Ecrire un avis

Louis XIV : la vie du grand roi

Louis XIV : la vie du grand roi
XO éditions732 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "La gloire n’est pas une maîtresse qu’on puisse jamais négliger, ni être digne de ses premières faveurs, si l’on n’en souhaite incessamment de nouvelles"

Dans son avant-propos, Max Gallo rappelle qu’il a écrit une biographie sur Robespierre et par coquetterie il oublie de nous en donner la date, chez Perrin ce titre était paru en 1968. Que de temps parcouru et sachant que Max Gallo s’attache à ses personnages quelle évolution intellectuelle. Max Gallo pointe de lui-même ce qui est colporté par certains historiens :

« Louis XIV était pour moi un "pillard" pressurant son royaume et ses sujets, leur volant de quoi payer son armée, et surtout de quoi récompenser ses courtisans.  (…) J’ajoutais la persécution des huguenots (….). Et je n’oubliais pas les emprisonnements destinés à satisfaire le bon plaisir  du souverain plein du mépris pour ceux de la noblesse qui refusaient d’aller s’agenouiller à Versailles devant lui (…) Et naturellement, on racontait les débordements de la vie nocturne. » (pages 7-8)

Il est maintenant dans le camp de  ceux qui pensent qu’il :

« se soucie de son peuple. (…) Ces gens (qui) mesurent combien le Roi-Soleil était attentif à la vie de son royaume. Et s’il a fait la guerre, c’est qu’il a voulu défendre la "justice et l’honneur du peuple français". Il eut jusqu’à la mort, le dimanche 1er septembre 1715, le courage d’avoir accepté cette mission, persuadé qu’il l’avait reçue de Dieu. Et pour Louis XIV, il n’y avait rien de plus grand pour la France. » (pages 8-9)

La couleur est annoncée et le lecteur un peu au fait de la chose louis-quatorzième attend avec gourmandise de voir comment Max Gallo va présenter par exemple le Sac du Palatinat et les démêlés du Roi très chrétien avec ses maîtresses nombreuses et parfois cumulées sur la même période. On aurait aimé une table des matières, même si à l’intérieur de chaque partie, les chapitres ont des numéros et pas de titre. Après l’avant-propos, en fait c’est comme si l’on avait un ouvrage en deux tomes réunit en un seul volume, le premier a pour nom  "Le Roi-Soleil".

Un prologue est suivi des pages 27 à 84 par une première partie intitulée "1638-1652", la seconde partie évoque les années 1652 à 1661 et se clôt à la page 164, lui succède la période consacrée à 1661-1666 qui démarre page 165, la quatrième partie court des pages 255 à 354 et traite de l’époque allant de 1666 à 1678, la cinquième partie se termine en 1682 à la page 398.

"L’Hiver du grand roi" constitue un second tome qui démarre page 399, se succèdent des parties respectivement baptisées "1683-1686" (jusqu’à la page 448), "1687-1693"(jusqu’à la page 448),       "1694-1700" (jusqu’à la page 546), "1700-1704" (jusqu’à la page 598), "1705-0710"(jusqu’à la page 666), "1711-1714" (jusqu’à la page 708), "1714-1715" (jusqu’à la page 728).

Cette biographie du Roi Soleil a une coloration de roman historique, la chose est d’ailleurs assez habituelle avec Max Gallo ; les dialogues rendent le texte très vivant mais il faut bien voir qu’ils sont souvent le fruit de l’imagination de l’auteur. On est tellement dans la volonté de justifier les actes de Louis XIV  que  les décisions politiques que ce dernier prend que l’on a du mal à saisir parfois les contours de la question, car on ne nous offre que la vision de la question par le Roi-Soleil. Ses gestes sont empreints d’une tonalité lyrique qui relance l’enthousiasme ou finit sinon par exaspérer au moins par fatiguer, d’autant que l’adversaire du monarque est habilement dénigré par l'auteur :

« Il renvoie avec mépris ces échevins qui viennent piteusement lui remettre les clés d’Arnheim, de Nimègue et d’Utrecht. (…) C’est le Roi Très Chrétien qui triomphe d’un pays hérétique, mécréant jusque dans son principe politique. Le roi de France venge tous les rois. » (page 291)

Par ailleurs comme on n’a jamais de notes de bas de page et que certaines affirmations relèvent d’un flou artistique, on en vient à douter beaucoup de la réalité de ces dernières comme page 289, au sujet de Louis XIV et de la Guerre de Hollande:

« Lorsqu’il apprend que Charles II, l’allié anglais, a fait attaquer par sa flotte des vaisseaux marchands hollandais, chargés de produits d’Orient, il est irrité d’avoir laissé ainsi le roi d’Angleterre prendre l’initiative. Cette guerre est sienne. »

On est donc face à un ouvrage dont les qualités littéraires l’emportent très largement sur la valeur historique. La grandeur d’un pays, que le Roi Soleil laisse en fait dans un état financier déplorable et avec des frontières en recul sur ce qu’elles étaient près de vingt ans avant, est portée au crédit de la recherche de gloire de Louis XIV (d’où une citation de ce dernier sur le sujet pour notre titre). Il est à noter que chez le même éditeur est paru du même auteur, dans un grand format, un magnifique ouvrage du point de vue de ses illustrations (au nombre de 300).

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

Connectez-vous pour laisser un commentaire
Vous aussi, participez en commentant vos lectures historiques facilement et gratuitement !

Livres liés

> Suggestions de lectures sur le même thème :
> Du même auteur :
> Autres ouvrages dans la même catégorie :