Avis de Benjamin : "Héloïse aime Abélard qui n’aime pas Bernard"
L’ouvrage est sous-titré Passion, passion et religion au Moyen Âge. En fait Abélard est la boule finale qui a été tapé auparavant sur trois bandes, à savoir Héloïse dans l’œil, Fulbert l’oncle de cette dernière dans son membre viril et le futur saint Bernard dans l’esprit.
Georges Minois propose en fait une relecture de la vie d’Abélard et d’Héloïse à l’ombre des ennuis que leur causèrent Fulbert et Bernard de Clairvaux. Pour l’auteur « Abélard et Héloïse occupent un rôle pionnier dans la naissance de l’individualisme » (page 406). Abélard serait non seulement le premier intellectuel à qui on voue un véritable culte au-delà d’un petit cercle de disciples mais celui qui cherche à comprendre pour mieux croire. Héloïse est une femme qui entend en savoir autant que les hommes les plus cultivés et choisir qui elle veut aimer sans passer par la case mariage.
Bernard de Clairvaux est devenu progressivement la marionnettiste de la papauté au milieu du XIIe siècle avec l’élection de son disciple Bernard de Pise comme pape sous le nom d’Eugène III en 1145. Tous les deux font d’ailleurs condamner, huit ans après Abélard, Gilbert de la Porrée l’évêque de Poitiers jugeant son approche de la Trinité et des mystères trop dialectique et philosophique, ce qui avait déjà été reproché à Abélard. Bernard de Clairvaux que la raison n’a pas à se mêler du sens des textes saints (la foi doit être reçue et non discutée) et il fait condamner tout ce qui lui semble proposer un discours non orthodoxe (promettant d'ailleurs le bûcher aux cathares).
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