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Sauvé d’Auschwitz par l’Assistance publique

Sauvé d’Auschwitz par l’Assistance publique
Cercil 182 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Peu d’enfants juifs ont eu la chance d’être confiés à l’Assistance publique au début des années 1940"

L’Assistance publique de Paris, fut une administration qui sut protéger ses pupilles. Il n’y a pas qu’une seule administration d’aide sociale à l’enfance, et il faudrait mener des enquêtes au niveau d’autre départements que la Seine, voir à ce propos d’Ivan Jablonka Ni père ni mère. Histoire des enfants de l’Assistance publique 1874-1939 ; l’auteur a d’ailleurs écrit aussi l’histoire de ses grands-parents juifs polonais communistes déportés à Auschwitz en 1943 dans Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus.

Les chiffres donnés par Serge Klarsferd (en se basant sur une recherche universitaire menée par Antoine Rivière) sont là pour le prouver. Sur les 159 enfants juifs, non repris temporairement par leur famille, seuls 2 ont été déportés. La tradition de protection de l’anonymat des origines était forte dans cette administration et cela a considérablement dû aider dans cette réussite.  

Charles Waserscztajn a été confié à l’Assistance publique en décembre 1940 alors qu’il n’avait pas tout-à-fait cinq mois. Ce n’est qu’en 2001 qu’il s’est intéressé à son passé à l’Assistance publique et un peu plus tard à connaître ses parents.

Charles Waserscztajn est l’enfant d’un couple non marié (du fait de sa situation illégale en France) de juifs polonais. Ceux-ci sont nés avant 1919 et on aurait aimé que l’auteur nous précise dans quelle partie de la Pologne ils sont nés. Radom (indiqué sur la carte à la limite des deux zones d'occupation) est le lieu de naissance de la mère, cette dernière nait donc officiellement au centre de l’état fantoche de Pologne créé par l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie sur les débris de la Russie; le père voit le jour à Szydowiec  (et non Szydowice  comme indiqué page 13) en 1911 alors partie de la Pologne tzariste et près de Radom.

Entre 1917 et 1918, pour le bleu clair la partie de l'état polonais fantôche occupée par les Allemands et pour le vert clair la partie occupée par les Autrichiens. Cette carte n'est pas dans l'ouvrage. 

Si sa mère est arrêtée en septembre 1942 à l’Hôtel-Dieu où elle est hospitalisée puis conduite à Drancy, son père est victime de la Rafle dite du Billet vert en mai 1941 et envoyé au camp de Pithiviers et a été déporté en juin 1942. Le narrateur est placé dans le Loir-et-Cher entre 1940 et 1947. Sa cousine, secrétaire de Léon Blum, fait intervenir ce dernier afin que Charles intègre la famille de sa tante. Toutefois il reste statutairement pupille de l’Assistance publique et il ne sera jamais pupille de la Nation comme son histoire familiale le demandait.  Arrivé  le 26 décembre 1947 chez son oncle, marchand de chaussure dans le XXe arrondissement à Paris, il est envoyé début janvier comme interne dans un collège privé situé à Monthléry  (aujourd’hui dans l’Essonne). Même s’il y rejoint les enfants de son oncle, il trouve cette décision peu pertinente compte-tenu de son vécu antérieur. Cela se traduit par une grande indiscipline dans cet établissement.  Ses parents adoptifs s’installant à Brunoy  (aujourd’hui dans l’Essonne), Charles fréquente l’école communale à partir de la rentrée 1951 et trouve un certain plaisir à apprendre grâce à ses nouveaux maîtres.

Sa scolarité terminée, il entre dans le commerce de la chaussure dans un magasin de son oncle. Le récit se termine par divers évènements qui montrent que le narrateur a tenu à construire une famille se réclamant de la judéité et combien le drame de la Shoah a pesé sur le développement de sa personnalité.

Des contributions historiques composent la deuxième partie de l’ouvrage. Antoine Rivière commente longuement les pièces du dossier de l’Assistance publique de Charles entièrement reproduites ici. Des documents administratifs concernant le père de Charles Waserscztajn sont proposés et c’est l’occasion pour Catherine Thion de revenir sur les circonstances de la Rafle du Billet vert. Les lieux de conservation des archives consultés sont présentés, cela peut aider quelqu’un qui souhaiterait commencer des recherches. Peu de gens savent que Caen est la ville où sont conservées les archives des victimes des conflits contemporains.  Une fois de plus, que ce soit en littérature de jeunesse qu’en livre pour adulte, le CERCIL édite un ouvrage mémoriel des plus intéressants et n’hésite pas à proposer une iconographie très abondante et très variée. Alors que tant d’éditeurs commerciaux proposent des ouvrages historiques avec aucune reproduction de documents ou dans des tailles qui nécessitent l’emploi d’une loupe pour être lisibles, il faut féliciter le CERCIL (basé à Orléans où il gère entre autre le Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv) pour avoir compris que le lecteur de livre d’histoire aime avoir sa propre lecture de reproduction d’originaux.   

coup de coeur !

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Benjamin

Note globale :

Par - 465 avis déposés - lecteur régulier

734 critiques
16/03/17
Mardi 21 mars 2017 à 18h à Orléans – Cercil-Musée Mémorial Inauguration de l’exposition Un regard sur l’immigration et l’intégration des Juifs en France de 1880 à 1948 tenue jusqu'au 21 mai 2017.
Inauguration suivie par une conférence L’immigration juive en France de 1933 à 1962 : une perspective transnationale
par Laura Hobson Faure
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