L’Ukraine à travers les récits des voyageurs et écrivains occidentaux

Même s’il est précisé que la période traitée court du XVIIe siècle au début du XXe siècle, Michel Bonnaud propose heureusement d’évoquer le voyage en Crimée et aux bords du cours inférieur de la Volga de Jean de Plan Carpin fin 1845 et celui de Guillaume de Rubrouck huit ans plus tard. Jean de Plan Carpin passe même à Kiev.  Si le premier est mandaté par le pape, le second l’est par Saint Louis ; dans les deux cas leur mission est d’aller trouver le grand khan des Mongols afin de lui proposer une alliance contre  les souverains musulmans.

Les chapitres s’intitulent successivement : Au XVIIe siècle, des voyageurs parcourent l’Ukraine et font connaître les Cosaques, Au XVIIIe siècle, l’Ukraine est partagée entre deux empires, russe et austro-hongrois, et les conditions de voyage changent, Dans la première moitié du XIXe siècle, les voyageurs visitant l’Ukraine soulignent l’originalité et la spécificité du peuple ukrainien sous l’influence des Romantiques, Le développement du bateau à vapeur, des chemins de fer et de l’hôtellerie modifie considérablement la manière de visiter l’Ukraine dans la deuxième moitié du XIXe siècle, Odessa, Voyager en Galicie et à Lviv, Voyager en Crimée, Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la guerre de Crimée (1853-1856) entraîna un intérêt pour la Crimée et cré² de nouveaux lieux à visiter.

Parmi les témoins, on a non seulement des voyageurs mais également des gens qui ont vécu comme Le Vasseur de Beauplan , un ingénieur et cartographe français au service de la république polono-lituanienne autour des années 1630 et 1640. Les voyageurs sont souvent français, mais pas seulement puisque l’on rencontre notamment les Allemands comme le marchand Nicolas-Ernest Kleeman qui donne Voyage de Vienne à Belgrade et à Kilianova, dans les pays des Tartares Budziacs & Nogais dans la Crimée, & de Kaffa à Constantinople pour rapporter ce qu’il a vu à la fin des années 1760 ou Hans Thoumann (professeur à Halle) qui voyage également en Crimée dans les mêmes années. Tous deux rencontrent là des populations autres  que les Tatars et en particulier des Arméniens.

Les débuts d’Odessa se font avec une présence majeure de Français, à savoir les architectes François Sainte de Wollant et Jean-François Thomas de Thonon ainsi que le gouverneur de la ville le duc de Richelieu. Le comte Auguste de la Garde décrit notamment l’épidémie de peste qui frappe la ville en 1811. Au milieu du XIXe siècle, la ville est décrite tant par le géographe alsacien Hommaire de Hell que par l'avocat Prosper Thomas (1812-1881) qui fut maire de Remiremont au début de la IIIe République ou l’économiste belge Gustave de Molinari.  

Trois pages sont consacrées aux liens qu’entretient Balzac avec les lieux et personnes vivant en Ukraine. Il fréquente en effet assidûment madame Hanska, une comtesse polonaise vivant au château de Pohrébychtche au sud-ouest de Kiev.   Le 14 mars 1850, Balzac a convolé, à l’église Sainte-Barbe de cette cité, en justes noces avec Ewelina Hanska. Balzac visite Kiev qu’il nomme « la Rome du Nord, la ville aux 300 églises ». La plupart de ses romans ont été traduits en russe et publiés dans diverses revues avant la date de son mariage. Quelques femmes apparaissent, telle l’écrivaine française Thérèse Bentzon qui visite la Crimée au début du XXe siècle ou Madame de Staël. L'ensemble constitue une approche originale des diverses caractéristiques de l'Ukraine à travers une partie de son passé.