Avis de Ernest : "L’Europe de Rome à Genève, Wittemberg et Częstochowa en passant par Bruxelles mais pas encore alors par Bucarest"
Cet ouvrage est paru en 2007 et il est réédité en 2025. S’il ne manque pas d’intérêt, certaines dimensions ont évolué et en particulier ce qui touche aux rapports entre les institutions européennes et l’islam.
Bérangère Massignon s’est donné comme objectif de chercher à analyser les rapports des religions , voire des humanismes, avec la construction européenne et de définir le modèle européen de régulation du religieux en gestation.
À l’époque c’est l’Église catholique qui pose le plus de problèmes car le Vatican entend parler comme un État. On voit aussi comment les divers papes ont soutenu la construction européenne percevant en elle un rempart contre l’athéisme du bloc des pays est-européens. Nombre d'acteurs influents de l'édifice eutopéen était de culture catholique comme le chancelier allemand Adenauer, l'Italien Alcide De Gasperi ou les Français Robert Schuman, Jean Monnet et Jacques Delors.
Dans sa conclusion, l’auteure rappelle que pour Paul-André Turcotte et Jean Rémy, dans l’article "Compromis religieux et transactions sociales dans la sphère catholique" paru dans la revue Social Compass, 44 (4), 1997, l’analyse des relations Église/société en termes de compromis présuppose que « la religion se présente comme une affaire publique et non strictement privée. Corrélativement, la religion met en scène des acteurs aux stratégies multidimensionnelles s’avérant capables de composer entre ce qui relève du croire, institutionnel ou subjectif, et ce qui est non strictement religieux ».
Dans les dernières pages de son ouvrage, Bérangère Massignon écrit qu’ « il y a une exception française dans le concert européen. L’impératif français de partition stricte public/privé, de séparation entre l’État et les Églises, le fantasme de l’unité par l’universalisme abstrait et l’impérieuse affirmation de la primauté de l’État (que seul les Français écrivent avec un É majuscule), tous ces éléments de la culture politico-religieuse française sont aujourd’hui confrontés à la globalisation tant politique que religieuse. L’État est aujourd’hui mis à mal par les nouvelles régulations supranationales et infranationales. Différents courants nationalistes hexagonaux brocardent autant la mondialisation capitaliste, l’hégémonie américaine, "l’Europe de Bruxelles" et l’Europe des régions. »
Elle évoque le fait que avec la sécularisation des sociétés européennes, « les groupements religieux à Bruxelles ne préfèrent-ils pas au terme de "lobbying", celui d’"advocacy ", pour souligner leur rôle d’avocat plaidant pour une cause, et non du magistrat rappelant les normes ? ».
Pour connaisseurs Aucune illustration