Avis de Alexandre : "Un territoire de nombreux passages clandestins"
La particularité du Jura, durant la première partie de l’Occupation, est unique. En effet ce département franc-comtois est divisé en trois espaces : zone d’occupation, zone réservée et zone libre. Ceci est dû en particulier que la Loue et le Doubs servent à marquer des limites de zone. Sur un parcours de 1 200 km, la ligne de démarcation entre zone nord et zone sud en compte 120. On est là dans l’univers géographique de l’excellente série filmique Un Village français.
L’existence de la ligne de démarcation engendre les premiers actes de Résistance puisque des passeurs vont aider notamment des Alsaciens désireux de ne pas vivre dans une région annexée par le IIIe Reich et des évadés des camps de prisonniers. En février 1941, les soldats sont remplacés par des douaniers bien plus tatillons face aux papiers et munis de différents aides (dont des chiens). Dans le Jura, bien que la zone libre ne touche dans le Jura aucune partie du territoire suisse, certaines communes en sont proches et des villages de la zone interdite sont frontaliers avec la Confédération helvétique. C’est le cas en particulier de la commune de La Cure où l'hôtel Arbez sert de lieu d'hébergement et de passage à des fugitifs, tout en servant des repas aux militaires allemands chargés de surveiller la frontière. L’escalier commence en France, mais à partir de la 7e marche on passe en Suisse, donc l’étage est dans ce dernier pays.
Marie-Claude Pelot distingue heureusement les laissez-passer (valable une journée et délivré notamment au personnel médical) des ausweis et elle retrace les évolutions que connaissent ces derniers. Les passages clandestins sont réprimés différemment selon qu’il s’agisse de nourriture ou de qualité d’une personne (agent de réseau de Résistance, juif, prisonnier de guerre, aviateur anglais…).
Elle explore toutes les dimensions du passage des lignes : caractéristiques des passeurs, tracés évolutifs de ligne de démarcation, lieux précis de franchissement, populations désirant fuir une zone pour une autre. Elle réalise un travail d’historien d’une rare qualité, s’appuyant sur des témoignages écrits voir oraux, un recours à diverses archives, un appui sur plusieurs études d’une rigueur historique incontestable. Les illustrations sont assez nombreuses et dépeignent magistralement l’univers géographique et culturel touchant le sujet étudié.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations