Avis de Benjamin : "Quel projet éducatif dans les enseignements autour de la sexualité ?"
Anne-Cécile Bégot et Philippe Portier dirigent cet ouvrage sous-titré Religions, laïcités, sexualités, en donnent une introduction et proposent une première contribution intitulée "La résistible reconnaissance de l’éducation sexuelle : Retour sur le débat du premier XXe siècle" puis une seconde "De l’éducation sexuelle à la sexualité : vers une reconnaissance de l’autonomie morale ?".
Dix contributeurs viennent nourrir ensuite l’âme de ce livre. Dans l’introduction, l’enseignement de la sexualité est placé dans l’ordre de deux paradigmes, le premier est celui de l’individualisation préparant un sujet autonome et le second est celui de la rationalisation qui repose sur la sécularisation de la société. Cette dernière est progressive et la Séparation de l’Église et de l’État n’est pas une fin du processus mais une des étapes de cette marche. Marche qui se prolonge avec des nouvelles lois, en rapport souvent justement avec la sexualité, qui déconstruisent une bonne part de l’héritage intellectuel catholique. Ce succèdent alors les mesures touchant la contraception, l’avortement, les lois bioéthiques, la procréation médicale assistée, la reconnaissance progressive des couples homosexuels et dans un futur proche l’aide à mourir. Par ailleurs l’éducation sexuelle entre dans les programmes de l’Éducation nationale dans le dernier quart du XXe siècle (la circulaire Fontanet date de 1973).
La première partie de ce livre traite de la progressive mise en place de l’éducation sexuelle en France (dans et en dehors de l’institution scolaire), celle-ci démarre avec la lutte contre les maladies vénériennes. Se posent les questions du contenu des enseignements et de l’articulation entre les discours de l’école et de la famille. La situation est également décrite pour le Mexique. On relève d’autre part un texte, rappelant aux historiens certaines actions de l’Église de France à la Belle Époque. Il est signé par Mégane Erbani et intitulé "Participer aux journées de retrait de l’école : Des arguments religieux aux enjeux politiques".
Le second volet de cet ouvrage se centre sur les approches actuelles de l’éducation sexuelle à l’école. On voir le cas de la France, de la Suisse et du Maroc ; il est intéressant de pointer les différences de philosophie qui apparaissent entre ces trois pays. Un article s’attache à analyser les discours de revues confessionnelles ou laïques autour de l’apparition du cinéma érotico-pornographique dans les années 1970.
On découvre qu’il y a non seulement différentes façons de concevoir l’éducation sexuelle selon les enjeux et que des conflits apparaissent dans la mise en place de cette matière. Il est par ailleurs notable que l’Église s’est d’abord opposé à cet enseignement, puis celui-ci s’imposant cette dernière essaie de l’orienter vers ses propres valeurs actuelles. On est donc face à « un univers bien plus éducationniste qu’instructionniste » (page 12). On pourra se reporter au contenu de l'ouvrage L'éducation sexuelle à l'école de Sophie Audugé.
Dans la conclusion, rédigée par Florence Rochefort, on évoque notamment les mobilisations de certains catholiques contre certaines manifestations culturelles et parties du programme officiel.
Pour connaisseurs Aucune illustration