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Victorine : Une enfance à Versailles

Victorine : Une enfance à Versailles
Centre Vendéen de Recherches Historiques56 pages
1 critique de lecteur

Avis de Xirong : "En attendant les brigandeaux"

L’ouvrage "Les mémoires de la Marquise de La Rochejaquelein" sert de point d’ancrage au récit de cette BD, la narratrice est la future Marquise de La Rochejaquelein. Son père le marquis de Citran Guy Joseph de Donnissan a servi sous la Guerre de sept ans, il a été aide de camp du général Louis Charles César Le Tellier, dit le maréchal d'Estrées. Sa mère Marie-Françoise de Durfort de Civrac est aussi originaire du Sud-Ouest. Sa grand-mère la duchesse Anne Marie de la Faurie de Monbadon l’élève.

En expliquant que la mère de l’héroïne était dame de compagnie d’une fille de Louis XV, on aurait pu comprendre pourquoi elle passe toute son enfance à Versailles. Le récit est une suite de flashs avec d’un côté des actions entre fin 1789 et fin 1792 et de l’autre le récit dans les années 1770 à 1784 années de la jeunesse de l’héroïne et de son futur mari le marquis de Lescure. On ouvre le récit avec le 5 octobre 1789 où quelques milliers de femmes mécontentes de la cherté de la vie et de la disette se rendent à Versailles auprès du roi Louis XVI. Cela débouchera sur le départ de Versailles pour Paris.

La haine des monarchistes envers La Fayette, le considérant comme traître à son roi, transpire lourdement page 10 mais si on ne sait pas que les soldats et officiers du régiment de Flandre foulèrent aux pieds la cocarde tricolore et arborèrent la cocarde blanche quelques jours avant, on ne comprend pas les raisons qui font que La Fayette désire qu’il n’y ait aucun contact entre les gardes nationaux et les militaires qui leur sont hostiles. Ce tournant d'octobre 1789 est bien développé avec les yeux d’une contre-révolutionnaire :

« Ainsi disparaissait sous mes yeux le monde que j’avais toujours connu. Nous allons traverser les mois sans prendre conscience de la Révolution… ignorant que ses ombres, pétries dans la douleur et la haine, avaient déjà répandu tous les germes de la destruction, au fond des cœurs et des esprits ». (page 16)

Sans aucune note explicative, certains passages du récit sont frustrants, si le connaisseur des divers épisodes de la Révolution française pourra décrypter le sens de certains (comme l’attitude de La Fayette) par contre d’autres resteront incompréhensibles à quasiment tous les lecteurs. Fallait-il parler du fait que Louis Marie Joseph de Salgues de Lescure, père du futur mari de la narratrice, ait été empoisonné si c’est pour ne rien apporter de plus à la connaissance qu’en a la future marquise de la Rochejaquelein ? C’est le genre d’allusion que le lecteur érudit décrypte; il y voit voit la reprise de l’idée du complot qui amène la Révolution française, idée largement développée déjà entre 1789 et 1799 par plusieurs écrits.

Cette BD est fort intéressante dans la mesure où elle met en images un témoignage d’une personne qui a vécu à Versailles ou Paris des moments très particuliers rentrés dans l’histoire (outre les journées d’octobre 1789 également la prise des Tuileries). Elle apporte un point de vue, elle n’est pas franchement didactique car manquent des éclaircissements sur les affirmations de la narratrice, elle n’est pas non plus vraiment fictionnelle puisqu’elle porte le sentiment d’une contemporaine éclairée. Elle est à conseiller à des adultes ou des lycéens, vu l’importance des pré-requis nécessaires à la bonne compréhension du récit.

À la fin de ce premier tome, en gros au premier septembre la marquise arrive dans ses terres près de Bressuire, on ne peut dire que l’insurrection vendéenne venait d’y avoir lieu ; l’on sait que c’est la décision de la levée en masse votée par la Convention fin février 1793 qui met le feu au poudre.

La préface de Jean Tulard est un hommage au travail réalisé par l'auteure, elle n'a aucun caractère pédagogique. Plutôt qu’une page de chronologie comme dans le tome 1, indigeste et assez inutile pour le béotien (qu’a-t-on à faire ici de la question de la loi Le Chapelier par exemple ?), il vaudrait mieux offrir quelques développements autour des faits les plus importants (ou les plus biaisés par son parti pris) évoqués par la narratrice. Certes cela demande des compétences que n’a sûrement pas Fanny Lesaint mais qu’ont des historiens de la période. Cette dernière propose des couleurs un peu kitch qui portent bien le côté dramatique des situations et leur aspect de souvenirs, elle sait renouveler sa mise en page, rendre un décor significatif sans le surcharger et reste dans un style légèrement caricatural assez plaisant.

Les révolutionnaires traitent les insurgés de "brigands" (que certains appellent aussi "brigandeaux") et on connaît "En attendant Godot", une pièce de théâtre en deux actes, écrite en français lors de l'année 1948 par Samuel Beckett. D'où notre titre.

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

Par - 598 avis déposés - lecteur régulier

465 critiques
18/10/15
Le Prix Charette revient cette année 2015 à Fanny Lesaint pour sa BD "Victorine une enfance à Versailles".
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