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Les pieds bandés

Les pieds bandés
Kana128 pages
1 critique de lecteur

Avis de Xirong : "Pieds bandés depuis les Song jusqu'aux Qing : sept ans de malheurs en bandage sur sept siècles de souffrances"

Li Kunwu est un Chinois du Yunnan, une province du sud-est de la Chine frontalière du Vietnam et du Laos. L'auteur a l'habitude de raconter des pans d'histoire de la Chine du XXe siècle à travers son propre vécu ou celui de personnes qu'il a rencontrées. Ici il essaie de reconstituer tous les événements qu'a pu traverser Chunxiu sa nounou née dans les dernières années de l'empire mandchou (dit des Qing), des indications page 98 et 102 nous permettent de deviner que c'est en 1896 qu'elle vit le jour. Est abordée sur une trentaine de pages la question du bandage des pieds, à la fois du point de vue pratique et psychologique (pour celle qui subit cette mutilation et pour ceux qui lui imposent. Il faut savoir que jusqu'à la fin des années 1970, on pouvait rencontrer soit en Chine continentale, soit à Taiwan des femmes dont on avait bandé les pieds au tout début du XXe siècle. Si pour les femmes, avec l'arrivée de la République c'est la fin des pieds bandés, pour les hommes c'est l'obligation de se couper la natte qui s'impose petit à petit. Ce qui était mesure discriminatoire dans ce mode de coiffure, pour les seuls Han (c'est-à-dire Chinois de l'ethnie majoritaire) de la part des Mandchous (qui imposèrent cette mesure lors de leur prise du pouvoir au XVIIe siècle) était d'ailleurs devenu un caractère identitaire auquel on rattachait des vertus énergétiques. On rappelle au besoin, que moins gênante il est vrai, existait aussi pour les femmes le bandage des seins car de petits seins étaient un signe de beauté. Toutes les filles à se voir bander les pieds n'appartenaient pas à une élite de fonctionnaire ou à des familles de marchands, bref toutes n'eurent pas par la suite une vie où leurs déplacements pouvaient s'économiser. Chunxiu eut une vie de paysanne, de plus violée elle voit un mari aimé la quitter car elle ne pourra avoir d'enfants (n'oublions pas l'importance pour les Chinois d'avoir des descendants pour s'occuper de vous par des prières après votre mort). Si sous la république du Guomintang (de Tchang Kai Schech) la pratique des pieds bandés s'arrêtent, celles qui l'ont subie ne sont pas discriminées pour autant. Par contre au moment de la Révolution culturelle, celles qui ont des petits pieds sont systématiquement assimilées à la fois à un ordre ancien mais également aux anciennes classes dirigeantes. Or on a vu que Chunxiu était une paysanne d'origine modeste et même devenue pauvre après le départ de son mari. Le père du narrateur n'hésite d'ailleurs pas lui non plus de la traiter de "vieillerie féodale" lorsqu'il apprend, lui le chef du parti communiste au niveau régional, que Chunxiu raconte l'épopée du "Roi-singe" à ses enfants. Voilà une histoire touchante qui permet de mieux comprendre l'évolution des mentalités chinoises tout au long des trois premiers quarts du XXe siècle. Le graphisme en noir et blanc est d'un style caricatural soigné, le décor est fouillé.

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

Par - 598 avis déposés - lecteur régulier

734 critiques
02/05/17
Exposition consacrée à Li Kunwu au musée Toulouse-Lautrec d'Albi, jusqu'au 14 mai 2017.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/tarn/albi/vie-chinoise-li-kunwu-au-musee-toulouse-lautrec-1244425.html
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