Avis de Benjamin : "Des réponses claires à des questions essentielles"
Cet ouvrage, abordable par des collégiens (mais intéressant pour des adultes) est illustré de façon sobre et humoristique clair pour expliquer la laïcité en France. Le contenu s’attache à vulgariser des bases conceptuelles sur le sujet. La préface est de Patrick Weil, un universitaire dont les recherches portent sur la laïcité, la nationalité et les migrants ; il fut membre de la Commission Stasi. Il écrit : « La laïcité, ce n’est donc pas une contrainte, c’est la proclamation d’une liberté individuelle, et il faut l’apprendre et la transmettre comme telle. Et pour cela, comprendre les règles de droit qui en découlent, logiques, simples et pratiques » (pages 10-11).
Les chapitres suivants se succèdent : La liberté de conscience au fondement de la laïcité, Les particularités de la laïcité à la française, Et dans les autres pays, quel est le statut de la religion par rapport à la laïcité ? , Qu’est-ce que la Commission Stasi ? Est-ce que l’État finance des écoles religieuses ? Le mariage religieux est-il autorisé ?, Pourquoi le port du voile intégral est-il interdit ?, Pourquoi condamner Dieudonné et pas Charlie Hebdo ? Peut-on, doit-on, s’appeler entre compatriotes "musulmans", "juifs", "catholiques", Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour moderniser le calendrier français ?.
Pages 26 à 29, on trouve une distinction entre quatre espaces : espace neutre, espace sacré, espace privé et espace public. Il apparaît clairement que les bâtiments publics relèvent d’un espace de la neutralité et pas d’un espace public. Plus loin, on apprend qu’aux USA le blasphème n’est pas interdit mais que la référence à Dieu est très présente au niveau individuel et collectif. On parle aussi de la devise nationale des USA "In God we trust" ; précisons personnellement qu’elle fut adoptée en 1956 et est inscrite sur les billets de banque dix ans après. Un autre cas intéressant est celui de l’Allemagne où l’individu appartient à la religion déclarée à sa naissance sauf s’il a pris la peine de la rejeter publiquement par écrit auprès de son culte d’origine.
De nombreuses pages sont consacrées à la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école publique. Il est bon de rappeler que le mariage civil date de 1792 et qu’il est obligatoire avant tout éventuelle religieuse de ce même mariage. On revient également sur la loi de 2010 qui interdit le port du voile intégral, interdiction qui relève d’une dimension sociale et non d’une application de dispositions relevant de la loi de 1905.
Pages 109 et 112, on explique bien qu’on peut critiquer une religion (le blasphème et les caricatures sont donc autorisés), mais que l’on n’a pas le droit d’injurier une communauté. Dieudonné a eu des propos incitant à la haine des juifs, il a donc été condamné. Ceci est résumé en « on peut caricaturer des idées, on ne peut pas viser des individus » (page 113). D’ailleurs Dieudonné n’est pas le seul en France à avoir été condamné pour haine raciale, Brigitte Bardot l’avait déjà été cinq fois dans les années précédant 2018.
On apprend les détails d’une proposition de la Commission Stasi. On proposait de garder le nombre de onze jours fériés, dont six sont étroitement liés à la religion catholique. Il s’agissait d’accorder un jour de fête supplémentaire différencié en rapport avec certains cultes (le judaïsme, l’islam, l’orthodoxie…).
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