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Rendez à César: L’Église et le pouvoir

Rendez à César: L’Église et le pouvoir
Flammarion 394 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Amen je te le dis, tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou (Évangile selon saint Mathieu)"

En fait il s’agit de réfléchir au départ sur le rapport de l’Église avec l’argent qui lui permet d’accomplir sa mission. Cette dernière dispose de revenus issus de la dîme (qui est un impôt), de terres provenant de dons et d’un État qu’elle possède au centre de l’Italie. L’ouvrage s’intéresse pour la période du IVe au XVIIIe siècle à la constitution de cette richesse. Ceci permet de revenir entre autre sur la pseudo-Donation de Constantin : «  le médiéviste allemand Johannes Fried, qui a récemment repris l’examen du texte (…) remarque que la tradition manuscrite est plus franque que romaine ; il propose une toute nouvelle interprétation supposant que le document auraient pu être forgé en Gaule dans l’entourage des abbés Hilduin de Saint-Denis et Wala de Corbie, qui avaient pris le parti des opposants à Louis le Pieux dans le milieu des années 830 et défendu le pape Grégoire IV des attaques dont il faisait l’objet. » (page 65)  

On apprend qu’à la dîme s’ajoutait la none (page 80) et que c’est pour compenser les spoliations commises par les souverains afin de récompenser les féodaux. On en vient ensuite à s’intéresser aux conflits et convergences entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel.

Dans le Saint Empire romain germanique, la querelle des Investitures trouve sa source dans le désir de la papauté de nommer de nouveaux titulaires aux bénéfices devenus vacants. Dans le royaume de France, on est avec les premiers Capétiens dans le cadre d’une alliance entre le souverain et le pape, aussi on aboutit à un Concordat qui favorise le gallicanisme. Lorsque la royauté s’effondre, l’Église en pâtit non seulement au niveau de ses biens mais aussi de ses fidèles. Dans la conclusion, est abordée l’action des ordres mendiants ; celle-ci finalement se révèle porteuse d’un nouveau regard économique qui résonnera dans les idées développées par la Réforme. « (…) en renonçant aux biens matériels, les franciscains ont entrepris une réflexion décisive sur la valeur de l’échange, et élaboré une conception élevée de la richesse, assimilée au bien-être collectif de la communauté civile. Dès lors que le marché et le profit sont au service de cette richesse, ils deviennent légitimes et sont justifiés par la foi ; c’est selon Pierre de Jean Olivi, "le moyen dont disposent les laïcs de contribuer selon leurs possibilités à l’édification d’une société chrétienne". » (page 345)

Non seulement l’ouvrage présente une synthèse autour des conditions matérielles dans lesquelles l’Église a vécu mais il offre des pistes très intéressantes sur l’évolution de la pensée économique au cours des siècles.

Pour connaisseurs Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

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