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Le jour où Luther a dit non

Le jour où Luther a dit non
Salvator214 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Luther met les pieds dans le bénitier"

On est ici dans le roman, avec de nombreux personnages secondaires (ce qui permet d'approcher l'évolution des mentalités de certains), dont l’intrigue est basée sur la rencontre du 12 au 15 octobre 1518 dans la cité impériale d’Augsbourg  (entre le Wurtemberg et la Bavière) d’un moine Luther et le cardinal  Cajétan venu de Rome. L’auteure choisit d’anticiper l’échec du dialogue entre ces deux personnages en le faisant porter au départ sur Luther et en nous donnant quelques repères sur leur formation dans ce dialogue entre Luther et Johannes von Staupitz, le  supérieur au couvent augustinien où réside Luther:

« J’ai pourtant de bonnes raisons de penser que le cardinal n’a pas le meilleur pedigree pour comprendre ce que j’ai à lui dire.

Attends de le connaître, tu pourras mieux juger. Rien n’est pire que l’ignorance.

Tout de même, dit Luther avec insistance en pointant un doigt, puis deux, puis trois, il est dominicain, thomiste et italien. Cela fait beaucoup. (…)

Et toi, tu es allemand, augustinien et anti-thomiste dans l’âme. » (page 11)

En effet au cours de l'été 1518, des poursuites judiciaires devant les tribunaux de l'Église commencèrent contre Luther pour sa critique des indulgences. En conséquence, un ordre avait été donné à Luther de se rendre à Rome. Devant le refus du moine augustinien, le duc de Saxe Frédéric III le Sage joua  les conciliateurs  et le pape avait désigné le cardinal Tomas de Vio (dénommé Cajetan) afin d’aller interroger Luther à Augsbourg.

L'audience a eu lieu dans la maison des fameux banquiers Fugger, dont le prêt à Léon X pour la construction de Saint-Pierre a été la cause de la vente accrue des indulgences. En fait s’il y a échec du dialogue c’est que Cajetan fut chargé par Rome non discuter avec Luther sur les idées théologiques de ce dernier, mais d'exiger qu'il réfute ses affirmations en disant le simple mot revoco - «Je me rétracte». Toutefois il y eût bien débat entre les deux hommes et surtout autour de la question des indulgences.  L’auteure conclut toutefois que Luther avait raison en l’annexant au catholicisme "à l’insu de son plein gré" et quasiment en pronostiquant une grande réconciliation sur l’autel d’une unité retrouvée:

«  Luther est réintégré par l’Église catholique comme son bien naturel : altérité de Dieu, autorité de la Bible, justification par la foi, respect de la conscience personnelle. Les inflexions spécifiques qui restent sont celles de courants, de spiritualités qui peuvent tous cohabiter  dans la Maison-Église. La seule divergence profonde qui demeure concerne la nature de l’Église : pour manifester la royauté que le Christ exerce en son sein, vaut-il mieux avoir un pape ou non ? (…) Étape après étape, (nombre de chrétiens) construisent une Église de fait insoucieuse de l’origine de ses membres. De sorte que ce cinq centième anniversaire de la Réforme soit – qui sait ? – le dernier, parce que demain, de schisme, il n’y aura plus. » (pages 209-210)

On apprécie beaucoup la qualité du contenu des notes explicatives ou référentielles proposées par Anne Soupa qui a été rédactrice en chef des revues Fêtes & Saisons, et a créé Biblia édités par les éditions du Cerf.

Pour connaisseurs Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

Par - 465 avis déposés - lecteur régulier

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04/05/17
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