Avis de Alexandre : "Les Cévennes en feu"
Patrick Cabanel a rédigé le texte consacré au protestantisme dans Nouvelle histoire de France, un ouvrage qui sort concomitamment avec Un village sous la Révocation de l’édit de Nantes. Il a commis divers ouvrages autour de l’histoire des calvinistes en France, il est d’ailleurs né à Alès, une cité où trône toujours fort Vauban, construite en 1688 au lendemain de la Révocation de l’édit de Nantes. Auparavant, au début du XVIIe siècle, Louis XIII et Richelieu avaient le siège de la ville tenue par les huguenots.
Dans cet ouvrage Un village sous la Révocation de l’édit de Nantes, Patrick Cabanel évoque le village de Saint-Germain-de-Calberte, une commune située au sud de la Lozère à vol d’oiseau 25 km au nord-ouest d’Alès. L’action se situe essentiellement à la veille et au lendemain de la Révocation de l’édit de Nantes. Presque toute la population de ce village se convertit au protestantisme au XVIIe siècle, aussi sous le règne de Louis XIV, ses habitants furent alors contraints d'héberger à leur frais des soldats, les dragons, qui pouvaient tout se permettre (sauf le droit de tuer), pour que lassés de leurs exactions, les protestants se convertissent.
Cependant un rappel historique démarre avec les conséquences de l’édit de Nantes rétablissant le culte catholique dans toutes les paroisses. Ceci oblige de rendre les églises désaffectées au culte catholique. Les capucins sont le fer de lance de la reconquête catholique sous le règne de Louis XIII. Les lieux cités concernent une large partie de la région de Cévennes, le village de Saint-Germain-de-Calberte n’étant pas coupé de son environnement huguenot. La vie quotidienne dans ce village est approchée mais ne sont pas négligées certaines autres dimensions historiques.
La marquise Marie-Félicie de Portes, dont le neveu était le duc de Saint-Simon (célèbre mémorialiste, est devenue orpheline à un an ? En effet son père a été tué en 1629 par les protestants au siège de Privas. Elle vit dans le monde mais a fait vœu de chasteté et est attirée par le jansénisme. Ce dernier pense que l’apport de la grâce pèse plus que le libre-arbitre dans la destinée des croyants, une position qui se rapproche d’ailleurs de l’idée de la prédestination développée par Calvin. La marquise se donne pour objectif de convertir les huguenots sur ses terres, sur lesquelles se trouve le village de Saint-Germain-de-Calberte.
D’autres personnages menant la recatholisation sont présents dans l’ouvrage et on ne sera pas surpris d’y trouver l’abbé du Chaila (ou Chayla) décédé dont l’assassinat le 24 juillet 1702 par les protestants marqua le début de la guerre des Cévennes (connue aussi sous le nom de Révolte des camisards). On trouve là également des pasteurs dont François Gautier de Saint-Blancard qui, émigré en Prusse, se fit l’historien de ce mouvement. Des nouveaux convertis sincères, tel Paul Pellisson (né à Béziers) fondateur de la Caisse de conversion et historiographe de Louis XIV et plus localement David de La Fabrègue, mais aussi des exilés tel Jean Deleuze de Lancizolle installé dans un village au nord de Berlin. Le fils de ce dernier est capitaine de génie dans l’armée prussienne et un de ses arrières-petits-fils Karl Wilhelm von Lancizolle est professeur de droit à l’université de Berlin dès 1823. Patrick Cabanel met fin à des confusions, comme celle (d’ailleurs reprise sur wikipédia) autour des Saillans. Celui qui se cache dans une grotte est le comte contre-révolutionnaire et il le fait en 1791 et ce n’est pas un huguenot sous le règne de Louis XIV.
Pour connaisseurs Aucune illustration