz avec leur bref devenir avant ou après le 8 mai 1945 (on y trouve en particulier le Dr Mengele et les trois commandants successifs du camp), un précis de vocabulaire sur la trentaine de noms communs de camps, le nombre de victimes de la Shoah (la France est à plus de 75 000, la Belgique a environ 25 000, la Pologne à 3 000 000, la Roumanie dans ses frontières de 1939 autour de 280 000). On aurait aimé un rapport à la population juive d’avant-guerre car le chiffre d'autour de 140 000 Lituaniens par exemple doit représenter la quasi-totalité des israélites sur le territoire lituanien. Il est à noter l’évaluation à zéro pour la Bulgarie alliée de l’Allemagne et peut-être à 50 pour le Danemark pays occupé. On apprécie l’index des noms.

coup de coeur !

Pour tous publics Aucune illustration

Adam Craponne

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