Avis de Benjamin : "Je ne viens pas prêcher la tolérance: la liberté la plus illimitée de religion est à mes yeux un droit si sacré que le mot de tolérance (Mirabeau)"
La première édition de ce livre date de 2001. L’auteur souligne que la laïcité est un atout dans l’objectif d’un vivre ensemble. Les premiers mots de l’ouvrage sont : « Certains hommes croient en un dieu. D'autres en plusieurs. D'autres se tiennent pour agnostiques et refusent de se prononcer. D'autres enfin sont athées. Tous ont à vivre ensemble. Et cette vie commune, depuis la première Déclaration des droits de l'homme, doit assurer à tous à la fois la liberté de conscience et l'égalité de droits. La liberté de conscience exclut toute contrainte religieuse ou idéologique. L’égalité de droits est incompatible avec la valorisation privilégiée d’une croyance, ou de l’athéisme. La puissance publique, chose commune à tous comme dit si bien le latin ‘‘res publica‘‘, sera donc neutre sur le plan confessionnel : ‘‘neuter‘‘, en latin encore, signifie exactement ‘‘ni l’un ni l’autre’’. Cette neutralité confessionnelle est à la fois garantie d’impartialité et condition pour que chacun, quelle que soit sa condition spirituelle (humanisme athée ou humanisme religieux par exemple), puisse se reconnaître en cette république, ou Cité, dont tous les membres se retrouvent ainsi sur le même pied d’égalité » (page 9).
Henri Penna-Ruiz entend poser les bases sémantiques, historiques et juridiques de la laïcité. L’ouvrage est divisé en les parties suivantes : le sens de l’idéal laïque, la laïcité aujourd’hui, conclusion, annexe. Dans le premier chapitre, les notions de laïcité et de cléricalisme sont développées. Le second chapitre évoque différents évènements en lien avec la théocratie. Le chapitre suivant évoque le projet d’émancipation laïque. Le quatrième chapitre expose la liberté de croyance autorisée par la laïcité. Le cinquième chapitre fait place à la question du respect de la laïcité dans l’école publique. Le dernier chapitre renvoie la laïcité à un héritage issu des Lumières.
La seconde partie ouvre sur des questions de vocabulaire, pointant notamment la différence entre le respect des croyances et le respect des croyants, ce qui renvoie à la satire de thèmes portés par un culte. Le huitième chapitre disserte sur la loi de 1905 et le Concordat. Le neuvième chapitre parle d’intégration républicaine, de ghettoïsation et d’identité. Si bien que le chapitre développe l’idée de communautarisme et d’intégrisme touchant les trois monothéismes. Le onzième chapitre pose la question de l’évocation des religions dans l’école laïque. Le chapitre suivant aborde les liens entre religion et politique, ce qui amène à évoquer la sécularisation dans les sociétés occidentales.
La conclusion renvoie à diverses questions telles que les références religieuses dans la Constitution de certains pays, la situation des femmes dans certains pays où existent certains interdits liés à des croyances, les fondamentalismes religieux, l’idéal laïque. En annexe est présentée la loi de 1905.
On sélectionnera ces phrases :
« Le retour à la laïcité, en éradiquant toute préférence confessionnelle de la sphère publique, assure aux religions une liberté et une égalité d’autant plus réelles que nulle d’entre elles, désormais, ne peut détenir les attributs de la domination temporelle commune » (page 35).
« La laïcisation […] redéfinit à la fois les fins et les formes du pouvoir politique, et le statut de l’option religieuse, reconduite à sa dimension de libre démarche spirituelle. […] Dieu […] n’est plus la puissance théologico-politique dont procédait la légitimation verticale du pouvoir temporel » (page 40).
« L’Etat laïque joint à la neutralité confessionnelle le souci de promouvoir effectivement l’autonomie de jugement de chaque citoyen. […] La laïcité n’est donc pas dissociable d’une institutionnelle patiente du travail de la pensée critique » (page 42).
« La laïcité exclut par conséquent tout privilège public accordé soit à la religion, soit à l’athéisme. Cette abstention ou neutralité de principe, situe l’Etat, communauté de droit des citoyens, hors de toute emprise confessionnelle. […] Sa raison d’être consiste à promouvoir ce qui est commun à tousles hommes, non à certains d’entre eux » (page 73).
« La distinction de la sphère privée et de la sphère publique est ici décisive, car elle permet de distinguer des lieux et des régimes d’affirmation des « différences » afin de préserver simultanément le libre choix d’une option éthique ou spirituelle, et la sérénité de l’espace scolaire ouvert à tous » (page 74).
« La manifestation de la foi dans l’espace public doit se distinguer rigoureusement de son emprise sur cet espace. La première reste évidemment possible, la seconde non. La question des frontières entre la sphère publique et la sphère privée est dès lors décisive » (page 77).
« La liberté de choisir une religion, d’en cultiver les valeurs et les exigences, doit désormais relever d’une démarche individuelle et volontaire de ceux qui le veulent bien. […] Le refus de salarier les responsables officiels du culte va de pair avec cette réassignation. Un Etat républicain ne peut salarier que ses fonctionnaires, c’est-à-dire ceux qui sont en charge du bien commun et des services publics. […] Enfin, le refus de subventionner les cultes relève d’une règle intangible de préservation du bien public, et de la déontologie qui l’accompagne » (page 155).
« La république […] accueille tous les hommes en les plaçant sur le même pied d’égalité, quelle que soit leur option personnelle. Il n’y a rien en elle qui puisse justifier l’exclusion, ou la rendre possible » (pages 169-170).
« Bref, la république laïque ne dit pas à ceux qu’elle intègre : ‘’renoncez à votre culture pour vous soumettre à une autre culture’’, mais : ‘’soyez bienvenus dans un pays où la laïcité s’efforce de tenir à distance toute idéologie particulière, religieuse ou athée, qui voudrait s’imposer à vous. […] Évidemment, cette garantie a pour condition une exigence qui s’impose à tous, sans exception : respecter la sphère publique et les lois qui la font vivre, puisque celles-ci, en principe, n’ont pour raison d’être que le bien commun » (pages 171-172).
Pour connaisseurs Aucune illustration