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Paul Bert : l’inventeur de l’école laïque

Paul Bert : l’inventeur de l’école laïque
Armand Colin331 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Lion bouffait de l’explorateur et l’Yonne bouffait du curé"

Paul Bert ne fut ministre de l’Instruction publique que de novembre 1881 à février 1882 et nombre de mesures prises par Jules Ferry qui le précède et lui succède à cette responsabilité sont la concrétisation de propositions de Paul Bert. Parmi celles-ci les bataillons scolaires qui introduisent certes la gymnastique à l’école primaire, mais sous forme d’exercice paramilitaires. D’ailleurs aux pages 49-50 si on apprend un peu sur sa vie privée (il épouse une jeune Écossaise anglicane en 1865 qui meurt en 1916, dont il a trois filles dont Henriette Chailley qui épouse un député radical indépendant de Vendée) mais on fait l’impasse sur son fils illégitime Paul Berthelot qui passe en Espagne en 1904 afin d’éviter de faire son service militaire car il adhère aux idées libertaires et sera un actif propagandiste de l’espéranto.

Rémi Dalisson propose un premier chapitre où il retrace l’action de Paul Bert sous le patronage de cinq caractéristiques : scientifique, éducateur, patriote, républicain et anticlérical. Du point de vue politique il est d’idées plus avancées que Jules Ferry même si ces deux personnages se rejoignent sur l’ardente promotion de la colonisation française. Par ailleurs si son projet n’avait pas été rejeté par le Sénat les instituteurs n’auraient pas reçu un salaire de misère entre la fin du XIXe siècle et la fin du XXe siècle et les institutrices encore moins que leurs collègues masculins jusqu’à la Première guerre mondiale. Ce que ne dit pas le livre, c’est que les instituteurs deviennent fonctionnaires avec un traitement souvent inférieur à celui qu’il percevait de la part des autorités locales ; si bien qu’à titre personnel tous ceux qui sont dans ce cas reçoivent une indemnité compensatoire. Par ailleurs, vu les responsabilités futures de Paul Bert, il n’aurait pas été inutiles de préciser page 85 que parmi les personnes déplacées (le nombre est évaluée à 6 000 par Rémi Dalisson, cela me semble fort copieux pour trois mois) au moment de la Crise du 16 mai 1877 où Mac-Mahon essaie d’imposer le retour des partisans de l’Ordre moral on compte des inspecteurs primaires (j’en ai personnellement trouvé une trace pour la Corrèze) et des instituteurs (ces derniers n’étant devenus fonctionnaires d’ailleurs seulement en 1889).   

La deuxième partie plus courte propose d’étudier l’image au sens propre et figuré qui a été donnée de Paul Bert depuis son entrée en politique (il est élu député en 1872) jusqu’à nos jours. Ceci n’est pas inutile tant les dernières années du XXe siècle et les premières années du XXIe siècle, ce qu’il a peu écrire sur l’inégalité des races a été mis en avant. Cela s’est traduit en particulier par l’initiative de Patrick Balkany en tant que maire de Levallois-Perret de débaptiser une école primaire à son nom au profit du naturaliste du XVIII e siècle Georges-Louis Leclerc de Buffon, qui lui classa non les humains mais les animaux.

Il faut rendre hommage à Rémi Dalisson de rappeler que Paul Bert tenait le discours des scientifiques français de l’époque ; nous rajouterons que l’on mesurait et étudiait alors la forme des crânes pour y déceler la qualité de l’intelligence et que l’on trouvait encore des caractéristiques sur les qualités et les défauts des Bretons, Auvergnats, Provençaux et autres peuples français dans certains livres de géographie.

Au lieu de racisme, il faudrait mieux parler d’ethnocentrisme dans le discours de Paul Bert et sa vision de l’avenir des colonies, s’il ne manque pas d’angélisme, est celui d’un progressiste. Certes l’auteur se risque à des réflexions hasardeuses, se demandant par exemple si le passage comme gouverneur de l’Indochine de Paul Bert (qui dure moins d’un an) n’est pas la conséquence de l’exceptionnel taux de scolarisation dans cette colonie durant la IIIe république, par rapport aux autres possessions françaises. Nous pensons personnellement que cette scolarisation importante s’est faite en s’appuyant sur les traditions lettrées qui préexistaient avant la colonisation dans cette partie de l’Extrême-Orient. Enfin un regret, pour nous qui nous intéressons aux musées, l’impasse faite par Rémi Dalisson sur le magnifique texte de Paul Bert sur les musées cantonaux, paru dans "Voltaire" du 13 décembre 1884.  

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Benjamin

Note globale :

Par - 465 avis déposés - lecteur régulier

465 critiques
21/09/15
Paul Bert et ses manuels scolaires

http://lewebpedagogique.com/mlsyonne1/2011/05/18/paul-bert-et-ses-manuels-scolaires/
465 critiques
22/09/15
De Paul Bert "La première année d'enseignement scientifique" à feuilleter entièrement

http://manuelsanciens.blogspot.fr/2012/04/paul-bert-la-1e-annee-denseignement.html

318 critiques
21/10/15
Alexis Godillot : le roi de la godasse

https://www.contrepoints.org/2015/09/06/218212-alexis-godillot-le-roi-de-la-godasse
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