Avis de Alexandre : "N’Diaye Rama Diallo au ministère de la Culture: une dame de fer au cœur doux"
Née à Cannes, Indiana Sendyk fait des études de Droit international et communautaire à Aix-en-Provence. Elle vit dans la région parisienne lorsqu'elle ne parcourt pas le monde pour l'ONU. Elle a réalisé des missions de paix au Timor, au Liberia, en Côte d’Ivoire, au Kosovo, au Guatemala, en Afghanistan, en Iran, en Ukraine...
Elle se trouve au Mali en 2013 dans le but de contrôler le processus électoral de l'élection présidentielle. Amadou Toumani Touré est président du pays de 2002 à 2012 et il est renversé en mars 2012 par un coup d'état, peu avant la fin de son mandat. Il lui est reproché en particulier de ne pas avoir su contenir la rébellion touareg qui tient le nord du pays. Le capitaine Amadou Haya Sanogo s'empare alors du pouvoir mais il doit le remettre aux civls peu après.
Dioncounda Traoré devient président par intérim et les 28 juillet et 11 août 2013 se tiennent au Mali les élections présidentielles qui débouchent sur la victoire d'Ibrahim Boubacar Keïta ; quelques mois après ont lieu les législatives. Une rébellion djihadiste s'est par ailleurs développée à la fin des années 2000 et l'on sait qu'en 2013 et 2014, sous mandat de l'ONU, l'armée française intervient au Mali.
Cette photo n'est pas dans le livre
On suit la narratrice à New-York au siège de l'ONU tout au long de son séjour dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest :
« Mes valises de compétition et moi-même sommes bien arrivées au Mali, de même qu’un groupe hétéroclite d’une vingtaine d’observateurs de l’Union européenne. Une valise de compétition pour un grand voyageur, c’est une valise maniable, très légère et solide, équipée d’un cadenas inviolable, de quatre roulettes et aux motifs bariolés afin de ne pas être confondue. Le nomade est plus souvent exposé au risque de perdre sa valise que le sédentaire. Par conséquent, il prévoit toujours en bagage à main, des sous-vêtements propres, son chargeur de portable et quelques indispensables produits d’hygiène, format miniature.
Elle nous évoque, souvent avec humour, tant les actions des contingents de soldats étrangers que ses rapports avec la population locale.
« Soudain, deux camions arrivent sur l’aire de stationnement de l’hôtel, s’arrêtent en pilant. En sortent, en bondissant, quarante soldats belges qui courent et encerclent la piscine. Je me trouve au milieu du bassin, et en une minute, me voici cernée comme dans une intervention du RAID. Les soldats se déshabillent en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire et se jettent à l’eau en faisant la bombe. La scène est irréaliste. Finie la tranquillité. Aujourd’hui, les Belges fêtent leur roi et c’est le prétexte à tous les excès. Ils entassent les canettes de bière en pyramide de part et d’autre de la piscine et essayent de les faire tomber avec une balle, une réinterprétation aquatique du chamboule-tout. »
« Nous voulons tellement rencontrer les femmes candidates que nous ne ménageons pas nos efforts. Nous nous déplaçons à Bamako dans les locaux d’un ministère pour rencontrer une candidate après avoir lourdement insisté auprès d’elle. Elle avait demandé à ce que nous arrivions après dix-huit heures, heure de sortie des bureaux. Nous accédons à sa demande. Elle nous fait pénétrer dans son bureau par une porte dérobée et la verrouille aussitôt derrière nous, ce qui me met mal à l’aise dès le début. Puis elle explique que personne au ministère n’est au courant de sa candidature. Je m’en étonne : — Ah bon ? Et vous n’êtes pas reconnaissable sur votre affiche de campagne ? — Ah non, il n’y a pas ma photographie sur l’affiche, juste mon nom et il est très commun ; et puis c’est dans une autre circonscription, mes collègues du ministère ne l’apprendront pas. — Ah bon ! Mais si vous êtes élue ? Il faudra bien l’annoncer à vos collègues, non ? — Oui, mais bon… si je ne suis pas élue, c’est mieux que personne ne le sache. Je sors de cet entretien abattue. »
« Hélas, nous n’avons pas apporté de noix de cola car nous ignorions cette pratique, et l’Union européenne décourage vivement d’offrir de l’argent ou des cadeaux, ou tout ce qui peut s’apparenter à une forme de rémunération en nature. Nous sommes face à un dilemme entre les règles de procédure et les pratiques culturelles du pays hôte. Je suis gênée. Je sais qu’un paquet de cigarettes ferait tout aussi bien l’affaire en guise d’offrande, mais ni Bernardo (un autre de mes coéquipiers) ni moi ne fumons ! Je fouille mon sac à main car le chef de village exige son cadeau. Notre chauffeur, Youssouf, m’explique qu’il faut lui donner quelque chose, même une petite somme d’argent. Je trouve un miroir de sac ; je demande au chef de village de m’excuser mais le cadeau sera pour son épouse. Il s’en saisit, admire son sourire édenté et déclare que non, il sera pour lui ! Le miroir lui plaît beaucoup, nous pouvons lui poser nos questions. »
Pour tous publics Aucune illustration
http://www.rfi.fr/afrique/20170624-mali-deux-ans-accord-alger-maiga-cma-azawad-plateforme-bamako?google_editors_picks=true