Avis de Ernest : "L’abîme des migrations juvéniles"
La question du devenir de jeunes mineurs sans famille présents dans notre pays commence à se poser à la fin des années 1970 avec les boat-people issus de l’ancienne Indochine. Ce problème a connu une inflation des chiffres en matière de personnes accueillies et est progressivement devenu un sujet de société et un enjeu politique.
Cet ouvrage est le fruit deux jours de colloque tenus les 9 et 10 décembre 2021. Le thème en était : "Accueillir les mineur.es non accompagné.es en Seine-Saint-Denis. Retour d'expérience sur une recherche action". Les communications ont été regroupées en trois univers : Entrer dans la protection de l’enfance, Accompagner, Rendre autonome. En plus de deux introductions et d’une conclusion, ce sont 23 communications qui sont offertes. La bibliographie est très ample, elle couvre dix pages.
Le public évoqué est celui des jeunes migrants mineurs non accompagnés arrivant sur le sol national. Notamment la proximité du département de la Seine-Saint-Denis avec l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle fait que ce département compte le plus de jeunes dans cette situation, d’ailleurs le tribunal de Bobigny est la juridiction compétente pour le contentieux de l’entrée irrégulière aérienne. C’est également un département qui compte en son sein 30% de population immigrée, donc avec des structures sociales existantes.
La prise en charge de ces jeunes relève du département à partir de 2016, avec une aide de plus en plus parcimonieuse de l’État. Depuis 2013, une répartition entre les territoires est progressivement mise en œuvre, toutefois l'orientation ne se met en place qu’après que l’ordonnance de placement soit entrée en action. L’Aide sociale à l’enfance, dans le 93, comptait dès 2019, un tiers de ses suivis qui concernait des jeunes migrants mineurs non accompagnés.
Cet ouvrage permet en particulier de suivre le cheminement administratif qui permet ou ne permet pas d’obtenir pour un jeune le qualificatif puis de découvrir les modalités existantes de l’accompagnement mais aussi de réfléchir à la reconstruction psychologique en jeu et à l’avenir possible une fois atteint les 18 ans.
Il se pose plusieurs problèmes notamment de la non-adéquation entre les moyens financiers et humains alloués et les besoins, le fossé entre les directives issues des politiques migratoires étatiques restrictives et les politiques départementales visant à la protection des jeunes, les modalités et les conséquences de l’évolution des prises en charge, le fait la délivrance d'un titre de séjour est loin d'être acquis à la majorité même avec une promesse d’embauche.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations