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Delcouderc & Mérilhou : deux scélérats qui ont fait trembler le Périgord

Delcouderc  & Mérilhou : deux scélérats qui ont fait trembler le Périgord
Marivole 316 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Les Pieds-Nickelés bouchers en Périgord"

Rudi Meunier est un Belge  installé en Dordogne autour de l’an 2000 ; un jour il a découvert  le moulage de la tête du criminel Pierre Delcouderc dans les réserves du Musée d’art et d’archéologie de Périgueux. Elle y est conservée depuis l’exécution de ce dernier place Francheville en 1845, il faut dire que le bâtiment du musée fut jusqu’en 1860 la prison de la préfecture de la Dordogne.

Pierre Delcouderc a non seulement été le sujet de conversation des Périgourdins de 1844 à 1845, mais il est cité à plusieurs reprises dans le roman "Le moulin du Frau" d’Eugène le Roy (l’auteur par ailleurs de "Jacquou le croquant") :

« On l’a amené à Périgueux, entre deux gendarmes, les mains attachés avec une chaîne, comme un Delcouderc »   

Autour de 1900, un hebdomadaire républicain nationaliste (proche des idées de Déroulède et Barrès, il est à sa création l’organe des boulangistes) "Le Combat périgourdin" publie en feuilleton le récit de l’Affaire Delcouderc. On peut regretter que Rudi Meunier n’informe pas ses lecteurs de la sensibilité du journal. Une phrase comme celle qui suit, où on explique que Delcouderc  a de la haine pour certaines professions (comme par hasard les mêmes qu’ont les anarchistes), s’explique en fonction du lectorat auquel on s’adresse :

« il n’aimait ni les magistrats, ni les prêtres, et il lui arrivait parfois de s’écrier, en manière d’atroce plaisanterie, qu’il ne mourrait content qu’après avoir éventré un juge et un curé » (page 25)

Quand on a lu la presse de l’époque, on s’aperçoit que celle-ci ne fait preuve d’aucune déontologie et modifie, voire invente des propos à des personnages pour faire plus croustillant ou susciter une polémique avec un journal adverse. Rudi Meunier l’omettant, il faut quand même dire qu’au-delà des faits criminels avérés, les informations secondaires sur certaines pensées ou actions rapportées de Delcouderc  sont sujettes à caution. On le voit très bien avec Mérilhou où au début du récit on nous raconte ses trois seuls jours d’école (page 204) et où à la fin du récit on nous dit qu’il fréquenta l’école juste assez pour savoir lire.  Tout cela, plus l’importance globale des dialogues (très objectivement inventés), explique que j’ai classé l’ouvrage en fiction.    

Alexandrine Bedin est une fille-mère tombée dans la prostitution, elle devient la maîtresse de Delcouderc en espérant retrouver une vie honnête, elle est d’ailleurs maltraitée par lui, si bien qu’elle signalera le crime qu'il vient de lui confier et par le passé les rentrées d’argent extraordinaires de ce dernier. Léonard Thibal son comparse habituel né en 1806 et Marie Grolhier la vieille domestique de Brochard, un ancien soldat de Napoléon Ier, seront par contre ses complices dans ce meurtre en septembre 1843.  

En février 1844 Reynaud de Périgueux est retrouvé mort, avec à ses côtés un chapeau de soie noire, on identifiera son propriétaire Pierre Delcouderc qui voulait éliminer un témoin gênant du meurtre qu’il comptait perpétrer sur Desplat (qui avait dans une armoire 3 000 francs). D’après ce qu’on devine, lors de sa bagarre avec Desplat, Pierre Delcouderc perdit son chapeau, dans les documents du procès mis en ligne ici http://archives.cg24.fr/FCKeditor/upload/file/service_educ/Affaire_Delcouderc.pdf     

Pierre Delcouderc  fit une tentative d’évasion mais fut vite rattrapé et Alexandrine Bedin finit ses jours en tenant un petit commerce à Bordeaux, Léonard Thibal avait caché son magot mais après ses dix ans de prison il découvrit que sa femme s’en était emparé avant de partir au loin.                              

L’autre cas exposé est celui d’un personnage Mérilhou qui a tendance à confondre chasser le gros gibier et chasser l’homme riche. Dans cette affaire on est en plein univers périgourdin rural "profond" autour de l’année 1880. L’assassin tue pour vivre (sic) et il n’hésite pas à porter les objets qu’il a dérobés, y compris le pantalon qu’un homme portait sur lui quand Mérilhou l’a assassiné.  Mérilhou s’évite la guillotine en se pendant dans sa cellule.

L’intérêt de l’ouvrage signé Rudi Meunier est qu’il nous montre comment en 1900 une presse populaire pouvait raconter des affaires criminelles. C’est à la Belle Époque que la France compte le plus de journaux, que ce soit pour adultes ou pour enfants.

 Il est toutefois dommage que pour un tel sujet, il n’est pas reproduit les pièces de justice disponibles aux archives départementales. Nous avons donné le moyen d’en connaître un certain nombre pour Delcouderc, mais les archives départementales de Périgueux n’ont pas fait le même travail pour Mérilhou.   Rudi Meunier fournit des documents comme les portraits de certains protagonistes qu’il est allé chercher dans un autre fonds que celui des journaux. Il propose des notes intéressantes tant autour des lieux, que des personnes, que du vocabulaire local de l’époque.

Pour tous publics Peu d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

734 critiques
10/09/17
Il y a 40 ans, la dernière exécution capitale en France. Le 10 septembre 1977, Hamida Djandoubi, Tunisien de 27 ans, est guillotiné à Marseille pour avoir exécuté, après torture, son ancienne gagneuse qui avait refusé de se prostituer.
http://www.petitbleu.fr/article/2017/09/10/75664-40-ans-derniere-execution-capitale-france.html
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