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Du sang bleu dans les tranchées

Du sang bleu dans les tranchées
Vendémiaire670 pages
1 critique de lecteur

Avis de Octave : "Jules Pélisse et Bernard de Ligonnès comme officiers au 75e RI de la Drôme adhèrent (sic) à la Belle Époque, pour lequel ce fut chameau de mourir au Val-de-Grâce en 1915?"

C’est notre arrière grand-père, né à un an près comme Bernard de Ligonnès, qui fut transporté au Val-de-Grâce pour y mourir après avoir été blessé lors des offensives de fin 1915 en Champagne, qui décéda.  Afin de lever toute ambiguïté sur notre titre, Jules Pélisse trouva dur de mourir en laissant quatre orphelins (dont trois déjà orphelin de mère), l’aîné  venant d’ailleurs de s’engager à 17 ans était dans son régiment basé à Romans au moment où Jules décède mais les autres étaient nettement plus jeunes.  

Les Ligonnès sont des gens bien plus résistants en temps de guerre  puisque ce Lozérien ne périt qu’en 1936. Il n’est pas le seul de sa famille à être cité ici puisque son cousin, évêque de Rodez, l’est aussi qui n’hésite pas à qualifier l’élan patriotique d’août 1914 comme une manifestation de l’esprit chrétien dans une conception personnelle de l’union sacrée.  Bernard de Ligonnès en conflit avec des sous-officiers républicains de son unité, basé à Romans, avait demandé un congé de trois ans en 1912 et ne reprit une carrière militaire que du fait de la déclaration de guerre d’août 1914.

Bertrand Goujon pour "Du sang bleu dans les tranchées" a travaillé en particulier sur une cinquantaine de récits de mémoires de combattants de la noblesse française, dont celui de Bernard de Ligonnès, qu’il a la maladresse de classer dans sa bibliographie du nom de celui qui le présente de façon concise, il ne peut commettre ensuite heureusement ce même choix détestable qu’avec uniquement Alfred de Gramont. Tous ces écrivains ne portent d’ailleurs pas la particule, comme le général Lanrezac (wikipedia nous apprend que sa famille l’a volontairement dissimulé sous la Terreur et ne l’a pas reprise ultérieurement).

Comme le rappelle Bertrand Goujon les premiers films de fiction sur la Grande Guerre choisissent souvent comme un des personnages principaux un aristocrate et il cite, comme tourné en 1915 "Le héros de l’Yser" ; nous rajouterons personnellement que le film le plus connu produit sur le sujet, à savoir "La grande illusion"  de Jean Renoir retient l’attention par son face à face entre le capitaine de Boëldieu et le commandant von Rauffenstein.      

Pour continuer à être des notables dans leur province, nos hobereaux ont perçu le capital-symbolique qui s’offrait à eux en pouvant présenter une expérience de guerre au service d’une France dont pourtant généralement ils n’aiment pas les dirigeants laïcs. Les élections législatives de 1919 et sénatoriales verront le retour au parlement d’une proportion de nobles qu’on ne connaissait plus depuis les années 1880 ; le Calvados se donne comme député l’ancien commandant et comte d’Harcourt.

Les descendants des généraux napoléoniens réussissent d’ailleurs à se faire une place avec par exemple le comte Joachim Murat (député du Lot où on compte trois députés de droite sur trois entre 1919 et 1924) et François Reille-Soult (député du Tarn jusqu’en 1962 avec une toute petite interruption, au côté de deux monarchistes à particule de 1919 à 1924). Des généraux issus de la noblesse sont élus comme le général de Maud’huy (en Moselle) ou le général de Castelnau (pour l’Aveyron), à qui on doit d’avoir adressé au général Pershing la phrase "Puissions nous abreuver ensemble nos chevaux dans le Rhin !". Notre auteur oublie de parler du bonapartiste Paul de Cassagnac qui, de septembre 1914 à début 1919, est à l’État-major ; ce dernier est député du Gers sous la Chambre bleue horizon.  

Le désir de mettre ses bottes dans celles des ancêtres est également fort et des journaux signalent par exemple que le caporal Pierre de Chotaux tombe à Craonne où son arrière-grand-père (le maréchal Victor) juste un siècle avant avait été blessé. On apprend que c’est en vain que Xavier de Cathelineau propose de trouver un corps de volontaires pris parmi les paysans de l’Ouest non mobilisés, réitérant une initiative de son père lors de la Guerre de 1870 (idée assez surréaliste car la proportion de mobilisés a considérablement grossi entre 1870 et 1914). Bertrand Goujon rappelle le parcours très atypique après-guerre de Louis de Cazenave, originaire de Haute-Loire, qui fut l’avant-dernier poilu survivant et le dernier soldat à avoir combattu au Chemin des dames (page 572).

Page 475 deux tableaux évaluent par année et par arme les pertes chez les aristocrates français, elles seraient de 1 559 et on voit très bien l’importance des morts dans la cavalerie, l’artillerie et l’aviation (par rapport au pourcentage des morts dans ces armes pour la totalité de la population). Par ailleurs les trois-quarts d’entre eux décèdent avec le grade d’officiers, les autres morts se répartissent équitablement entre d’une part sous-officiers et d’autre part caporaux et soldats réunis. Outre une introduction, un précieux index des personnes nobles citées, une bibliographie remarquablement bien construite, sont proposés dans "Du sang bleu dans les tranchées" neuf chapitres intitulés : de l’effervescence de la Belle Époque à la ferveur de l’union sacrée, les illusions perdues de l’été 1914, la guerre quand même, un rang à tenir, prendre le large…     

Pour connaisseurs Peu d'illustrations Plan thématique

Octave

Note globale :

Par - 461 avis déposés - lecteur régulier

461 critiques
20/10/16
Portes ouvertes au fort de la Malmaison 23 octobre 2016;

A l'occasion du 99e anniversaire de la bataille du fort de la Malmaison, (re)découvrez les vestiges du fort accompagné par un guide de la Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames.

Deux visites à 10h30 et 14h30, d'une durée 1h30.
Billet à retirer le jour même à la Caverne du Dragon.

Renseignements et réservation :
La Caverne du Dragon, Musée du Chemin des Dames
RD 18 CD - 02160 OULCHES-LA-VALLÉE-FOULON
Tél. : 03 23 25 14 18 / caverne@cg02.fr
734 critiques
05/04/21
En 1908, les Dupont de Ligonnès acquièrent le château de Ressouches situé sur la commune française de Chanac en Lozère
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