Le sort des autres: Le sauvetage des enfants juifs à la frontière franco-suisse

Alors  que l’on a trop souvent à se plaindre de l’absence de carte, de l’inadéquation d’une carte avec la période historique traitée ou de l’illisibilité de la carte reproduite, on se doit de signaler le fait qu’ici on trouve sept cartes dont trois servant à agrandir la zone frontalière entre le canton de Genève et la zone non occupée de la France. En effet il n’y a plus que ce canton et celui très montagneux du Valais qui sont en contact avec jusqu’en novembre 1942 la zone libre et de décembre 1942 à septembre 1943 avec la partie de l’hexagone occupée par les Italiens. Par ailleurs, de nombreuses illustrations, la plupart d’époque parsèment l’ouvrage.

L’ouvrage "Le sort des autres" entend mettre en valeur le rôle que l'OSE (l'Œuvre de Secours des Enfants) fit en 1943 de faire passer en Suisse de jeunes juifs venant de quart sud-est  de la France (où ils s’étaient réfugiés pour la plupart) que le remplacement des soldats italiens par des soldats allemands mettaient en danger. Actuellement un film Le voyage de Fanny se propose d’adapter le récit dit autobiographique de celle qui s’appelle aujourd'hui Fanny Ben-Ami, et semblerait être à l’époque une des trois filles Eil. Ce récit, sur lequel planeraient quelques invraisemblances, est paru aux éditions du Seuil en 2011 sous le titre de Journal de Fanny et en 2016 sous le titre du Voyage de Fanny. L’héroïne est prise en charge par l’OSE mais les circonstances font qu’âgée d’une douzaine d’années elle va devoir prendre en charge le passage de la frontière franco-suisse d’un groupe d’enfants. Les fans du Village français se rappellent que dans cette fiction le policier Jean Marchetti aide la femme qu’il aime (et leur enfant) à passer la frontière suisse entre le département du Doubs et le canton de Neuchâtel. 

Ici il s’agit d’évoquer, non l’ensemble des enfants juifs recueillis en Suisse en l’absence de leurs parents mais ceux qui traversèrent  la frontière avec l’aide d’un groupe dirigé par Mila Racine.  Mila est un surnom et cette femme se prénommait en fait Myriam. L’auteure parle de 274 enfants et en annexe elle donne les dates des convois ainsi que les déclarations faites par les enfants lorsqu’ils sont entrés sur le territoire helvétique. Ils donnent leur véritable identité et des informations sur les lieux où ils ont vécu. Pour le convoi du 17 août 1943 on a une liste de 11 jeunes, suivent des convois du 28 août 1943, 6 septembre 1943, 8 septembre 1943, 12 septembre 1943, 14 septembre 1943, 21 septembre 1943, 23 septembre 1943, 24 septembre 194, 28 septembre 1943, 29 septembre 1943, 4 octobre 1943, 7 octobre 1943, 12 octobre 1943, 14 octobre 1943, 18 octobre 1943, 20 octobre 1943. Toujours en annexe  un texte sur les conditions générales d’accueil des réfugiés en Suisse de la prise de pouvoir d’Hitler à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec le rappel que le Rapport Bergier (établi à la demande du Conseil fédéral et publié en 1999) manque d’éléments statistiques.  

Fin octobre 1943, bien que cela ne soit pas écrit explicitement Mila Racine et son groupe furent arrêtés par les Allemands du fait de la duplicité du passeur. Déporté en Allemagne, sous sa fausse identité Marie-Anne Racine née à Boulogne, elle ne révéla pas sa véritable identité et semble avoir été prise par les Allemands pour une passeuse. Elle meurt à Mauthausen début 1945 dans des circonstances étonnantes. Elle était née fin 1919 à Moscou dans la jeune Russie soviétique  et ses parents émigrèrent en 1926 à Paris.