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Chine France- Europe Asie : Itinéraires de concepts

Chine France- Europe Asie : Itinéraires de concepts
Rue d’Ulm. 681 pages
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Avis de Xirong : "Un petit détour vers d’autres idées bien originales par rapport à sa propre culture"

Il s’agit des actes du colloque Jalons pour une histoire culturelle multilatérale 多边文化史的路标 qui s’est tenu en décembre 2015 et janvier 2017 respectivement à l'université Fudan (fondée en 1905, elle est située à Shanghai) et à l’École normale supérieure. Il y a, depuis plusieurs siècles, des réappropriations d’éléments culturels européens en Chine et d’effort de compréhension de la pensée chinoise en Occident, ce qui implique certaines adaptations.

Les communications sont très diverses pour 2015: Sophie BASCH pour Pierre Loti et Roland Barthes face à l’Extrême-Orient  : histoire d’un malentendu, CHU Xiaoquan pour Sur l’aile légère des concepts voyageurs, Anca DAN pour Qu’est-ce qu’une carte  ? Remarques sur les plus anciennes représentations des espaces, d’Orient et d’Occident, Georges DEPEYROT pour Shanghai, la Chine et le reste du monde  : le rôle des contacts maritimes (fin XIXe - début XXe siècle), Marie DOLLÉ pour La référence chinoise dans Stèles de Victor Segalen, Michel Espagne pour Histoire des concepts et transferts culturels, HUANG Bei pour Des idéogrammes chinois aux « idéogrammes occidentaux » : la création poétique du signe chez Paul Claudel, Claude IMBERT pour La traduction philosophique réouvre tous les problèmes que doit affronter une philosophie contemporaine, Servanne JOLLIVET pour L’Orient philosophique. Réflexion sur les déplacements du concept d’Orient dans l’imaginaire européen, LIU Zhirong pour La lecture clandestine de Baudelaire pendant la révolution culturelle - le cas de Duo Duo, QU Weiguo pour Why are we sometimes uncomfortable with alien terms ? Problematizing the concept of cultured reading, Pascale RABAULT-FEUERHAHN pour La langue comme objet de transfert culturel : ou comment les études orientales affectent les langues qu’elles étudient, et vice-versa, Ivan RUVIDITCH pour La poésie chinoise en Occident ou l’art de la sur-interprétation, SUN Peidong pour La lecture personnelle des « jeunes instruits » de Pékin et de Shanghai pendant la révolution culturelle, Benoit VERMANDER pour Comparer les Classiques : la nature dialogique de la sinologie, WANG Hongtu pour D’une connaissance des passions humaines à une connaissance réflexive de la société : déplacement et variations de l’œuvre de Balzac dans le contexte chinois, XIE Jing pour Donner du sens : “symbole”, “structure” et “tournant linguistique” dans la philosophie sociale en France, XU Yinjing pour What if Wittgenstein could read Nishida Kitaro’s philosophy ?, ZHANG Ke pour La formation du concept d’« humanisme confucéen », YANG Zhen pour D’un poète individualiste à un poète représentatif : François Villon dans la Chine moderne (1917-1937), LI Tiangang pour L’origine, les éditions et l’influence du Traité sur quelques points de la Religion des Chinois de Niccolo Longobardi.

Elles sont aussi très variées pour 2018 : Li Hongtu pour Une lecture erronée de De la liberté de J.S. Mill en version chinoise – Analyse du cas de la traduction de Ma Junwu, Mathias Girel pour La circulation des concepts pragmatistes entre Europe et États-Unis, Ji Zhe pour Les interprétations de la laïcité française par les lettrés chinois au début du XXe siècle, Jean-Claude Monod pour Les impulsions allemandes de la phénoménologie française : malentendus, révisions et contre-transferts, Wang Xinsheng pour Îsâ et Jésus : dimensions du dialogue dans l’exégèse intertextuelle, Benoît Vermander pour Rhétorique biblique, rhétorique chinoise – La possibilité d’une « rhétorique comparée », Fu Jie pour Possibilités et limites d’une nouvelle compréhension des classiques, Xiao Yingying pour Courant de langage de Gao Xingjian – Comment la subjectivité fluide émerge dans le langage, Julie Gary pour « La musique est sans joie ni tristesse » – L’esthétique apathique de Ji ang : signification et implications, Zhang Zhi pour La conception du droit de propriété au XVIIIème siècle – La France et la Chine, Béatrice Joyeux-Prunel pour De l’exil au musée d’art moderne : circulation internationale des œuvres d’avant-garde et fabrication du canon moderniste (1850-1960), Léa Saint-Raymond pour La création sémantique de la valeur – Le cas des ventes aux enchères d’objets chinois à Paris (1858-1939), Chen Jie pour L’évolution des rapports entre les lettres et le pouvoir sous Richelieu, Zhang Ke pour « Progrès » ou « anéantissement » – Deux représentations de l’Inde dans la Chine de la fin des Qing, Laetitia Zecchini pour Penser le modernisme à partir de l’Inde – Traduction et braconnage, recyclage et renouvellement,  Xie Jing pour Le « Mana » et la traduction des concepts pratiques, Wang Jing pour Les réinventions d’une tradition festive instituée dans la migration : le Nouvel An « chinois » à l’heure du village global, Yu Zhejun avec Pour une rationalité de la coexistence, Catherine Jami pour Les termes mathématiques traduits en chinois au XVIIe siècle (1607-1723), Wu Huiyi pour La trajectoire paradoxale des écrits jésuites sur la philosophie naturelle chinoise (XVIIe-XVIIIe siècles), Mandana Covindassamy pour Circulations de « mimesis », Zhang Nan pour La « marche solennelle » – Modernisme, constitution sociale et esthétique du cosmopolitisme.

Les textes, pour cette publication, ont été regroupés en diverses parties : "Histoire et déplacements sémantique", "Se représenter l’espace",  "Classiques, missions et traductions", "Translations philosophiques et anthropologiques", "Transfer esthétique". De toutes ses interventions, on retiendra que l’acculturation de la Chine aux idées occidentales ne se fit pas sans transition parfois par le Japon et sans reformulation créatrice allant parfois jusqu’à biaiser le contenu. C’est le cas avec la version chinoise de De la liberté par J.S. Mill où l’auteur chinois fait passer son idéal républicain et avance qu’un système autocratique ne peut que restreindre les libertés individuelles. Un peu au hasard, on notera que 社会 sont les idéogrammes choisis par les Japonais pour évoquer la société d’un état moderne ; ces caractères sont repris par Sun-Yatsen dès 1905. La séparation de l’Église et de l’État en France est un puissant levier pour poser la question de l’influence du confucianisme et des religions dans la société chinoise.  

De la communication  "Shanghai, la Chine et le reste du monde. Rôle des contacts maritimes (fin XIXe-début XXe)", on retiendra ce dernier paragraphe : « L’étude des navires à quai dans le port de Shanghai permet de mieux comprendre les relations entre les principaux pays développés et l’Asie. Les métaux précieux, utilisables pour les frappes monétaires, suivirent les autres denrées exportées depuis longtemps. C’est le manque de numéraire qui a poussé les pays exportateurs, importateurs et les pays asiatiques à importer du métal, puis des monnaies, puis à frapper sur place grâce aux machines achetées en Europe. Marchandises, numéraire, machines, tous ces éléments se lient dans l’étude des transferts des hommes, des idées et des savoir-faire. » Le texte qui tente de dégager en quoi le confucianisme est ou n’est pas un humanisme ne manque pas d’intérêt, surtout dans la période où le gouvernement chinois entend donner certains préceptes confucéens comme modèle pour la régulation de la société.

 

Réservé aux spécialistes Peu d'illustrations

Xirong

Note globale :

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