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Les zazous

Les zazous
Grasset215 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Ohohohoho, je suis swing, je suis swing, zazou zazou zazouzazoudé yeah!"

L’ouvrage Les zazous, paru en 1977, dresse un portrait d’une certaine jeunesse française active entre 1941 et 1944. Celle-ci développe une contre-culture face aux attentes vichystes pour la nouvelle génération. Dans son message aux jeunes du 29 décembre 1940, le Maréchal Pétain proclamait d’ailleurs: «Vous payez des fautes qui ne sont pas les vôtres» et son gouvernement entendait bien embrigader, notamment par les biais de l’enseignement et des chantiers de jeunesse, les Français les moins âgés.

L’auteur montre combien le jazz est l’élément moteur de ce mouvement, alors que certains ne le caractériseraient aujourd’hui essentiellement que par une excentricité vestimentaire jointe à une coupe de cheveux extravagante (cheveux longs et décolorés). La faute en est d’ailleurs en partie à la chanson ironique Ils sont zazous, avec des paroles de Maurice Martelier et une musique de Johnny Hess. Ce dernier est par ailleurs l’auteur (avec André Hornez) de l’oeuvre musicale Je suis swing.

Cette dernière, sortie en 1938, propose en particulier ce texte: « Maintenant pour être dans la note, il faut du swing, le swing n’est pas une mélodie, le swing n’est pas une maladie, mais aussitôt qu’il vous a plu, il vous prend et n’vous lâche plus... Ohohohoho, je suis swing, je suis swing, zazou zazou zazouzazoudé yeah! je suis swing, oh je suis swing, c’est fou c’est fou c’que ça peut m’griser.»

Voici un extrait des paroles d’Ils sont zazous :

«Les ch'veux frisottés
Les col haut de dix-huit pieds
Ah! Ils sont zazous!
Le doigt comm"ça en l'air
L"veston qui traîne par terr'!
Ah ! Ils sont zazous!
Ils ont des pantalons d"une coupe inouïe
Qui arrive un peu en d'ssous du g"nou
Et qu'il pleuve ou qu"il vente, ils ont un parapluie
Des gross's lunett"s noires, et puis surtout
Ils ont l'air dégoûté
Tous ces petits agités
Ah ! Ils sont zazous!»

La fine fleur de la Collaboration attaque, parfois même physiquement, ces jeunes et certains d’entre nous ont pu voir, dans le rappel des actualités de l’époque, que le  21 avril 1944, lors de la réunion de la LVF, Jacques Doriot les stigmatiser ainsi: « Avoir 20 ans, vivre à l'époque la plus grandiose de l'histoire humaine et faire le "zazou" physiquement, moralement… Quelle décrépitude, quelle déchéance! ». Par ailleurs, comme l’illustre la couverture de l’ouvrage, un des mots d’ordre du mouvement de jeunesse du Parti populaire français (dont le chef est justement Jacques Doriot) est « Scalpez les zazous !». Ajoutons personnellement que Raymond Asso (amant et auteur de chansons pour Édith Piaf) est le premier, le 18 décembre 1941, dans les pages littéraires du journal collaborateur La Gerbe (d’Alphonse de Châteaubriant) à utiliser le qualificatif péjoratif de "zazou" dans un texte écrit.

Jean-Claude Loiseau donne (page 195)pour, parmi les derniers à être étiqueté "zazou" Yves Montand qui, en février 1944, porte sur scène une veste à carreaux et chante Dans les plaines du Far West ainsi que Jean Marais pour ses tenues alors qu’il joue Andromaque de Racine. Largement auparavant, il s'est attardé assez longuement sur la place de Charles Trénet dans l'univers culturel zazou.

Notre auteur pointe fort à propos que l’on a, dans les zazous, des jeunes issus de familles aisées s’étant enrichi particulièrement dans le Marché noir. Le contenu de ce livre est fort intéressant mais on peut lui reprocher de ne pas donner plusieurs fois les noms de ses témoins.

Pour tous publics Quelques illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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