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Écrivains en guerre 14-18 : nous sommes des machines à publier

Écrivains en guerre 14-18 : nous sommes des machines à publier
Gallimard ; Historial de la Grande Guerre 180 pages
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Avis de Alexandre : "Des hommes-machines dans une guerre technique"

De novembre 2015 à février 2016, la médiathèque principale d'Amiens a proposé une exposition intitulée Écrivains, témoins de la Grande Guerre où l'on pouvait découvrir vingt-deux auteurs douze de l’armée française, cinq de l'armée britannique et cinq de l'armée allemande.

L'ouvrage "Écrivains en guerre 14-18 : nous sommes des machines à publier" est le catalogue de l'exposition qui se tient non loin de là à l'Historial de Péronne du 28 juin au 16 novembre 2016. Les choix d'écrivains entre les deux expositions sont très partiellement communs ; en effet à l'Historial on a fait le parti pris non pas d'écarter mais de réduire la place accordée habituellement à certaines grandes figures (sur lesquels beaucoup a été écrit) au profit d'écrivains dont la production littéraire est restée limitée ou a été moins médiatisée du fait de leur décès ou pour une toute autre raison.

L'article "Construire le front littéraire" propose une affiche publicitaire de 1916 pour la publication dans L'oeuvre du Feu d'Henri Barbusse (1873-1935), un récit qui obtient le Prix Goncourt l'année suivante. De nombreux autres romanciers de la Grande Guerre, de nationalités différentes, sont évoqués. Pierre Mac Orlan était incontournable dans la mesure où il est né en 1882 à Péronne. Le surréaliste Joë Bousquet donne des œuvres marquées par la souffrance physique qu'il subit tout les jours qui succédèrent à celui du 27 mai 1918 où il fut cruellement blessé.

On sait que le Nantais Jacques Vaché est entré dans l'histoire du mouvement surréaliste, « il est au front en poète absolu, furieusement libre, doté d'un courage dénoué de toute boursuflure patriotique ou héroïque » (page 65). Georges Duhamel conteste la perte globale d'humanité, on lui doit cette phrase : « Si la civilsation n'est pas dans le cœur de l'homme, eh bien, elle n'est nulle part !».

Le lecteur découvre Fritz von Unruh à qui on doit des œuvres (romans, poèmes, pièces de théâtre) sur le conflit durant et après la tenue de celui-ci. August Stramm travaille dans les Postes impériales (où il est inspecteur) en 1914 ce qui fait dire, sur le ton de la plaisanterie au dramaturge Heiner Müller ceci : « Le seul post-moderniste que je connaisse est August Stramm qui était un moderniste et travaillait dans une poste ». On sait ce que l'on doit à Ernst Jüger pour « sa percutante analyse de la domination totale de la technique » dans cette guerre. Le saxon Wilhem Klemm exprime sa compassion aux combattants des deux camps dans sa poésie.

Parmi la vingtaine de textes, on relève un texte sur les écrivaines anglo-saxonnes qui consacrent des lignes au conflit. On trouve aussi des textes sur une demi-douzaine de poètes servant dans l'armée britannique, dont Siegfried Sassoon, connu pour sa dénonciation de la propagande de son propre pays. L'oeuvre poétique d'Ivor Gurney restera toute sa vie lié à ce qu'il vécut dans la Somme. La génése du Seigneur des anneaux est à chercher dans les longues journées d'hospitalisation de Tolkien en 1917.

Cet ouvrage consacre une très large place à l'illustration et offre la reproduction de plusieurs poèmes (que les enseignants pourront faire découvrir à leurs élèves), les écrivains présentés sont approchés sous un angle de vue précis et les textes donneront envie de découvrir certaines productions de ces auteurs.

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Alexandre

Note globale :

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