Avis de Benjamin : "Des rois symbole d’une unité belge bien mal en point"
Si les pages de BD avoisinent la soixantaine, c’est qu’il y a globalement près d’une vingtaine de pages documentaires autour de chaque souverain et la future souveraine Élisabeth (la loi salique ayant été abolie en 1991 outre-quiévrain). Ces dernières apportent des informations diverses aidant à contextualiser le règne et sont exemptes de contenu hagiographique mais aussi d’un esprit trop critique. Le dessinateur apporte un soin constant dans sa représentation des visages des protagonistes. Une double-page sert à expliquer les filiations de Léopold Ier à Élisabeth, je me suis pas amusé à vérifier toutes les dates de naissance et de mort mais celles données pour Élisabeth (celle qui a épousé Albert Ier) m’ont intuitivement sentir comme erronées, ce qui s’est vérifié. Le scénario est dû à deux personnes afin de croiser les points de vue sur certaines réalités, notons que Jean-Philippe Thivet a passé sa jeunesse dans les Vosges et est binational depuis que la Belgique lui a accordé la nationalité belge.
Le récit démarre en 1815 avec un Congrès de Vienne qui rattache l’essentiel des anciens Pays-Bas autrichiens au royaume des Pays-Bas (la Prusse grignotant quelques communes). Libéraux et catholiques belges ne portent pas dans leur cœur Guillaume Ier qui entend favoriser le protestantisme, alors que le chômage sévit à Bruxelles. C’est en 1830 que la Belgique demande son indépendance et les Hollandais l’accepteront qu’après que leurs troupes n’aient été battus par l’armée française venue à la rescousse. Le jeune roi des Belges Léopold de Saxe-Cobourg épouse une fille de Louis-Philippe roi des Français.
Léopold II lui succède en 1865, il bâtit dans une incroyable violence (largement euphémisé dans ce récit) un empire colonial à son nom et les frasques sexuelles de ce personnage cynique et paillard nous sont globalement épargné, seule est mentionné Blanche Delacroix parmi ses maîtresses. Il fut beaucoup dans le surnom de dynastie des Sexe-Cobourg pour désigner la maison royale de Belgique, certains de ses successeurs tombant dans le même pêché.
Albert Ier est sûrement le seul monarque belge à faire l’unanimité. La BD est consacrée à la passion pour l’alpinisme de roi, passion qui lui sera fatale et les pages documentaires pour l’essentiel à son rôle durant la Première Guerre mondiale où il reste au milieu des troupes qui lui restent. Léopold III est d’abord mis en scène dans le cadre de son voyage en Égypte et la malédiction prétendue liée à l’ouverture du sarcophage de Toutânkhamon porte un certain nombre d’évènements qui s’en suivent. Son attitude durant la Seconde Guerre mondiale est largement développée, y compris dans ses ambiguïtés.
Baudoin assure un règne de 42 ans, soit de deux ans moins que la présence de Léopold II sur le trône. Il fait face à des drames dans son pays et à la décolonisation du Congo belge. La crise communautaire, qui dès 1950 prend des aspects graves est évoquée dans les pages consacrées à Albert II. Ce dernier se montre, durant son règne de 10 ans, bien affligé par les crises politiques secouant son pays, du fait de multiples antagonismes chez les parlementaires. Philippe souffre également d’une certaine déliquescence du pouvoir politique, il exprime ses regrets pour les crimes commis au Congo belge et fait face à la pandémie du covid.
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