Avis de Benjamin : "Sens giratoire plutôt qure sens unique"
Patrick Weil a été membre de la Commission Stasi. Dans l’introduction de ce livre, il rappelle les attentats de 2012 à Montauban et à Toulouse, ainsi que ceux de 2015 autour des caricatures de Charlie Hebdo.
Des divers chapitres, on retiendra notamment les idées qui suivent. La France a mené depuis le début du XIXe siècle une politique d’immigration très dynamique, vu le manque important de main d’oeuvre dans l’hexagone. Ce n’est qu’avec l’arrivée au pouvoir de Giscard d’Estaing au milieu des années 1970 que les objectifs en matière d’immigration changent considérablement. Patrick Weil raconte d’ailleurs que l’idée première du nouveau président était de faire comme dans les années Trente, à savoir renvoyer nombre d’étrangers. Vu que la plupart de ces derniers avaient des enfants de nationalité française, cela se heurta à cet obstacle.
Patrick Weil revient sur les abolitions succesives de l’esclavage en France (1794 puis 1848) et sur la politique coloniale de notre pays. On relèvera cette phrase de Lyautey, au sujet de la réception du projet de Clemenceau de 1919, en disant long sur l’esprit d’une bonne part de la population d’origine européenne d’Algérie : « Je crois la situation incurable, les colons français ont une mentalité de pur Boche avec les mêmes théories sur les races inférieures destinées à être exploitées sans merci, il n’y a chez eux ni humanité ni intelligence » (page 62).
Selon Patrick Weil, l’identité nationale française repose sur quatre piliers. Le premier est l’égalité devant la loi, le second est la langue française, le troisième la mémoire de la Révolution française et le dernier la laïcité. Il pense que certains Français se sentent menacés par un ou plusieurs groupes de leur concitoyens, à savoir possiblement les métèques, les juifs, les protestants ou les francs-maçons.
Notre auteur revient sur la question des menus dans les cantines scolaires et sur la tenue des accompagnatrices lors des sorties scolaires. Au sujet de l’Affaire de la crèche Baby-Loup, il s’étonne naïvement que des parents puissent vouloir une nounou qui soit neure du point de vue religieux car le but d’une nounou est de dispenser des soins attentifs à des jeunes enfants. Cette tolérance avancée par Patrick Weil remet en cause aujourd’hui tout un dispositif législatif. Par contre l’auteur s’étonne que Coulibay, dans une certaine presse, ait été déclaré marié avec une de ses complices présumées alors qu’un mariage religieux en France doit être précédé par un passage devant le maire, ce qui n’avait pas été le cas.
Pour lui « ce qui fait l’islam de France, ce n’est pas une doctrine, ce sont des hommes et des femmes avec des parcours de citoyens confrontés à la nécessité d’accompagner leur foi, en toute liberté » (page 117). Il poursuit rn menant une réflexion sur la religion comme instrument de refuge. Vers la fin de son essai, Patrick Weil avance que « la laïcité c’est d’abord une liberté, par exemple la possibilité de ne pas devoir se tourner vers la religion parce qu’elle deviendrait un refuge, parfois le seul refuge, si l’on se sent rejeté par la société, si l’on ne trouve pas de place dans l’espace – laïque– professionnel. Durkheim distinguait deux types de pluralisme : l’un est le produit d’un attachement à une culture d’origine lorsque "des individus se trouvent avoir en commun des idées, des intérêts, des sentiments, des occupations que le reste de la population ne partage pas avec eux" ; l’autre, à l’inverse, est le produit d’une discrimination, ce que Durkheim appelait une "division du travail contrainte" qui empêche des individus "d’occuper dans les cadres sociaux" et, j’ajouterais, leur désir » (pages 131-132).
Pour connaisseurs Aucune illustration