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Tous drogués

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1 critique de lecteur

Avis de Patricia : "Des découvertes de la chimie au service des militaires"

L’ouvrage porte essentiellement sur les conditions dans lesquelles des combattants prirent des substances ayant un effet sur leur cerveau entre 1939 et 1945. L’éphedra sinica  (草麻黄 cǎo máhuáng) est un arbrisseau utilisé depuis longtemps dans la pharmacopée chinoise. Il contient des alcaloïdes qui accélèrent la fréquence cardiaque, dilatent les bronchioles, et provoquent une contraction des vaisseaux sanguins. Sa zone d’origine est la Mongolie et la Mandchourie et ses lieux de prédilection sont les montagnes arides. Un Japonais Nagayoshi Nagai parvient en 1887 à isoler l’élément actif et six ans plus années plus tard à partir de l’éphédrine, il synthétise le méthamphétamine. C’est un stimulant puissant qui crée rapidement un état d'euphorie semblable à celui procuré par la cocaïne, mais sur un temps plus long. Dans un chapitre particulier, l'auteur évoquera notamment le fait que les kamikaze étaient plus drogués que fanatiques et que leur usage du philopon fut massive dans toutes les armes de ce pays (armée de terre, de mer et aviation). 

La substance est commercialisée, pour dégager les bronches, dès début 1938 en Allemagne sous les noms de Pervitin ("pour la vie" en latin), par le laboratoire Temmler et Isophan.Toutefois ce produit passe bientôt dans la catégorie des drogues.Ranke, directeur de l’Institut de physiologie de l’Académie de médecine militaire de Berlin, encourage son emploi dans un premier pour les conducteurs d’engins terrestres motorisés et les unités de chars de Guderian en sont dotés pour les campagne de Pologne et de France.

Très méticuleusement, Claude Delhez passe en revue (sic) les divers personnages (dont Rommel) et divers fronts où on fit usage de la pervertine ou d’autres psychotropes (pour les Italiens, ce fut la simpamania) durant la Seconde Guerre mondiale. Le contenu est toujours rempli d’anecdotes savoureuses et significatives comme celle ayant trait au soldat finlandais Aimo Allan Koivunen (17 octobre 1917 - 12 août 1989) qui a eu le premier cas d’overdose connu de ce produit, tout en échappant à la mort (pages 193-194). Koivunen, pris en 1944 sous le feu des soviétiques et gardant ses gants (vu la froid ambiant) a eu du mal à sortir une seule pilule du tube de pervertine, aussi il a ingurgité les trente capsules qu’il contenait. Après cette prise, il est entré dans un état de délire et a perdu connaissance puis a alterné les moments de conscience et ceux où il avait des hallucinations.  Il a skié plus de 400 km en deux semaines, il a été retrouvé et a été admis dans un hôpital, où sa fréquence cardiaque était mesurée à 200 battements par minute, soit le triple du rythme cardiaque humain moyen (voir pour les détails https://www.youtube.com/watch?v=8kqoMX2wtmI).  

L’auteur évoque également la consommation des travailleurs des industries de guerre, un phénomène significatif en Allemagne et très conséquent aux USA. En Corée, au Vietnam, comme en Irak, les GI’s firent usage notamment de dextromphétamine ou dexedrine, mais ce sont les pilotes d’avion qui, en proportion, sont le plus touchés par cette dernière. Mêlant pendant plusieurs années le bourbon et la dexedrine, le général américain Walter Bedell Smith meurt en 1961. Pour les Français,  maxiton et modafinil furent consommées à diverses époques dans les armées, par exemple lors de la Guerre du golfe ce fut le modafinil.    

Un chapitre est heureusement consacré à l’usage de divers psychotropes par des étudiants, travailleurs, responsables politiques, écrivains et artistes. Là encore, on est sidéré par certaines informations portées dans ce livre. Ainsi les nombreux admirateurs du Magicien d’Oz, apprendront-ils  que la jeune Judy Garland et toute l’équipe du film se firent imposer la prise de benzeredine durant le temps de tournage du film afin de supporter le rythme imposé de travail. La première avait droit de plus à des injections d’adrénaline, on n’est plus surpris que Judy Garland soit morte des suites d'une prise excessive de barbituriques  (page 222). L’antépénultième chapitre est destiné à regarder certains aspects du dopage sportif, rappelons en plus des nombreux exemples cités que Poulidor avoua dans les années 2010 avoir pris souvent du maxiton. On peut acquérir l'ouvrage "Tous drogués"au prix de 23 euros port compris en allant sur www.une-autre-histoire.fr 

Pour tous publics Aucune illustration

Patricia

Note globale :

Par - 167 avis déposés - lectrice régulière

167 critiques
15/06/21
Top 10 des drogues utilisées au sein des armées, je trippe ou on est en train de faire la guerre ?
https://www.topito.com/top-drogues-utilisees-fins-militaires
167 critiques
15/06/21
Quand le Japon était à deux doigts du chaos à cause de la méthamphétamine
http://www.slate.fr/story/168947/japon-chaos-methamphetamine-post-seconde-guerre-mondiale-drogue-crime
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