Avis de Patricia : "Une histoire originale d’une Église sujette aux aléas des nombreux remodelages de frontières étatiques"
L’Église gréco-catholique ukrainienne était la confession principale des cultes reconnaissant l’autorité du pape, ces derniers comptaient environ quatre millions de fidèles avant la récente invasion du pays. Son histoire est plus que pour toute autre religion le fruit d’évènements dictés par des autorités politiques.
Fruit de l’action des saints Cyrille et Méthode et de leurs disciples, l’évangélisation des parties méridionale puis occidentale actuelles de l’Ukraine démarre dans les années 860. Elle répond au souhait de l’empereur Ratislav de Grande Moravie, d’ailleurs installé sur son trône par Louis le Germanique un des petits-fils de Charlemagne (l’origine du pouvoir de ce prince est une information complémentaire avancée par nous).
Olha princesse régente de la Rus’ de Kiev de 945 à 964 est chrétienne et demande à Otton Ier empereur de Germanie l’envoi de missionnaires. Toutefois son fils ne l’est pas et c’est donc au roi Vladimir (au pouvoir de 979 à 1015) que revient la tâche d’installer le christianisme dans son pays. Une bonne trentaine d’années après la mort de ce dernier, le schisme entre la chrétienté occidentale et la chrétienté orientale s’installe. Le métropolite de Kiev est alors Hilarion et il a pour successeur Ephraim d’origine grecque. Tous les ponts ne sont pas rompus pour autant entre Kiev et Rome.
Si le pays est ravagé par les Mongols et apparaît la principauté de Galicie-Volhynie (appelé ultérieurement royaume ruthène) au côté d’autres états sous la tutelle tatare, la religion chrétienne n’est pas menacé, vu la tolérance des princes mongols à l’égard de tous les cultes. Le royaume ruthène est incorporé au grand-duché de Lituanie qui se retrouve ensuite en 1569 dans la République des deux nations (fusion des états polonais et lituaniens).
En 1596 l’Église orthodoxe ruthène, tolérée dans l’univers devenu largement catholique de la République des deux nations, apparaît une Église dite ultérieurement "uniate". Elle est soumise au Pape, adhère aux dogmes romains tout en bénéficiant d’une autonomie d’organisation et en maintenant tant la liturgie slave que l’ordination à la prêtrise d’hommes mariés. Une partie du clergé orthodoxe ruthène rejette cet accord et confirme sa fidélité au patriarcat de Constantinople.
Les révoltes cosaques très hostiles aux uniates, le lent grignotage de nombreux espaces lituano-polonais au XVIe et XVIIe siècle débouchent sur une perte d’influence de l’Église orthodoxe faisant allégeance à Rome dans une très large partie de ses terres d’origine. Elle regagne par contre un dynamisme certain dans une Galicie tombée dans l’escarcelle autrichienne à partir de 1772. À la toute fin du XVIIIe siècle dans cet espace, les évêques ne sont plus nommés par Rome mais par Vienne. Dans cette région de l’Empire hongrois, un profond réveil culturel ruthène apparaît dès le milieu du XIXe siècle. Les livres en ruthène imprimés là franchissent clandestinement la frontière russe.
Malheureusement la Galicie passe en 1919 à une Pologne qui devient, au fil des ans, de plus en plus intolérante vis-à-vis de ses minorités et on assiste là à des dépossessions de lieux de culte et une obligation de prêcher en polonais dans ceux-ci. L’annexion par la Russie en 1945 de la région galicienne peuplée d’uniates. L’Église uniate est alors interdite et rattachée de force à l'Église orthodoxe russe alors que ses prêtres sont invités à rejoindre l’Église orthodoxe, Khrouchtchev dirige les opérations sous les ordres de Staline.
Clandestine en URSS jusqu’en 1990, l’Église uniate renaît en Ukraine dans les années 1990 , Jean-Paul II visite le pays en 2001. Nous avons résumé à grands traits cette histoire religieuse, nombre d’autres dimensions du sujet sont à découvrir à la lecture de cet ouvrage.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations
